- 6 mars 2016 -Chine
DES ARRESTATIONS INQUIÉTANTES
La mise en scène des aveux de l'avocat Zhang Kai, qui défendait les chrétiens du Zhejiang résistant à une campagne de démolition de croix, a été diffusée à la télévision, le 25 février, alors qu'un pasteur de la même province était arrêté.
Les 27 et 28 février
week-end, un couple de pasteurs protestants étaient également arrêtés tandis que l'avocat a été condamné à plus de dix ans de prison.
Depuis 2014, Zhang Kai défendait les chrétiens de Wenzhou qui s’opposent aux destructions d’églises et aux démontages de croix qui frappent toute la province du Zhejiang. Jeudi soir, six mois après son arrestation l’été dernier, le journal télévisé local a diffusé un sujet de plus de dix minutes dénonçant l’avocat.
A en croire les allégations de ce document de propagande, l’avocat de 36 ans aurait orchestré lui-même la résistance des croyants du Zhejiang contre la campagne de démolition qui a touché 1.700 croix à ce jour.
Zhang Kai apparaît dans une pièce d’interrogatoire capitonnée, le corps entravé par une chaise fermée. Les yeux baissés, il s’accuse lui-même d’avoir menti à ses clients, les poussant à ne pas respecter la loi. « J’ai violé la loi nationale, troublé l’ordre public, mis en danger la sécurité nationale et violé le code professionnel des avocats », récite-t-il. En parallèle, des images de manifestations de faible ampleur sont diffusées, tandis que le commentaire explique que des constructions illégales ont été démolies.
Puis, c’est l’assistant de Zhang, Liu Peng, disparu lui aussi, qui apparaît pour accuser son employeur. Des fidèles triés sur le volet reprochent à l’avocat de les avoir amenés à commettre des actions illégales sans qu’ils fussent au courant d’enfreindre la loi. Zhang exprime ensuite ses « profonds remords ».
Outre le non-respect de la loi, le reportage qui lui est consacré vise aussi à décrédibiliser l’avocat en le montrant principalement intéressé par l’argent et la célébrité… Des accusations difficiles à valider au regard des risques pris par Zhang. Mais les fidèles interrogés ne manquent pas de hocher la tête face à la somme qu’aurait reçue Zhang Kai de la part des Églises.
Autre angle d’attaque, les liens avec l’étranger pour faire de l’accusé un mauvais patriote. « Je mets aussi en garde les soi-disant ‘avocats des droits de l’homme’ de me prendre comme une mise en garde, et de ne pas avoir de connivences avec les étrangers, de ne pas accepter d’argent d’organisations étrangères », dit Zhang Kai dans sa confession.
Il cite deux noms : Bob Fu et Yang Fenggang. Le premier est le directeur de l’organisation non gouvernementale "China Aid", basée à Washington D.C., qui dénonce les atteintes à la liberté religieuse des chrétiens en Chine. Le second est le directeur du Centre sur les religions et la société en Chine, de l’université de Purdue (Indiana, Etats-Unis).
« Même si "China Aid" est mentionné dans la propagande honteuse du Parti communiste comme une ‘force étrangère soutenant le travail de défense légale de Zhang Kai’, nous ne serons jamais intimidés et n’arrêterons pas de promouvoir la liberté religieuse pour tous en Chine », a déclaré Bob Fu dans un communiqué.
Fin février,
c’est Gu Yuese, un pasteur à la tête de la plus grande communauté de Chine, l’Eglise de Chongyi avec 10. 000 fidèles à Hangzhou, la capitale du Zhejiang, qui a été arrêté. Une enquête avait été ouverte contre lui fin janvier pour détournement de fonds. Le célèbre pasteur, qui apparaissait aussi bien lors de cérémonies aux côté des autorités religieuses chinoises, qu’avec des représentants d’Eglises étrangères, s’était opposé publiquement à la campagne de destruction qui a frappé la région.
Deux ans après le début de la campagne de démolition de croix et de certains lieux de cultes, des démolitions sporadiques ont toujours lieu dans la province du Zhejiang. L’agence de presse Ucanews dénombre une vingtaine de lieux de culte, dont une église catholique, touchés depuis le début de l’année 2016. Pour autant, la campagne n’a pas été étendue hors des frontières de cette province, qui connaît la plus forte proportion de chrétiens par habitant de tout le pays.
Depuis le lancement de la campagne, fin 2013, les autorités affirment qu’il s’agit de détruire des bâtiments ou des croix qui ne respectent pas les permis de construire. D’après les médias officiels, des temples utilisés dans le cadre de pratiques traditionnelles chinoises non reconnues comme religion, ont aussi été détruits au début de la campagne. (source : Mepasie) )
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