Pour vivre au rythme de l'Eglise universelle.
FlashPress - Infocatho
du 4 au 6 février 2016 (semaine 05)
 


- 6 février
2016-
KIRILL, LE PATRIARCHE DE L'ÉGLISE ORTHODOXE RUSSE

Tour à tour accusé par le pouvoir soviétique d’être un « agent de l’influence occidentale sur la jeunesse » puis, par la presse, d’avoir servi le KGB, Vladimir Gundyayev vient d'une Église meurtrie dont il porte les traces profondes.

Il est une personnalité de premier plan qui assume l'immense tâche de faire entrer l'Église orthodoxe russe dans le troisième millénaire, une Église meurtrie par le XXe siècle, dont l'histoire personnelle de l'actuel patriarche porte les traces profondes.

Le futur patriarche Kirill est né en 1946, à Leningrad, dans une famille de prêtres. Jeune il expérimentera ainsi directement ce qu’il en coute d’être x dans un pays qui dénonce la religion comme opium du peuple.

Son grand-père sera ainsi déporté aux terribles îles Solovki tandis que son père expérimentera le goulag de la Kolyma.

Cette terrible destinée familiale ne décourage pourtant pas le jeune homme, qui décide à son tour de se plonger dans la foi. Dans son livre L’Evangile et la Liberté, publié aux éditions du Cerf, le patriarche reviendra sur son refus d’adhérer au Komsomol (organisation de la jeunesse communiste soviétique), comme il le rappellera fortement en 1979 à des séminaristes de Dijon qui accusaient l'Église alliée au pouvoir marxiste.

« Je fus parfois obligé de me défendre aux réunions du conseil pédagogique qui cherchait à me faire renoncer à mes convictions religieuses. Cela me stimulait beaucoup. De plus, cela développait ma volonté, m’habituait à aller à contre-courant, à ne pas accepter les stéréotypes proposés, à ne pas suivre la mode idéologique. Je pense que cela m’a beaucoup aidé et a laissé une empreinte sur toute ma vie. »

DEVENU PRÊTRE

En 1965, il entre au séminaire de Leningrad. Le 3 avril 1969, il est tonsuré par Mgr Nicodème Rotov, métropolite de Léningrad et de Novgorod. qui sera son Père spirituel jusqu'à sa mort dans les bras du Pape Jean-Paul I en 1978. Il devient prêtre et décide de prendre un nom qui ne doit rien au hasard, surtout à l’époque soviétique : Kirill en hommage à Saint Cyrille, l’évangélisateur des Slaves

Diplômé en 1970 de l’Académie de théologie, Kirill enseigne la théologie dogmatique avant d’être nommé, l’année suivante, représentant du patriarcat de Moscou au Conseil œcuménique des Eglises à Genève.

En 1974, il reçoit la direction de l’Académie de théologie de Leningrad. Ce meneur d’homme. Institue une nouvelle façon de travailler, et rajeunit les rangs pour finalement multiplier par trois le nombre d’étudiants au sein de l’Académie.

Parallèlement, il lance un vaste programme de traduction des théologiens occidentaux.

Très vite, la réussite du jeune supérieur interpelle le pouvoir communiste qui le destitue de son poste, l’accusant d’être un agent de l’influence occidentale sur la jeunesse. Il est éloigné des centres de l'Église et envoyé à Smolensk pour ce qui ressemble à tout, sauf à une promotion.

Loin de ses livres, l’archevêque découvre les joies du labeur pastoral et du travail social et la vie quotidienne de millions de russes.

UN PASSIONNÉ D'UNE ÉGLISE CONTEMPORAINE

Avec la Perestroïka, c'est le retour en grâce. En 1989, Kirill quitte l’oblast de Smolensk pour Moscou. Il est nommé directeur du département des relations extérieures du patriarcat de la capitale, poste clé où il sera le pivot d’une Église russe orthodoxe en proie à de nouveaux défis.

Dialogue inter-religieux, gestion des paroisses à l’étranger mais aussi dialogue avec le pouvoir, Kirill gère tout et devient rapidement indispensable. La chute du communisme lui permettra enfin de conjuguer identité profonde et aspirations politiques.

A l’image du Saint dont il porte le nom, Kirill peut tranquillement travailler à la ré-évangélisation des slaves et autres habitants de la Russie nouvelle. Et il le fait en usant des moyens modernes. Comme nous l’apprend Nicolas Seneze dans "La Croix" :

« Dès 1994, Kirill a sa propre émission sur la première chaîne de télévision russe : "Slovo Pastyrya", la parole d’un pasteur, qui fait de lui une figure bien connue des Russes, auprès desquels il développe les fondements de la doctrine sociale de l’Église russe, promulgués en 2000 et dont il a été le principal artisan. »

Dans une Russie désorientée par les changements politiques et en quête d’un nouvel idéal, il devient alors une figure aimée du pays.

Devenu le bras droit du Patriarche Alexis II, il collabore à ses orientation pour le renouvellement de l'Église, avec les fils spirituels du métropolite Nikodim, le métropolite Philarète exarque de Minsk, le métropoliite Vladimir, exarque d'Ukraine, le métropolite Juvenaly, "locum tenens" du Patriarche pour le diocèse de Moscou.

A la mort d’Alexis II, il est élu pour lui succéder, le 27 janvier 2009, consacré officiellement patriarche de Moscou et de toute la Russie. Son nouveau statut lui fait parcourir le monde et adapter, par la même occasion, son message en fonction de ses interlocuteurs.

A la suite d'Alexis II, son action à la tête de l’Eglise orthodoxe est celle d'un renouveau et d'une espérance. Selon des statistiques publiées par le centre d’études d’opinion VTSIOM, le taux des Russes fréquentant les églises est passé de 57 % à 71 % ces seize dernières années. Dans le même temps, la part des non pratiquants s’est réduite de 42 % à 26 %. (source : mospat - AFP)

Retour aux dépêches
retour à la page d'accueil