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du 7 au 9 décembre 2015 (semaine 50)
 


- 9 décembre
2015 - Syrie
ILS NE VEULENT PLUS REVENIR EN SYRIE

"Nous ne voulons plus rentrer en Syrie... Nous sommes persécutés parce que nous sommes chrétiens. Nous avons tout perdu. Nous voulons partir pour l'Europe, où nous serons respectés".

"Ils m'ont battu et torturé, brûlé avec des cigarettes pour que je me convertisse à l'islam, me traitant de 'kâfir' (mécréant)", témoigne l'un de ces chrétiens réfugié au Libanux, traumatisé à l'idée que ces djihadistes puissent le retrouver.

Il a obstinément refusé cette "offre" de conversion à l'islam, et n'a été libéré qu'après avoir payé une rançon de 20.000 dollars.

Les djihadistes ont massacré des familles entières: "Al-Nosra a attaqué les villages chrétiens, tuant seulement les gens qui étaient dans l'armée et les chrétiens; une femme a été égorgée pendant qu'on lui mettait une croix dans la bouche...".
"Sans l'aide de l'archevêché, je ne sais pas ce que nous serions devenus."

Grâce notamment au soutien financier de l'œuvre d'entraide catholique "Aide à l'Eglise en Détresse" (AED), Mgr Jean Issam Darwish, archevêque grec-catholique melkite de Zahlé et de la Bekaa, vient en aide à quelque 3.000 chrétiens syriens qui ont trouvé refuge dans cette ville chrétienne libanaise de plus de 60.000 habitants où ils logentau milieu de la population, dans des appartements exigus, des garages ou autres abris de fortune.

Dans une autre rue à flanc de coteau, dans un appartement plus confortable, mis à disposition par des habitants de la ville, vivent plusieurs familles, des parents du Père François Mourad assassiné par les terroristes islamistes le 23 juin 2013 dans le couvent franciscain Saint-Antoine de Padoue, à Gassanieh, près de Homs.

" Quand ils ont attaqué le couvent, ils ont tué le Père François de 14 balles, personne n'a pu lui venir en aide... Ils l'avaient menacé depuis plusieurs mois parce qu'il refusait de se convertir à l'islam", témoigne Gilberte, une étudiante de 18 ans a perdu tous ses diplômes quand son école, à Alep, a été détruite dans les combats. Ses certificats d'étude brûlés, elle ne peut pas s'inscrire à l'Université. A ses côtés, son frère Joseph, âgé de 22 ans, gagne quelques sous comme coiffeur. Avant sa fuite, il possédait sa propre boutique à Alep.

" Nous étions protégés par l'armée syrienne à Alep, mais nous étions coincés d'un côté par le Front al-Nosra et de l'autre par Daech, l'Etat islamique. On ne pouvait plus rester".

Gilberte et Joseph cherchent à obtenir un visa pour l'Australie, car ils ne voient pas leur avenir dans une Syrie dévastée, qui s'est divisée sur des bases politico-confessionnelles.

Mgr Issam Darwish encourage les chrétiens à ne pas émigrer. "Nous encourageons les chrétiens à rester ici, avant de pouvoir retourner en Syrie. Déjà une cinquantaine de familles ont émigré. Ici, tous ont envie de partir, mais nous essayons de les retenir, car il ne faut pas vider le Moyen-Orient de ses chrétiens", déclare Mgr Issam Darwish.

Grâce aux soutiens qu'il reçoit, l'archevêque de Zahlé veut construire des logements pour les réfugiés, mais il admet que le gouvernement libanais ne permet pas facilement aux Syriens de s'établir dans le pays. "Les tensions sont perceptibles dans la population, car beaucoup de Libanais aussi vivent dans la pauvreté.

Malgré sa volonté de lutter contre l'exode des chrétiens, qu'il partage avec les autres chefs d'Eglise de Zahlé - ils se réunissent une fois par semaine pour coordonner leurs actions - l'archevêque se rend bien compte que les réfugiés sont fatigués de la situation. "Ils demandent beaucoup, ont des doutes, et pourtant les Eglises font de leur mieux pour servir les gens, mais il y a tellement de besoins!"

Comme les autres leaders chrétiens rencontrés par la délégation commune de la Conférence des évêques suisses (CES) et de la Fédération des Eglises protestantes de Suisse (FEPS) qui s’est rendue au Liban du 23 au 27 novembre 2015, Mgr Issam Darwish ne souhaite pas la chute brutale du gouvernement de Bachar al-Assad.

"La Syrie n'est certes pas un Etat démocratique, mais c'est néanmoins un Etat laïc. La démocratie n'est de toute façon pas dans la mentalité musulmane, ce n'est pas dans le Coran... Les Américains, qui veulent imposer la démocratie aux Syriens, n'ont rien compris!

Pour le Liban la situation devient difficle car plus de 1,5 million de Syriens (près du tiers de la population libanaise) ont trouvé refuge au Liban, dont seulement 1,2 million sont enregistrés auprès du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR).

Il faut y ajouter plus de 50.000 Palestiniens et presque autant de Libanais vivant en Syrie, qui sont retournés au Liban en raison de la guerre dans ce pays.

C'est sans compter encore les quelque 400.000 Palestiniens, descendants de ceux qui ont fui ou ont été chassés de Palestine lors de la création de l'Etat d'Israël en 1948, et qui n'ont pas la nationalité libanaise.

Une situation inextricable et douloureuse qui explique le pourquoi de l'intention de beaucoup des migrants : " Nous avons tout perdu. Nous voulons partir pour l'Europe, où nous serons respectés". (source :
Chrétiens orientaux)


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