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du 1 au 4 octobre 2015 (semaine 40)
 


- 4 octobre
2015 - France
LA SITUATION DE LA COMMUNAUTÉ JUIVE

Le grand rabbin de France Haïm Korsia revient sur la situation de la communauté juive en France et ses relations avec la société et le christianisme, dans nos situations actuelles.

" Nous ne pouvons pas nous remémorer la tragédie de la Shoah et le silence qui l’a accompagné et rester silencieux face à d’autres drames dans le monde!

En recevant la loi sur le mont Sinaï, le peuple juif a dit : « On accomplit et on va comprendre. » Pour les réfugiés, on accueille d’abord, on discute ensuite. C’est dans cet ordre que cela doit se passer. Ensuite, il faut effectivement voir où il y a de la place. Certains, au sein de la communauté nationale, ont peur, comme dans la communauté juive. Je n’ai d’ailleurs pas été très populaire en disant qu’il fallait accueillir les réfugiés, mais je persiste: leur insoutenable situation nous oblige.

" Pour moi, ni l’humanité ni la judéité ne sont sécables. On est soit un fidèle, soit un fidèle potentiel, et c’est à nous de faire en sorte qu’il ait une place.

Les 23 et 24 octobre, nous participons ainsi au « shabbat mondial », sur une initiative sud-africaine : chaque pratiquant est appelé à inviter à la synagogue quelqu’un qui ne pratique pas d’habitude.

Autour des synagogues, il y a aussi des centres communautaires avec de multiples manières de s’engager, par exemple pour les valeurs que défend le judaïsme. Le soutien de nombreux juifs en faveur des chrétiens d’Orient est aussi une façon de participer à la vie de la société. La communauté juive est tout sauf un système fermé.

Concrètement, par exemple, pour les réfugiés, chaque association juive travaille avec ses partenaires traditionnels. Ainsi les Éclaireurs israélites avec tous les scouts. L’Œuvre de secours aux enfants a mis à disposition 50 places pour des enfants isolés. L’association des avocats juifs de France offre une assistance juridique, nos services psychologiques sont mobilisés.

Nous faisons partie des interlocuteurs de l’État. Les groupes d’échange entre l’État et les cultes fonctionnent bien. Nous sommes traités en équité et avec ce que nous sommes, c’est-à-dire une part du magistère de la parole. Et nous sommes dans une vraie harmonie.

Pour les relations judéo-chrétiennes, elles se sont dévelopées depuis cinquante ans après la déclaration "Nostra aetate" .

On est passé de l’enseignement du mépris à celui de l’estime. Il faut passer maintenant à la coresponsabilité, affronter ensemble les défis du monde. Nous aurons ensemble, catholiques et juifs, un important colloque le 24 novembre à Tours sur le thème de la fraternité. Le principe même de la proximité avec le christianisme est justement d’être capable de porter un regard fraternel.

L’épiscopat français a été le moteur du rapprochement avec le judaïsme : l’Église s’est posé des questions, des prêtres et des religieuses se sont mobilisés. Avec les évêques, il y a une histoire partagée et un questionnement commun sur ce qu’est la société et, si ce n’est des réponses communes – ce qui serait dangereux –, des réponses convergentes, qui se conjuguent et produisent encore plus de sens.

" Vous avez rencontré le pape François, quelle a été votre impression, demande-t-on à Haim Korsia. Et sa réponse :" Il a la grandeur et la sincérité de la simplicité. Une vraie profondeur.

" Il a besoin de mieux connaître notre système français. Il n’est ni italien, ni polonais, ni allemand, des pays qui ont eu une longue histoire avec la France : pour un Argentin, la France, c’est loin. Il faut lui expliquer ce qu’est la laïcité, que nous ne sommes pas athées, mais dans la neutralité de l’État et la liberté de pratique religieuse.

En France surtout, nous avons eu longtemps une posture d’attente. C’est valable pour tous les cultes : aujourd’hui, prêtres, imams, rabbins sont formés à rencontrer les personnes là où elles sont et à non plus à rester sur un quant-à-soi qui oblige l’autre à faire le premier pas. Mais je ne crois pas qu’on puisse affirmer que les églises ou les synagogues se vident.

Le 11 janvier nous a rappelé qu’il était possible de retrouver cet élan de fraternité, que ce n’est pas juste un mot inscrit sur les frontons des mairies et des écoles. Collectivement, on avait besoin de voir la France unie. Non pas uniforme, mais rassemblée dans sa diversité et ses différences. (source
: AFP)

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