- 21 octobre 2015 - Synode
VERS UNE CATHOLICITÉ PLUS AUTHENTIQUE
Historique, ce discours du pape l’est certainement. Indépendamment des prochaines conclusions, et décisions éventuelles, qui seront prises à la suite du synode actuel sur la famille, l’on peut dire que ce synode est d’ores et déjà un succès.
Grande est la portée de cette intervention du pape François, même s’il n’a pas évoqué directement le thème de la famille qui occupent les travaux des Pères synodaux. Le discours du Pape n’en influencera pas moins les résultats car, en se positionnant sur le caractère essentiellement synodal de l’Eglise et de son fonctionnement, le Pape indique que toute question abordée par l’Eglise, que ce soit au niveau universel ou local, se doit de suivre une logique synodale.
Ce n'est pas un discours révolutionnaire, certainement pas. Le penser, est une mécompréhension de ce que sont la primauté et la collégialité, et la synodalité, dans l’Eglise catholique.
Au Concile Vatican I, en 1870 et 1871, les évêques et le pape adoptèrent le dogme de l’infaillibilité pontificale, et réaffirmèrent sa primauté à l’égard des autres évêques. Pour des raisons politiques et militaires extérieures au concile, celui-ci fut interrompu avant que les Pères conciliaires purent aborder le thème de la collégialité en union avec le pape.
Vatican I s’acheva ainsi sur un déséquilibre, qui aboutit à une centralisation maximale de l’autorité dans l’Eglise: le pape apparaissait comme le seul détenteur de l’autorité, les évêques n’étant pour ainsi que ses « lieutenants », tenus, et autorisés seulement, à appliquer les décisions du pape, en matière doctrinale, pastorale ou disciplinaire. Bref la primauté du pape tendait à prendre un caractère absolu
Le concile Vatican II rééquilibra ce qui peut être considéré comme une dérive certaine, en parachevant les travaux de Vatican I sur l’autorité et la collégialité dans l’Eglise tour à tour affaiblie ou exagéreé au cours de l’histoire de l’Eglise.
Vatican II, en gros, affirma que l’autorité doctrinale, dans l’Eglise, s’exerce par les évêques en union avec le pape, l’évêque de Rome, qui est primus inter pares, le « premier parmi ses semblables ». Autrement dit : pas de décision touchant à la foi de l’Eglise, ou à sa vie de foi, prise par les évêques, ou des évêques, sans la confirmation du Pape, mais pas, non plus, de décision du Pape prise indépendamment du collège épiscopal universel.
Même en cas d’exercice de l’infaillibilité pontificale, celle-ci ne peut être comprise comme indépendante de l’autorité des autres évêques. Ce principe de collégiaité permet l’unité dans la diversité, la diversité dans l’unité – celle-ci étant en quelque sorte garantie par la mission du pape dans l’Eglise
Les bouleversements de la culture moderne et certaines dérives du monde moderne, firent limiter, sous les pontificats de Jean-Paul II et de Benoît XVI, limiter la collégialité, et partant la synodalité
Depuis l’avènement du pape François, un nouveau « rééquilibrage » est en cours, qui est apparu, de manière particulièrement claire, lors du synode de la famille en 2014 et, plus encore, dans le processus de réflexion et de consultation qui s’en est suivi et précéda le synode de 2015.
Le
discours du pape François, prononcé samedi 17 octobre, marque sans doute un nouveau tournant dans ce processus. Non seulement la collégialité est réaffirmée par le Pape, mais celui-ci veut en prendre toute la mesure, qui doit aboutir, nécessairement, à une réflexion fondamentale sur la façon dont le primauté pontificale doit être comprise en rapport à cette collégialité.
Mais, sans être révolutionnaire, l’affirmation de la synodalité de toute l’Eglise va plus loin: elle prend en compte la participation de tous les fidèles aux processus de décision dans l’Eglise. Cette participation n’entraîne pas, de soi, un affaiblissement du rôle et de la mission des évêques et du Pape dans l’Eglise, même si la prise en compte de cet « élément » amènera sans doute d’âpres débats sur la place à lui donner dans la vie de l’Eglise.
Un nouveau rééquilibrage en sera sans doute la conséquence. Rappelons-nous que, depuis sa naissance, l’Eglise est dans un processus continuel de recherche d’équilibre, entre différents aspects de sa foi, de sa vie, de sa discipline, qui peuvent sembler se contredire. Absolutiser certains aspects, au détriment d’autres, est le propre de l’hérésie. La prise en compte des tensions fécondes, dans l’unité et la diversité, est le propre de la catholicité. (source : Radio-Vatican)
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