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du 25 au 28 mai 2016 (semaine 21)
 


- 28 mai 2016

LES TRADUCTIONS DU MISSEL ROMAIN

L'entrée en vigueur de la nouvelle traduction du Missel romain, prévue pour le premier dimanche de Carême 2017, pourrait être reportée à l'Avent 2017, en raison d'une bataille feutrée qui oppose les évêques à la Congrégation romaine.

Celle-ci refuse pour l'instant d'accorder sa "recognitio" au texte de l'ensemble des évêques francophones, même si dans les autres conférences épiscopales francophones, (Suisse, Canada, Belgique, Afrique) l'opposition serait plus forte qu'en France.

Une péripétie de plus pour la version française de l'édition latine de 2002 du Missel. Une première traduction avait été refusée par Rome en 2007. Une nouvelle commission s'était mise au travail, présentant régulièrement un texte aux évêques: un travail difficile car plusieurs conférences épiscopales sont impliquées et que de nouveaux évêques sont consultés à chaque fois.

Le texte francophone bloque encore à Rome, qui a formulé des exigences sur un certain nombre de points. En cause, l'instruction romaine "Liturgiam authenticam" de 2001, qui exige que le texte latin soit « traduit intégralement et très précisément, c'est-à-dire sans omission ni ajout, par rapport au contenu, ni en introduisant des paraphrases ou des gloses».

Plus question, donc, d'adaptation. Si les évêques francophones se sont prêtés de plus ou moins bonne grâce à la plupart des exigences romaines, qui permettent aussi un approfondissement de certains textes, certains points demeurent délicats. Ainsi, le changement, dans la prière eucharistique, de « coupe » en « calice», mot qui est un juron au Canada.

Achevant son mandat de président de la commission liturgique de la CEF en r juillet prochain, et ne souhaitant pas laisser un dossier inachevé à un successeur qui devra prendre le temps d'en connaître tous les tenants et aboutissants, Mgr Bernard-Nicolas Aubertin, archevêque de Tours, ne ménage pas sa peine pour arriver un accord avec Rome.

Ces péripéties interviennent dans un contexte tendu autour des traductions liturgiques. En 2011, une nouvelle traduction est ainsi entrée en vigueur dans le monde anglophone: la moitié des fidèles et 71 % des prêtres la rejettent à cause de son style « trop formel » et « pompeux».

En Allemagne, les évêques, s'opposant « à un langage liturgique qui ne serait pas le langage du peuple», ont refusé en 2013 le travail de la commission imposée par Benoît XVI.

La traduction en espagnol serait au point mort, tandis que les évêques italiens renâclent.

Le site "Il Sismografo," proche de Radio Vatican, ne cesse de publier de longs articles d'Andrea Grub, professeur de liturgie à l'Université pontificale Saint-Anselme, très dur envers "Liturgiam authenticam", notamment en ce que ce texte empêche toute inculturation de la liturgie. D'autres mettent en cause quelqu'un de l'entourage du cardinal Sarah, proche de la mouvance traditionaliste et qui le pousserait à s'arc-bouter sur ses positions.

Comme le note un évêque français, « c'est tout de même étonnant que, à l'heure où le pape insiste tant sur l'inculturation et la synodalité, un texte voté par 120 évêques français soit ainsi bloqué par un seul cardinal». (source
; VIS et Radio-Vatican)

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