- 27 février 2016- Inde
LES QUOTAS ET LA PUISSANCE DES CASTES
L’Eglise catholique dénonce l’obtention de quotas par la puissance caste des Jats qui a déclanché une flambée de violences pour que leur soit accordé, et uniquement à elle, des quotas dans la fonction publique et dans les universités.
Les conséquences de ces émeutes se sont fait sentir bien au-delà de l’Haryana. Le réseau ferroviaire de la région a été interrompu et des routes nationales bloquées. Même les habitants de New Delhi, la capitale indienne, ont subi les conséquences de ces violences, puisque l’eau a été rationnée, des manifestants ayant provoqué la fermeture des vannes d’un canal situé dans l’Haryana, qui alimentait les centrales de traitement des eaux de la capitale indienne.
« Cela prouve qu’avec des moyens politiques, on peut faire ce qu’on veut. Accorder des quotas à une caste si puissante est une grave injustice vis-à-vis des ceux qui méritent d’obtenir ces droits, du fait de leur pauvres conditions de vie », s’est indigné le P. Muthu, auprès de l’agence Ucanews.
« A présent, il va être facile pour chaque communauté d’exiger et d’obtenir des quotas en usant de la violence », a-t-il précisé.
Les Jats n’appartiennent effectivement pas à une basse caste, et leur révolte ne s’explique donc pas par l’oppression sociale endurée par une caste située en bas de l’échelle indienne. Ils appartiennent à une classe intermédiaire, mais socialement c’est une caste dominante. Dominante de par son nombre puisque les Jats représentent 30% de la population de l’Haryana. Et dominante socialement, puisque les Jats ont la mainmise sur la propriété foncière et agraire.
Le
24 février, ce sont surtout les OBC (Other Backward Classes, classes économiquement et sociologiquement « arriérées ») qui ont été touchées par cette flambée de violence, notamment les Punjabis et les Sainis, qui ont vu des groupes de Jats entrer dans leur quartier pour incendier des maisons, des magasins et des véhicules et tuer des gens.
Le 16 février dernier, quelques jours avant les émeutes des Jats en Haryana, le Ministre fédéral pour la justice sociale, Thawar Chand Gehlot, avait refusé d’accorder des quotas dans la fonction publique et les universités, aux dalits chrétiens et musulmans, socialement défavorisés, alors que les dalits hindous en bénéficient.
Selon le gouvernement fédéral actuel, dirigé également par le BJP, cela risquait « d’encourager les conversions » et « d’affaiblir la religion hindoue ».
« Nous sommes un Etat laïque. Comment un gouvernement peut-il tenir de tels propos ?», s’est indigné Samuel Jaikumar, un responsable protestant au sein du NCC (National Council of Churches in India). « Cette décision est humiliante pour les dalits chrétiens et musulmans », a-t-il déclaré à l’agence Ucanews.
Pour le P. Z. Devasagayaraj, secrétaire de la Commission des dalits et des indigènes à la Conférence épiscopale catholique indienne, le gouvernement actuel est tout simplement « opposé à la nature multiculturelle et multireligieuse de notre pays ». (source : Mepasie)
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