- 8 novembre 2015 -
LA GUERRE AU MOYEN-ORIENT ET LA FRACTURE COMMUNAUTAIRE
Au Moyen-Orient, la guerre et l’omniprésence du facteur religieux creusent un fossé on ne peut plus profond entre les communautés et en particulier entre chrétiens et musulmans, estime le P. Pizzaballa, gardien des Lieux Saints.
C’est un problème dans le problème car « tôt ou tard, la guerre finira et nous autres, chrétiens, resterons au Moyen-Orient parce que nous n’avons aucune intention de nous en aller. Mais, dit-il, il sera très difficile de reconstituer les rapports car la confiance réciproque a disparu ».
Les tensions et les difficultés n’ont jamais manqué, mais il existait « un contexte de relations ».Or la guerre en Syrie est devenue une ligne de démarcation tragique. Le Père Pizzaballa est au Moyen-Orient depuis 25 ans mais jusqu’ici, il n’avait jamais entendu des chrétiens dire du mal des musulmans.
« À la rigueur ils le pensaient mais au grand jamais ils ne se seraient exprimés d’une manière aussi explicite. Maintenant, ils le font. C’est compréhensible mais cela rendra la cohabitation très difficile même au cas où la guerre se terminerait ».
L’intervention russe semble avoir crée plus d’illusions que de solutions. « Nombreux sont ceux qui estiment que la Russie est en train de changer le cours de la guerre. Je n’en serais pas si sûr. Comme tous, la Russie agit dans ses intérêts qui consistent à libérer la zone côtière où se trouve sa base navale et où l’EIIL n’est pas présent. Les russes combattent surtout Jabhat Al-Nosra et Jaysh al-Fath, les seuls groupes à inquiéter vraiment Assad.
Les mutations du Moyen-Orient ne seront pas sans avoir de fortes répercussions sur l’Europe. Le phénomène des migrants et des réfugiés « est un phénomène irrépressible et il nous faut en prendre acte. Il faut toutefois le gouverner et pour ce faire, nous ne pouvons pas répondre en disant qu’il faut les refouler tous à la mer ni agiter le drapeau de la paix et refuser de voir les problèmes.
L’accueil est un devoir mais il faut penser à des parcours d’intégration qui tiennent compte de l’histoire et de la culture des pays dont arrivent les migrants ». Pour s’expliquer, le Père Pizzaballa s’aide encore d’une anecdote. « Je viens d’une petite ville de 5 000 habitants, du nord de l’Italie, dont la vie religieuse et civile a toujours tourné autour de la paroisse. Maintenant, elle compte quelque 1 000 musulmans qui ont demandé de construire une mosquée à côté de l’église, suscitant des craintes et des frictions. Il est juste qu’ils aient un lieu de prière mais il faudrait la construire à une certaine distance de l’église pour éviter des tensions inutiles ». (source : cath.ch)
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