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du 4 au 8 février 2016 (semaine 05)
 


- 8 février
2016-
LES RÉFORMES DU PATRIARCHE DE MOSCOU

Poids lourd de l’orthodoxie mondiale avec ses 150 millions de fidèles, l’Église orthodoxe russe connaît un courant national-conservateur qui tend à l’isoler sur la scène panorthodoxe et que le Patriarche Kirill entend réduire.

En exemple un qui n'est pas négligeable, c'est sa volonté d'actualiser un catéchisme datant de 1823 et toujours en place, en 2015. Le catéchisme composé par saint Philarète, métropolite de Moscou et de Kolomna, et édité en 1823. était à la base de l'enseignement dans les séminaires et les paroisses. L'Église romaine connaît des courants semblables avec ses intégristes.

En 2002, le métropolite Kirill, le futur patriarche, publie deux études intitulées" les défis de la civilisation contemporaine et la réponse de l'Église orthodoxe", En 2004, il publie et publie en français : " L'Évanfile et la liberté - les valeurs de la Tradition dans la société laïque" qui rejoint les thèmes de l'étude qu'il avait menée en France en 1979.

L’idée de créer un catéchisme contemporain de l’Église orthodoxe russe avait été alors formulée lors de l’Assemblée des évêques de 2008, par tout un courant de prêtres au contact de Églises catholique et réformées. Le Saint-Synode de l’Église russe avait alors confié à la Commission théologique synodale le commencement de la préparation de ce catéchisme, en lien avec les autres structures synodales.

En 2009, la composition du groupe de travail avait été confirmée avec, à sa tête, le métropolite Philarète de Minsk, qui fut remplacé peu après par le métropolite de Volokolamsk Hilarion. « En raison de l’importance de ce document doctrinal pour l’Église orthodoxe russe, les plus hautes exigences de qualité ont été imposées », peut-on lire sur Orthodoxie.com.

Après avoir réformé son Église de fond en comble, en continuant l'oeuvre de son prédécesseur Alexis II, après avoir quadruplé le nombre de ses évêques et parachevé son retour au premier plan en Russie, le patriarche Kirill veut maintenant se poser en interlocuteur incontournable vis-à-vis du reste de la chrétienté. Avec toujours, en arrière-plan, l’idée de constituer avec l’Église catholique un front pour la défense des valeurs chrétiennes.

Après des relations tendues sous Jean-Paul II et un net réchauffement sous Benoît XVI, le Pape François apparaît à Kirill Ier, plus que jamais à Moscou comme l’homme de la situation.

Il y a au sein du patriarcat, une opposition de grande ampleur à cette "ouverture" en direction de l’Église catholique et par conséquent en direction de l’Occident exécré même par une grande partie de l'opinion populaire et très nationaliste.

Le Patriarche a décidé l’éviction du responsable de l'information religieuse, l'archiprêtre Vsevolod Tchapline, nationaliste à tous crins et théoricien de la "guerre sainte" menée par la Russie en Syrie.

En se débarrassant de lui, Kirill a voulu affaiblir la composante de l’Église russe la plus liée au régime autocratique de Poutine et aux opérations militaires menées par celui-ci en Ukraine et au Moyen-Orient.

Après avoir travaillé en étroite collaboration avec Poutine à la reconstruction de l'orthodoxie en Russie, il veut maintenant agir avec une plus grande autonomie et obtenir pour lui-même une crédibilité et une image charismatique qui fassent de lui un leader spirituel orthodoxe en concurrence avec le patriarche œcuménique de Constantinople, qui est comme chez lui au Vatican mais qui, en Russie, est considéré par beaucoup de gens comme complètement soumis à la "pensée unique" occidentale.

La "souplesse" du Pape François, strict sur l'essentiel théologique et doctrinal et compréhensif pour répondre aux situations personnelles des fidèles, correspond à ses propres convictions pastorales et à la spiritualité du Métropolite Nikodim son Père spirituel qui était proche de l'évolution du Vatican, mise en oeuvre au Concile Vatican II. (source
: mospat)

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