- 20 février 2016 -France
UNE AFFAIRE EMBARRASSANTE POUR LE DIOCÈSE DE LYON
Une affaire embarrasse le diocèse de Lyon, fface au passé d’un prêtre pédophile où il a été maintenu en poste jusqu’à l’été 2015 et qui a été récemment mis en examen « pour agressions sexuelles aggravées sur des scouts il y a plus de 25 ans.
Une association a été co-fondée– « La Parole libérée » – pour « briser l’omerta sur la pédophilie dans l’Église ». sur des scouts il y a plus de 25 ans.
L’affaire, qui fait l’objet d’une enquête judiciaire, semble d’envergure, et a gonflé à mesure que les témoignages – pour la plupart prescrits – affluaient sur le blog ouvert par l’association. Il y aurait environ « 45 victimes déclarées ». Sans précédent aussi parce que le prêtre lui-même a toujours reconnu ces faits, ce qui est plutôt rare dans ce type de drame. Et parce qu’ils ont longtemps été couverts.
1972, Sainte-Foy-lès-Lyon, paroisse Saint-Luc, dans la banlieue ouest. Décrit comme effacé, le curé, le P. Plaquet, est rejoint par un jeune vicaire, le P. Preynat, doté d’une forte autorité naturelle. Ce « génie de l’organisation » a créé une troupe scoute indépendante, le groupe Saint-Luc (GSL). Camps, grands jeux, levers de drapeaux : très vite, le GSL attire jusqu’à 400 enfants.
À la même époque, le P. Plaquet et le diocèse sont informés mais des paroissiens lancent une pétition en soutien au P. Preynat. « Comment un homme qui aime autant la Sainte Vierge pourrait-il commettre de tels actes ? », s’indigne alors une maman.
Il faut attendre dix ans plus tard, et la remarque du fondateur de La Parole libérée, François Devaux, âgé de 10 ans à l’époque, pour que la machine s’emballe : « Rentrant d’une réunion scoute, j’ai dit à mes parents, tout fier : “Le P. Bernard m’aime très fort et il m’a même embrassé sur la bouche !” Ils m’ont aussitôt retiré du groupe. »
C’était en mai 1990. Il faudra encore plusieurs mois et toute leur ténacité pour faire bouger les choses. Dans une lettre du 14 février 1991 adressée sous forme d’ultimatum au cardinal Decourtray, le primat des Gaules de l’époque, et alors que deux autres enfants ont avoué avoir subi ces mêmes agissements, Madame Devaux menace d’alerter la justice si le P. Preynat n’est pas renvoyé sur-le-champ et écarté de tout contact avec des enfants. Le prêtre est finalement débarqué en février 1991.
La réponse du cardinal est immédiate : « Il y a du ”diabolique” dans cette affaire et le “coupable” n’est qu’une victime que je vais tenter de libérer. » Convoqué le même jour, le P. Preynat écrit aux Devaux : « Je n’ai jamais nié les faits qui me sont reprochés, ils sont pour moi une blessure profonde dans mon cœur de prêtre. » Il sera finalement débarqué avant le camp d’hiver et envoyé chez les Petites Sœurs des pauvres. Les familles enfouissent le secret.
Affaire classée ? Pendant vingt-cinq ans, les victimes et leurs familles ont enfoui ce secret. « Le cardinal Decourtray nous avait assuré avoir fait le nécessaire », explique François Devaux. Après six mois chez les sœurs, le P. Preynat sera finalement muté dans une paroisse, à Neulise (Loire).
Alors que l’épiscopat français a adopté des normes sur la pédophilie en 2002 et que Benoît XVI puis le pape François ont été très fermes sur la « tolérance zéro », la colère des victimes se porte aujourd’hui contre le diocèse de Lyon.
Elles ne comprennent ni le choix d’avoir maintenu le P. Preynat en poste – il a été nommé doyen en 2013 –, ni les lenteurs à le décharger de ses fonctions à la suite du courrier d’alerte adressé au cardinal Barbarin en juillet 2014.
Le diocèse tarde à retirer sa charge au P. Preynat. Or Pâques 2015., le prêtre est toujours en poste. Alexandre écrit au pape et au procureur de la République. Bernard Preynat quittera finalement sa paroisse le 31 août.
Comme en 1991, le départ du P. Preynat suscite de fortes tensions dans le diocèse. Certains. fidèles ne nient pas les faits mais ne comprennent pas pourquoi on ressasse ces scandales. Par ailleurs une plante pour non-dénonciation de faits de pédophilie a été déposée contre la cardinal Barbarin. (source : AFP)
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