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du 20 au 26 décembre 2015 (semaine 51)
 


- 26 décembre
2015 -Philippines
LA CRÉATION D'UNE RÉGION SEMI-MUSULMANE REPOUSSÉE

Au sein du principal pays catholique d’Asie, le retard accumulé pour l’adoption de la loi pour la création d’une région musulmane semi-autonome suscite l’inquiétude pour l’avenir du processus de paix à Mindanao,

Car, après dix-sept ans de négociation, le processus de paix piétine à Mindanao, notamment depuis le massacre, le 25 janvier dernier, de 44 policiers d’élite dans une embuscade près de la municipalité de Mamasapano, dans la province de Maguindanao, sur un territoire en principe sous contrôle du MILF.

Le regain de tension a alors provoqué une nouvelle crise humanitaire dans la région. En près de quarante ans, les violences ont déjà fait 150 000 morts et déplacé plus de deux millions de personnes.

La principale île du Sud philippin, est le berceau de l’islam dans l’archipel et le théâtre de l’une des guérillas les plus anciennes et les plus sanglantes d’Asie du Sud-Est.

Presque deux ans après la signature de la paix entre Manille et les rebelles séparatistes du Front moro de libération islamique (MILF), le 27 mars 2014, la Loi fondamentale pour le Bangsamoro (Bangsamoro Basic Law ou BBL) reste « dans les limbes ».

C'est ce qu'a dénoncé le 16 décembre dernier, la Conférence des évêques catholiques des Philippines (CBCP), et Mgr Orlando Quevedo, qui est la tête de l’archevêché de Cotabato, enclave où cohabitent 50 % de chrétiens et 50 % de musulmans au sein de l’ARMM (Région autonome musulmane de Mindanao), l’entité politique rassemblant actuellement les provinces à majorité musulmane du Sud philippin.

Le cardinal est à l’origine de « Friends for Peace », une initiative visant à promouvoir le dialogue interreligieux. Or le projet de loi qui doit régler le gouvernement régional de l'archipel est vidée de sa substance. « Aucune de ces versions édulcorées ne sera acceptée par le MILF », juge le prélat. Car, selon lui, toutes les deux « affaibliraient les prérogatives propres au Bangsamoro, avec un retour à des caractéristiques similaires à celles de n’importe quel autre gouvernement régional » de l’archipel.

L’islam, de rite sunnite pour l’essentiel, représente la seconde religion des Philippines, avec environ 5 % de la population, loin derrière le catholicisme (près de 85 %). Mais ans la partie occidentale de Mindanao, les musulmans sont devenus majoritaires après l’arrivée de l’islam dès l’an 1380, et ce avant même le début de l’évangélisation de l’archipel au XVIe siècle, lors de la colonisation espagnole.

A l’époque, beaucoup de terres avaient été confisquées au nom du roi d’Espagne aux « Moros », terme générique désignant l’ensemble des populations musulmanes de Mindanao. Par la suite, les Moros ont résisté aux invasions des Etats-Unis et du Japon. Au sens littéral, « Bangsamoro » signifie la « nation » ou la « patrie » des Moros.

Pour les partisans de la Bangsamoro Basic Law, la nouvelle loi anti-corruption est une opportunité pour relancer le développement d’une région réputée riche en ressources naturelles mais dont la population reste touchée par la pauvreté.

De plus la majorité musulmane, avec le MNLF (Front moro de libération nationale) veut, par cette demi-indépendance, ériger un rempart face à l’expansion de la menace terroriste internationale émanant en particulier de Daech, dont certains groupuscules du Sud des Philippines, se revendiquent désormais affiliés.

Début décembre, de passage en Europe pour la COP21, le président Benigno Aquino III avait été reçu par le pape François au Vatican. Selon le compte-rendu officiel du Saint-Siège, le sujet de la paix à Mindanao avait été abordé entre les deux hommes, le pape faisant part de son « espoir à voir les différentes parties en présence s’engager pour garantir une paix stable et durable dans la région ». (source :
Mepasie)

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