- 20 février 2016 - Ukraine
LES GRÉCO-CATHOLIQUES SE SENTENT TRAHIS
Les dirigeants gréco-catholiques ukrainiens se sentent "trahis" par le Vatican après la rencontre entre le Pape et le patriarche orthodoxe russe Kirill et leur déclaration conjointe concernant les confrontations actuelles en Ukraine.
Le texte de la déclaration commune qui appelle notamment les Eglises orthodoxe et catholique en Ukraine à "s'abstenir à participer à la confrontation et ne pas soutenir le développement ultérieur du conflit" dans l'Est "a suscité une déception profonde parmi de nombreux fidèles de notre Eglise et citoyens ukrainiens", a déclaré le primat de l'Eglise gréco-catholique d'Ukraine, Mgr Sviatoslav Chevtchouk
" De nombreuses personnes m'ont contacté pour me dire qu'elles se sentaient trahies par le Vatican, déçues par les demi-vérités dans le texte et par un soutien indirect du Saint-Siège à l'agression contre l'Ukraine".
Selon Mgr Sviatoslav, cette déclaration laisse entendre que l'Ukraine est le théâtre d'un "conflit civil" et "non de l'agression du pays voisin".
Kiev et les Occidentaux accusent la Russie d'avoir créé le conflit dans l'Est qui a fait plus de 9.000 morts depuis avril 2014, de soutenir militairement les rebelles et d'y avoir déployé des troupes régulières.
En Ukraine, les rebelles sont en majorité des orthodoxes rattachés au patriarcat de Moscou et se battent contre d'autres orthodoxes et contre les gréco-catholiques rattachés à Rome.
Les gréco-catholiques ont rejoint l'Eglise catholique dans le sillage du métropolite de Kiev au XVIe siècle. Ils ont conservé la liturgie et les coutumes orthodoxes, notamment l'ordination des hommes mariés à la prêtrise. Persécutés par les orthodoxes russes, ils ont nourri le nationalisme ukrainien contre la Russie.
En 1945, accusés de collaboration avec les Allemands, les gréco-catholiques ukrainiens furent forcés de fusionner avec l'Eglise orthodoxe russe contrôlée par Staline et persécutée. Leur Eglise perdit son indépendance, et ne la retrouva qu'en 1991, à la chute de l'Union soviétique. Depuis, une hostilité tenace oppose les gréco-catholiques ukrainiens et les orthodoxes russes, et se double d'un conflit politique dopé par le nationalisme ukrainien.
Le conflit "uniate" était un des points de discorde empêchant le dialogue entre l'Eglise catholique et l'Eglise orthodoxe russe. Mais le Pape François a refusé d'exprimer une condamnation directe de la politique russe en Ukraine, comme le souhaitaient les gréo-catholiques. Au contraire, en plaidant la neutralité, et en appelant les Ukrainiens à se réconcilier et à cesser une guerre entre "frères" chrétiens, le Saint-Siège a gagné la confiance de l'Eglise orthodoxe russe. (source : CNN)
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