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du 12 au 13 février 2016 (semaine 06)
 


- 13 février 2016
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LE PATRIARCHE S'EST DÉCIDÉ POUR DES MOTIFS RELIGIEUX

L'analyse du P. Hervé Legrand, un théologien dominicain, spécialiste de l’œcuménisme et qui pendant des années s'est consacré au dialogue avec les Églises orthodoxes, est marquée par cette proximité avec les théologiens orthodoxes.

Sur le fond, les analyses "politiques" que des commentateurs situent dans les relations avec le président russe Poutine sont hors des réalités ecclésiales.

Le patriarche Kirill veut garder un lien étroit avec l’Église orthodoxe d’Ukraine, berceau de la Rus, où des volontés d’indépendance canonique se font sentir ; il y craint aussi le prosélytisme des gréco-catholiques.

Par ailleurs, la Déclaration de Balamand conjointe avec Rome, a déclaré, en 1993, obsolète l’uniatisme comme modèle d’unité des Églises.

Rassuré par Rome sur ce dernier point, il peut s’en rapprocher. Surtout qu’avec le Pape François, il voit un « œcuménisme du sang » dans la persécution qu’orthodoxes et catholiques subissent au Proche-Orient.

Cette attitude n’est pas politique : il l’a montré en relevant de ses fonctions son porte-parole, le P. Tchaplin, qui qualifiait l’intervention russe en Syrie de « guerre sainte ».

Le patriarche Kirill montre qu’après sept ans de Patriarcat, il est en mesure de résister aux secteurs conservateurs de son Église, opposés à l’œcuménisme. Ensuite, cela ranimera le dialogue entre l’Église catholique et l’Église orthodoxe, paralysé depuis la rencontre de Ravenne (2007).

Moscou ne saurait accepter la conception de la primauté, développée alors, qui lui ferait reconnaître celle de Constantinople dans l’orthodoxie actuelle, avec les mêmes fondements que la primauté romaine dans l’Église indivise.

Même sans déclaration doctrinale, cette rencontre avec le Pape pourrait également avoir des retombées dans l’Église orthodoxe à la veille de son Grand Concile, en juin en Crète.

Les deux-tiers des orthodoxes appartiennent à l’Église russe. Son renouveau, depuis la chute du communisme, lui vaut un rôle grandissant au sein de l’orthodoxie. Les textes du prochain concile, déjà rendus publics, en témoignent.

Par ailleurs, la question de l’autocéphalie (2), que Constantinople voulait résoudre en priorité, ne figure plus à l’ordre du jour. Elle ne sera donc pas accordée à l’Église orthodoxe d’Ukraine.

Enfin, la rencontre du patriarche Kirill avec le pape François relativise aussi les rapports désormais fréquents du patriarche de Constantinople avec Rome. Moscou veut les mêmes rapports directs ; son envoi d’observateurs à Vatican II, sans aval panorthodoxe, le montrait déjà.

Toujours pour le P. Hervé Legrand, le patriarche Kirill a accepté cette rencontre, convaincu que le pape François développera la synodalité dans l’Église, rééquilibrant le droit actuel qui situe le collège des évêques dans l’entière dépendance du pape (canon 337,3 du code latin, et can.50, § du code oriental). Les réformes en cours dans l''Église romaine sont donc aussi l’une des clés décisives du rapprochement qui s’esquisse.
(source : La Croix ... FPIC)

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