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du 1 au 4 mai 2016 (semaine 18)
 


- 4 mai 2016
- Iran
LUEURS D'ESPOIR POUR LES CHRÉTIENS D'IRAN

Malgré la percée aux dernières élections législatives en Iran des candidats réformateurs et modérés du camp favorable au président Hassan Rohani, la situation des chrétiens dans cette République islamique "n'est pas une sinécure".

Le 30 avril, Mgr Ramzi Garmou, l'archevêque chaldéen catholique de Téhéran a apporté son témoignage, Visiteur apostolique pour les fidèles de rite chaldéen résidant en Europe, archevêque de Téhéran depuis 1999, Mgr Garmou est né il y a 71 ans à Zakho, ville du Kurdistan irakien près de la frontière turque.

Président de la Conférence épiscopale catholique iranienne, de nationalité irakienne, il vit en Iran depuis près de quatre décennies. Ses permis de séjour et de travail doivent être renouvelés chaque année et il ne doit s’adresser qu’aux chrétiens pour ne pas encourir le reproche de faire du prosélytisme auprès des musulmans, "ce qui est strictement interdit !"

Les églises sont ouvertes pour le culte, pour la catéchèse, l’enseignement, les conférences. "Mais tout doit se passer à l’intérieur des édifices reconnus par le régime. Pas question d’avoir des activités religieuses à l’extérieur, car il est interdit de proclamer l’Evangile dans l’espace public".

Mgr Garmou estime que tant qu'il n'y aura pas de liberté de religion dans le pays, la situation restera difficile pour les chrétiens en Iran. Ces derniers ont certes une liberté de culte, mais elle ne peut s'exercer que dans les églises reconnues par le gouvernement. S'il parle le farsi, tout comme aussi l’arabe, l'évêque utilise avec ses fidèles le syriaque de l'Est, un dialecte araméen, la langue qu'utilisait le Christ.

Malgré cette liberté sous surveillance, des signes d'ouverture existent et une équipe de traducteurs de l'Université des religions et dénominations (URD), située à Qom, a traduit en farsi (persan) le Catéchisme de l’Eglise catholique avec l'aval du Vatican. Il est publié avec une préface du cardinal Jean-Louis Tauran,

Signe d'ouverture, le président Rohani est au foyer pour personnes âgées de l'Eglise chaldéenne, le 1er janvier 2015, "un geste apprécié par les chrétiens assyro-chaldéens, une première dans la République islamique".

"La levée des sanctions contre l'Iran suscite l'espoir de voir la situation s'améliorer. Mais il est encore difficile pour un chrétien d'avoir un poste dans l'administration, car souvent, la condition d'engagement est d'être musulman chiite.

A part les quelques postes de députés réservés pour les chrétiens au 'Majlis', il n'y a aucun ministre appartenant à la petite minorité chrétienne au sein du gouvernement. Mgr Garmou a des contacts réguliers avec le député chaldéen, qui vient d'être élu pour la cinquième fois consécutive.

L'Eglise en Iran a la possibilité d'être active au plan social. Ainsi Caritas Iran a été fondée en 1981 par la Conférence épiscopale iranienne. Au début, son travail était limité à de petits projets occasionnels au sein de la communauté chrétienne. "Notre Caritas s'est développée après le tremblement de terre dévastateur de Bam, en décembre 2003. Caritas Iran a alors commencé à œuvrer à plus grande échelle, en partie grâce à l’aide de "Caritas Internationalis", et en particulier de Caritas Italie".

Depuis la fondation de la République islamique d'Iran, en 1979, près de 2/3 des chrétiens ont quitté le pays. Ils se sont installés aux Etats-Unis mais aussi en Europe occidentale, où ils sont quelque 100.000 fidèles, notamment en Suède (20.000 environ), en France (le même nombre), en Allemagne, aux Pays-Bas, au Danemark ou en Belgique. Quelques-uns vivent également en Suisse.

Les chrétiens qui n'ont pas émigré appartiennent aux couches les moins aisées de la population. Certains sont restés parce qu’ils étaient trop âgés pour refaire leur vie à l’extérieur du pays, dans une culture étrangère, parce qu’ils ne voulaient pas quitter leur famille, et pour d'autres, par conviction chrétienne.

En Iran, seuls les Assyro-Chaldéens et les Arméniens sont considérés comme chrétiens. Au Parlement, le "Majlis", les minorités religieuses reconnues, les "gens du Livre", ont droit à des sièges réservés: les Chaldéens ont droit à un siège de député, les Arméniens à deux, tandis que les membres de la communauté juive et zoroastrienne ont droit à un député chacun. Par contre, les Iraniens de souche ont l’obligation d’être musulmans. L’existence et le droit de culte des chrétiens persans ne sont donc pas reconnus. Ils sont réprimés et leurs églises sont fermées.

Les lieux de culte de ces musulmans convertis au christianisme– ils seraient plusieurs milliers - sont des "églises-maisons", où la pratique est souterraine. L'Eglise pentecôtiste en Iran est composée essentiellement de convertis vivant leur foi clandestinement. Des sites internet basés aux Etats-Unis mettent en ligne des moyens de formation en persan. Les Iraniens ont ainsi la possibilité de découvrir la Bible, et certains sont séduits par le message d'amour du Christ, une découverte pour eux.

Les chrétiens sont une infime minorité au sein d’une population de quelque 80 millions d’habitants, essentiellement musulmans chiites. La plus grande partie d’entre eux (plus de 60.000) sont des Arméniens apostoliques (orthodoxes), dont le berceau historique est la ville d’Ispahan, où ils avaient été déportés sur ordre de Shah Abbas Ier au XVIe siècle.

Les Arméniens catholiques et les catholiques de rite latin sont en tout quelque 3.500. Ces derniers sont des étrangers ou des membres de couples mixtes. Les Assyriens de l’Est, autrefois nommés "Nestoriens", sont autour de 4.000, tandis que les protestants, évangéliques et pentecôtistes, sont peut-être un millier. "Ces chiffres sont approximatifs, car nous n’avons pas de statistiques fiables sur le nombre réel des chrétiens dans le pays", admet Mgr Garmou. (source : Chrétiens orientaux)


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