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- 4 mai 2016
- Chine
QUE RETENIR DE LA RÉUNION SUR LES RELIGIONS

Que retenir de la réunion au sommet sur les religions que vient de présider le président Xi Jinping, les 22 et 23 avril dernier, sur la religion et la politique religieuse du Parti et du gouvernement.

Tenue à huis clos, cette réunion n’a donné lieu à aucune communication détaillée de la part des autorités chinoises, mais, à lire les dépêches de Xinhua, l’agence de presse officielle, le président chinois y a réitéré la substance d’un discours prononcé en mai dernier, à savoir que l’œuvre de sinisation des religions devait être poursuivie afin que le pays soit préservé de toute « infiltration venue de l’étranger ».

C’est peu de dire que la réunion qui s’est tenue à Pékin durant ces deux jours était attendue. Un sommet sur la politique religieuse du Parti avait été annoncé l’an dernier comme devant se tenir avant décembre 2015, mais rien n’était venu.

Cette fois-ci, outre Xi Jinping, c’est la quasi-totalité des membres du Comité permanent du Bureau politique du Parti – à savoir le cœur du pouvoir – qui étaient présents sur l’estrade pour cette réunion où se trouvait également le Premier ministre Li Keqiang.

Pour autant, à en juger par les dépêches de Xinhua, aucune inflexion n’a été donnée par les dirigeants chinois à leur politique religieuse. Xi Jinping a redit « l’importance particulière » que les affaires religieuses revêtaient pour le Parti et le gouvernement, signe sans doute de l’inquiétude latente des dirigeants chinois face au renouveau religieux que vit leur pays depuis une trentaine d’années.

« Nous devons guider et éduquer les cercles religieux et leurs adeptes aux valeurs socialistes fondamentales, et guider les personnes religieuses vers les idées d’unité, de progrès, de paix et de tolérance », a déclaré le président chinois, rapporte l’agence Chine Nouvelle.

Les groupes religieux doivent « puiser profondément dans leurs corpus de doctrine pour agir en faveur de l’harmonie sociale et du progrès, pour se montrer disposés à édifier une société saine et civilisée, et interpréter leurs doctrines religieuses d’une manière qui soit propice au progrès de la Chine moderne et cohérente avec l’excellence de notre culture traditionnelle », a poursuivi Xi Jinping, non sans développer un couplet familier : « Nous devons résolument nous garder contre toute infiltration étrangère menée au nom de la religion et nous prémunir contre toute incursion idéologique par des extrémistes. »

« Si la Constitution chinoise garantit depuis longtemps la liberté religieuse, fait remarquer un pasteur protestant, cela ne suffit pas à assurer un exercice réel de cette liberté ». Membre d’une communauté régulièrement harcelée par les autorités, le pasteur ajoute qu’il lui est difficile de se montrer « optimiste » après cette rencontre au sommet des 22 et 23 avril.

Aucune annonce n’a été faite dans le sens d’une redéfinition du cadre juridique dans lequel les religions évoluent en Chine. Ces dernières années, des membres de l’Académie chinoise des sciences sociales ont fait valoir qu’il serait bien de sortir du cadre étroit des cinq religions officiellement reconnues (bouddhisme, taoïsme, catholicisme, protestantisme, islam) pour entrer dans un nouveau système où l’Etat se cantonnerait dans un rôle neutre de garant de la liberté religieuse.

Selon Antony Lam Sui-ki, chercheur au Centre d’études du Saint-Esprit, à Hongkong, « personne ne sait vraiment, en dehors sans doute des dirigeants chinois eux-mêmes, ce que recouvre la notion de sinisation ». A l’évidence, les catholiques, dans leur lien à Rome, sont visés lorsqu’il est fait mention d’« influences étrangères », mais là encore ce rappel n’empêche pas nécessairement le maintien de contacts avec le Saint-Siège.

Selon William Nee, chercheur à Hongkong pour Amnesty International, « le Parti communiste continue de faire passer le message selon lequel il doit y avoir une nette séparation entre la participation à la vie religieuse et la participation à la vie politique, sauf qu’en réalité, il est exigé des croyants de soutenir le Parti ». (source : Mepasie)

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