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du 21 au 24 février 2016 (semaine 08)
 


- 24 février 2016
- Ukraine
LES GRÉCO-CATHOLIQUES DANS UNE PERSPECTIVE ECCLÉSIALE

A l'occasion de la signature de la Déclaration commune avec le Patriarche orthodoxe russe, les gréco-catholiques ukrainiens se sont sentis trahis et parlent d’un « document politique », de soutien à la politique russe.

L' archevêque-majeur de Kiev, primat de l’Église gréco-catholique d’Ukraine, Sviatoslav Shevchuk, a signalé leurs sentiments et le Pape a longuement et avec précisions répondu, dans le vol de Mexico à Rome, à une question d'un journaliste à ce propos. Nous donnons ici cette réponse, in-extenso, et il faut la relire avec les temps de silence qui accompagnent les phrases prononcées par le Pape.

Tout d'abord, il indique avoir lu toute son interview: il conseille de ne pas isoler ses propos de l’ensemble de ses déclarations. Puis il ajoute : " Deux heures, pendant lesquelles nous avons parlé en frères, sincèrement et personne ne sait de quoi nous avons parlé, seulement ce que nous avons dit à la fin, publiquement, à propos de ce que nous avons ressenti pendant l’entretien.

" Cet article, ces déclarations en Ukraine. Quand j’ai lu cela, j’ai été un peu préoccupé parce que c’est plutôt Sviatoslav Shevchuk qui aurait dit que le peuple ukrainien, ou certains Ukrainiens, ou beaucoup d’Ukrainiens se sentent profondément déçus et trahis.

" Avant tout, je connais bien Sviatoslav : à Buenos Aires, pendant quatre ans, nous avons travaillé ensemble. Quand il a été élu – à 42 ans, c’est quelqu’un ! – il a été élu archevêque majeur, il est retourné à Buenos Aires pour prendre ses affaires. Il est venu me voir et m’a offert une icône – petite comme ça – de la Vierge de la Tendresse et il m’a dit : « Elle m’a accompagné toute ma vie : je veux te la laisser, à toi qui m’a accompagné pendant ces quatre années. »

" C’est une des rares choses que je me suis fait apporter de Buenos Aires et je la garde sur mon bureau. C’est un homme pour lequel j’ai du respect et même une familiarité, nous nous tutoyons et c’est pourquoi cela m’a paru un peu étrange.

" Et je me suis souvenu d’une chose que je vous ai dite : pour comprendre une nouvelle, une déclaration, il faut chercher l’herméneutique de l’ensemble.

" Quand a-t-il dit cela ? Cela a été dit dans une déclaration du 14 février dernier, dimanche, dimanche dernier. Une interview qu’il a faite, par le père… je ne me souviens pas, un prêtre ukrainien ; en Ukraine, où elle a eu lieu et a été publiée. Cette nouvelle – l’interview fait un peu plus de deux pages, plus ou moins – cette nouvelle est dans l’avant avant-dernier paragraphe, tout petit.

" J’ai lu l’interview et je dirais ceci : Shevchuk – c’est la partie dogmatique – se déclare fils de l’Église, en communion avec l’évêque de Rome, avec l’Église ; il parle du Pape, de la proximité du Pape, et de lui, de sa foi, et aussi de la foi du peuple orthodoxe.

" Dans la partie dogmatique, aucune difficulté, elle est orthodoxe dans le bon sens du mot, c’est-à-dire que c’est la doctrine catholique.

" Ensuite, comme dans toute interview – celle-ci, par exemple – tout le monde a le droit de dire ce qu’il pense, et cela, il ne l’a pas fait au sujet de la rencontre, parce que, de la rencontre, il dit : « C’est une bonne chose et nous devons avancer ».

Dans un second chapitre, les idées personnelles d’une personne. Par exemple, ce que j’ai dit sur les évêques qui déplacent les prêtres pédophiles, que le mieux qu’ils puissent faire est de donner leur démission, c’est quelque chose… qui n’est pas dogmatique, mais c’est ce que je pense. Et de la même façon, il a ses idées personnelles qui sont pour le dialogue, et il a le droit d’en avoir.

" Tout ce qu’il dit concerne le document : c’est là le problème. Sur le fait de la rencontre, il dit : « C’est le Seigneur, l’Esprit qui va de l’avant, l’étreinte.. » : tout va bien. Le document ? C’est un document discutable.

" Et il faut ajouter autre chose : que l’Ukraine est dans un moment de guerre, de souffrance, avec toutes les interprétations. J’ai très souvent nommé le peuple ukrainien en demandant des prières et la proximité, que ce soit pendant les angélus ou pendant les audiences du mercredi.

" Mais (sur) le fait historique d’une guerre… chacun a son point de vue : comment est cette guerre ? Qui l’a commencée ? Comment fait-on ? Comment ne fait-on pas… ? Il est évident que c’est un problème historique, mais aussi un problème existentiel de ce pays, et il parle de la souffrance. Et j’insère ce paragraphe dans ce contexte, et on comprend ce que disent les fidèles…

" Parce que Sviatoslav dit : « De nombreux fidèles m’ont appelé ou écrit pour dire qu’ils sont profondément déçus et trahis par Rome ». C’est compréhensible qu’un peuple dans cette situation éprouve cela. Le document est discutable sur cette question de l’Ukraine, mais ce qui y est dit, c’est que l’on arrête la guerre et que l’on trouve des accords.

" Moi aussi, personnellement, j’ai souhaité que les Accords de Minsk avancent et qu’on n’efface pas du coude ce qui a été écrit avec la main. L’Église de Rome, le pape, a toujours dit : « Cherchez la paix ! ». J’ai reçu les deux présidents.

" Et c’est pourquoi, quand il dit qu’il a entendu cela de la part de son peuple, je le comprends, je le comprends. Mais ce n’est pas cela, « la » nouvelle. La nouvelle, c’est l’ensemble. Si vous lisez toute l’interview, vous voyez qu’il y a des points dogmatiques sérieux, qui demeurent, il y a un désir d’unité, d’avancer, œcuménique – c’est un homme œcuménique, lui – Et il y a certaines opinions…

" Il m’a écrit quand le voyage a été annoncé, la rencontre, mais comme un frère, en donnant ses opinions en frère… Le Document ne me déplaît pas, à moi, comme cela ; il ne me déplaît pas dans la mesure où nous devons respecter ce que chacun a la liberté de penser, et dans cette situation si difficile. Et de Rome… Actuellement, le nonce est à la frontière où ont lieu les combats, pour aider les soldats, les blessés.

" L’Église de Rome a envoyé beaucoup d’aide, beaucoup d’aide là-bas. Et toujours chercher la paix, les accords ; que l’on respecte l’Accord de Minsk… Cela, c’est l’ensemble.

" Mais il ne faut pas s’effrayer de cette phrase : c’est une leçon, qu’une nouvelle doit être interprétée avec l’herméneutique de l’ensemble, et non d’une partie. (source
: News.va)

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