Pour vivre au rythme de l'Eglise universelle.
FlashPress - Infocatho
du 14 au 17 octobre 2015 (semaine 42)
 


- 17 octobre
2015 -Chine
UN PIONNIER DE L'AMITIÉ FRANCO-CHINOISE VIENT DE NOUS QUITTER

Le P. Jean de Miribel vivait depuis plus de quarante ans à Xi’an, capitale du Shaanxi où il s'est éteint, le 10 octobre à l’âge de 96 ans. Prêtre, il est l'un des étrangers à avoir résidé le plus longtemps de manière continue en Chine populaire.

Parti en Chine en 1972 avec une lettre de mission du cardinal Marty, alors que ce dernier était archevêque de Paris, le P. de Miribel, jésuite, s’était fixé à Xi’an où il enseignait le français à l’Institut des langues étrangères de Xi’an, devenu depuis l’Université des études internationales de Xi’an. Professeur dans la Chine d’avant les réformes de Deng Xiaoping, il avait, à sa façon, ouvert la voie à bien d’autres enseignants étrangers qui, à partir des années 1980, contribuèrent à la formation des étudiants chinois.

Profondément épris de la culture chinoise, il était l’auteur de plusieurs ouvrages, dont "La Sagesse chinoise, une autre culture", coécrit avec le sinologue Léon Vandermeersch. Il avait beaucoup œuvré en faveur du développement de la coopération franco-chinoise dans le domaine de la recherche et de l’enseignement, puis, une fois à la retraite, il était resté vivre à Xi’an, visité par ses nombreux étudiants et anciens étudiants.

Signe de son enracinement en terre chinoise, une stèle à son nom et à son effigie vient d’être érigée dans les jardins de l’Université des études internationales de Xi’an. Un hommage exceptionnel en Chine, les stèles dédiées à des étrangers y étant rarissimes. A notre connaissance, le seul autre prêtre catholique à connaître pareil hommage est le missionnaire jésuite Matteo Ricci (1552-1610) dont la tombe et la stèle se trouvent dans le jardin de ce qui est aujourd’hui l’Ecole des cadres du Parti communiste chinois, à Pékin.

C’était un homme à la volonté de fer et à la foi lumineuse. Il avait réussi à se faire embaucher comme professeur de français vers la fin de la Révolution culturelle (1966-1976). Ce fut un des premiers prêtres étrangers à réussir à se faire admettre en Chine, depuis la prise de pouvoir de Mao Zedong, en 1949.

Révolution culturelle oblige : les cours de langue ne se faisaient pas dans une salle de classe de l’université mais sur des chantiers. Jean a enseigné le français en bâtissant un mur. Les étudiants répétaient ce que disait le professeur : « Je prends du ciment avec ma truelle, etc. » Il a ainsi vécu ses premières années en Chine, bercé par la propagande officielle, au milieu d’étudiants qui revenaient de longs stages de rééducation à la campagne, dans le désordre général qui régnait à l’époque.

Il a bénéficié de la complicité d’anciens étudiants montés dans la hiérarchie du Parti communiste. Plusieurs fois renvoyé, ou soupçonné d’être un espion américain, il avait fait ses bagages mais, chaque fois, il avait été sauvé, au dernier moment, par un « bienfaiteur » inattendu. Il attribuait ces interventions à la Divine Providence. C’est, à ma connaissance, le seul cas d’un enseignant étranger à qui le gouvernement chinois a permis de prendre sa retraite sur place et d’y finir ses jours. Il avait même obtenu, des années avant sa mort, un visa permanent de résidence en Chine. Là encore, un cas unique !

Le P. Jeande Miribel ne voulait pas qu’on connaisse son identité de prêtre, mais beaucoup la connaissait. Il considérait que le prosélytisme avait déjà fait suffisamment de dégâts dans la Chine d’avant Mao Zedong et il pensait qu’il ne fallait pas dénaturer davantage le message évangélique.

Seul comptait, à ses yeux, le témoignage de vie chrétienne. Et, effectivement, la sienne était lumineuse. Il évitait de parler de façon négative des hauts dirigeants chinois qui l’avaient malmené et humilié, mais il faisait l’éloge du petit peuple de Chine qui, dans la tourmente de la Révolution communiste et de la persécution tous azimuts qui a suivi, restait attaché aux valeurs traditionnelles chinoises : la générosité, l’entraide, la famille, le souci des pauvres, l’amour de la patrie, etc. (source :
Mepasie)

Retour aux dépêches
retour à la page d'accueil