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- 27 mars 2016
- France
UNE CELLULE D'ACCUEIL A ORLÉANS

À Orléans, le diocèse accueille les victimes d’abus sexuels dans une cellule ouverte par des responsables d’Église », cellule qui fonctionne depuis l’automne 2014, une initiative unique dans les diocèses français.

Mgr Jacques Blaquart vient de donner une nouvelle visibilité à la cellule d’accueil des« personnes victimes d’abus sexuels de la part de responsables d’Église » qu’il a créée à l’automne 2014.

Par voie de presse et affichage dans toutes les églises du Loiret, où les victimes peuvent entamer un dialogue « au nom de l’évêque », le texte des courriels et le numéro de téléphone ont été diffusés.

Dans un premier temps, les coordonnées d’“Écoute des blessures” – c’est le nom de la cellule –, avaient été seulement publiées dans le bulletin diocésain et communiquées aux responsables pastoraux du diocèse. Après une année d’existence durant laquelle elle n’avait pas été sollicitée, la cellule a recueilli depuis l’automne 2015 quatre contacts, pour des faits qui ont eu lieu dans d’autres diocèses.

La décision de Mgr Jacques Blaquart de créer cette structure est le fruit de deux ans d’échanges avec Anne (le prénom a été changé), victime d’un prêtre dans un autre diocèse, il y a une quarantaine d’années. Elle était venue frapper à sa porte en 2012.

« J’ai compris à travers elle la grande souffrance des victimes que personne n’écoute, qui se sentent abandonnées, sur qui pèse le reproche implicite de perturber l’ordre institutionnel », explique-t-il.

Anne le convainc que d’autres victimes attendent d’être aidées à prendre la parole et tirées de l’isolement et de la culpabilité. Et puis l’évêque comprend davantage, au contact d’Anne, à quel point la blessure de l’agression sexuelle par un prêtre est non seulement psychologique, mais spirituelle.

« Comment croire l’Église, puisqu’on a été trahi par elle ? Les mots sont piégés : on appelle “père” le prêtre, le représentant de Dieu. Le pape François parle avec raison, souvent, de la caresse de Dieu. Mais comment une personne abusée sexuellement peut-elle entendre cela ? Tout est perverti », constate-t-il.

La dimension spirituelle de la blessure, Anne l’a vivement éprouvée. Victime d’abus sexuels pendant trois ans alors qu’elle était âgée de 13 ans et demi, en 1975, elle a tenté d’en parler, dès 1978, à deux prêtres et à deux religieuses. Ses paroles sont tombées dans le silence. Comme irrecevables. « Je mourais à petit feu », se souvient-elle.

En 2010, les affaires de pédophilie impliquant les Églises d’Europe emplissent les médias. La nécessité de « faire la vérité avec l’Église » la presse d’agir. Le prêtre qui a abusé d’Anne est mort, mais elle écrit à l’évêque du diocèse où cela s’est passé afin qu’il lui demande pardon pour les actes commis et pour le silence de ceux qui savaient et n’ont rien dit.

Elle est bouleversée de recevoir sa réponse, répondant à ses demandes, le jour anniversaire du premier abus subi. Cette demande de pardon personnelle, loin de mettre un terme à sa quête, a ouvert l’accès verrouillé à sa mémoire : « Cela a déclenché un tsunami. Tous les souvenirs affreux sont remontés.

" Ce sont aussi des sensations qui me saisissaient, au point que j’ai regretté par moments d’avoir parlé. J’ai consulté un psychiatre. » Ce n’est que deux ans plus tard qu’Anne a frappé à la porte de Mgr Blaquart, pour une parole échangée cette fois en face-à-face, non sans peur à l’idée de se trouver seule avec un prêtre dans un bureau fermé.

La cellule : “ Écoute des blessures” réunit sept bénévoles qui se réunissent une fois par mois. Quatre d’entre eux sont « écoutants » : un thérapeute, un diacre, une accompagnatrice spirituelle, et une infirmière. Plusieurs ont eu une première expérience d’écoute de personnes impliquées dans des abus sexuels sur mineurs. Un prêtre, référent théologique et ecclésial, un psychanalyste, dans une fonction de supervision, et Anne, qui a rejoint l’équipe fin 2015, complètent l’équipe. (source : cath.ch)

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