- 12 juin 2016- Bangladesh
LA MINORITÉ CHRÉTIENNE A NOUVEAU CIBLÉE

Moins de trois mois après le meurtre d'un musulman converti au christianisme, le 5 juin, c'est un catholique qui a été attaqué à l'arme blanche par des extrémistes musulmans alors qu'il venait d'assister à la messe dominicale dans sa paroisse.

Sunil Gomes, un catholique âgé de 72 ans, a été attaqué à l’arme blanche alors qu’il venait d’assister à la messe dominicale dans sa paroisse de Notre-Dame de Lourdes à Bonpara.

Toutes les minorités religieuses sont visées: Ananda Gopal Ganguly, un prêtre hindou, a lui aussi été égorgé mardi 7 juin 2016 par des "inconnus" à Noldanga, village du district de Jhenidah, au sud-ouest du Bangladesh, frontalier avec l'Inde.

L'assassinat de Sunil Gomes a été revendiqué dans un communiqué de l’organisation Etat islamique (EI). Située à 170 km au nord-ouest de la capitale Dacca, la paroisse de Notre-Dame de Lourdes abrite l’une des plus anciennes communautés chrétiennes du pays.

Appartenant au diocèse de Rajshahi et comptant un peu moins de 4'000 fidèles, elle est connue pour sa statue de Notre-Dame de Lourdes, haute de près de 10 mètres. Dimanche, vers midi, après avoir assisté à la messe, Sunil Gomes regagnait sa petite épicerie lorsqu’il a été attaqué par plusieurs hommes non identifiés, qui l’ont tué à coups de couteau.

Selon ses proches, Sunil Gomes n’avait pas d’ennemi. Longtemps employé comme jardinier par la paroisse, "c’était un homme simple et pieux", a déclaré sa fille aînée Sopna Gomes. Un de ses frères, Proshanto Gomes, est prêtre dans le diocèse voisin de Dinajpur. "Nous n’avons aucune idée de la raison pour laquelle il a été tué ainsi. Nous vivons dans la peur", a précisé Sopna Gomes à l’agence de presse catholique asiatique UcaNews.

Le lendemain 6 juin, une petite foule d’environ 500 personnes, des paroissiens de Bonpara dans leur très grande majorité, ont improvisé une manifestation spontanée dans une des principales rues de la localité pour demander justice. Selon le curé de Notre-Dame de Lourdes, le Père Bikash Rebeiro, qui s’est joint à la marche de protestation, le meurtre "semble avoir été prémédité, il a choqué par son caractère particulièrement brutal et les gens sur place ont peur, car une telle action est inédite dans la région".

Dans un pays où les chrétiens représentent moins de 1% de la population, cet assassinat vient s’ajouter à une liste de plus en plus longue. Le 22 mars dernier, Hosssain Ali, un musulman converti au christianisme, avait été égorgé par trois hommes et l’action avait été revendiquée par l’Etat islamique "pour servir de leçon aux autres".

Le 18 novembre 2015, c’était un prêtre catholique, le Père Piero Parolari, missionnaire italien de 64 ans, qui était blessé par balles, à Dinajpur, dans le nord du pays. Le 5 octobre 2015, un pasteur protestant, Luke Sarkar, avait été grièvement blessé à l’arme blanche, une action semble-t-il menée par des militants du Jamaat-ul-Mujahedin Bangladesh, un groupe islamiste déclaré hors-la-loi par Dacca. Parallèlement, de nombreux prêtres catholiques, des pasteurs protestants ainsi que des membres d’ONG ou d’institutions caritatives chrétiennes ont reçu des menaces de mort.

Les autres minorités religieuses sont également visées. Au total, pas moins de 28 personnes ont été tuées dans des attaques revendiquées soit par l’Etat islamique, soit par Al-Qaida, soit encore par des formations islamistes bangladaises. A chaque fois, les minorités religieuses et tous ceux qui ne sont pas perçus comme orthodoxes par les tenants d’un islam sunnite ultra majoritaire au Bangladesh sont pris pour cible.

L’assassinat de Sunil Gomes intervient presque quinze ans jour pour jour après l’attentat à la bombe commis le 3 juin 2001 à Baniarchar, à 230 km au sud de Dacca. Ce jour-là, une bombe avait explosé dans une église catholique à l’heure de la messe, tuant dix personnes et en blessant une trentaine d’autres. (source : cath.ch)

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