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du 9 au 12 juin 2016 (semaine 23)
 


- 12 juin 2016
- Chine
REPRISE DE LA DESTRUCTION DES CROIX

Depuis janvier 2014, les chrétiens du Zhejiang, province située au sud de Shanghai, subissent cette forme particulière de répression : "au nom du respect des normes d’urbanisme et de la législation concernant sur les permis de construire".

Cette campagne de destruction n'est pas le fait de l'ensemble des provinces.

De très nombreuses croix situées au sommet des édifices religieux, que ce soient des églises catholiques ou des temples protestants, ont été abattues. Lorsque les responsables de ces communautés chrétiennes résistent ou manifestent leur mécontentement, les autorités n’hésitent pas à intervenir de manière musclée.

En un peu plus de deux ans, entre 1.200 et 1.700 croix ont ainsi été abattues. " LeNew York Times" a fait le point sur cette campagne, apparemment circonscrite à la seule province du Zhejiang, province qui abrite une des communautés chrétiennes les plus importantes et vivantes du pays.

Derrière la campagne d’abattage des croix dans cette province se cache un nouvel effort déployé au niveau national pour réguler plus sévèrement la vie spirituelle en Chine.

Cette tentative s’inscrit dans le resserrement général exercé par le pouvoir en place sur la société, un resserrement voulu par le président Xi Jinping. pour lequel les religions pratiquées en Chine devraient être « sinisées », et qu’elles devraient adhérer aux politiques religieuses du Parti communiste chinois. Ces instructions révèlent la crainte, ancienne, du gouvernement chinois que le christianisme sape un jour l’autorité du Parti. En Chine, bon nombre d’avocats des droits de l’homme sont des chrétiens, et beaucoup de dissidents ont déclaré avoir été influencés par l’idée que les droits de la personne humaine trouvent leur racine en Dieu.

Ces dernières décennies, malgré des campagnes régulières de répression contre les groupements religieux non enregistrés ou l’interdiction de mouvements spirituels tels le Falungong, le Parti avait largement toléré une certaine renaissance des religions en Chine, permettant aux Chinois d’exercer la religion de leur choix, encourageant même la construction d’églises, de mosquées, et de temples.

Des centaines de millions de personnes ont adopté les croyances religieuses dominantes du pays : le bouddhisme, le taoïsme, l’islam et le christianisme. La Chine compte aujourd’hui une soixantaine de millions de chrétiens. Beaucoup fréquentent des églises enregistrées par le gouvernement, mais la moitié d’entre eux au moins pratique dans des églises non enregistrées, que les autorités locales faisaient souvent semblant d’ignorer.

« Les événements survenus dans le Zhejiang sont un test, estime Fan Yafeng, juriste indépendant à Pékin. Si le gouvernement considère que le résultat est un succès, il renouvellera et renforcera ses actions. »

Elargir cette campagne en vue de contrôler l’essor des religions pourrait cependant, à terme, porter préjudice au président Xi Jinping. Les croyants quitteront les Eglises dites enregistrées, c’est-à-dire contrôlées par le gouvernement, pour rejoindre des communautés souterraines qui se réunissent secrètement, dans des immeubles de bureaux ou des demeures privées par exemple. La campagne pourrait aussi contrarier beaucoup de citadins, des cols-blancs convertis au christianisme.

« Ne pas considérer le christianisme comme une religion du pays mais comme une religion étrangère pourrait aliéner les chrétiens chinois », explique Fredrick Fallman, spécialiste du christianisme en Chine à l’université de Göteborg, en Suède.

Or, depuis les années 1980, quatorze églises ont été construites à Shuitou, financées grâce aux dons d’entrepreneurs locaux désireux d’afficher leur prospérité nouvelle et leur foi à toute épreuve. Les nefs sont hautes de plusieurs étages, et les flèches des clochers s’élancent vers le ciel, à plus de trente mètres au-dessus du sol.

Un ancien de l’Eglise de Shuitou, qui a tenu à garder l’anonymat, raconte que s’ils ont accepté avec d’autres de retirer la croix, c’est qu’ils avaient peur qu’autrement leur église soit démolie. Les gens risquaient de perdre leur travail, a-t-il ajouté, et la direction s’est dit qu’il n’y avait plus d’autre choix que d’inviter les paroissiens à se soumettre aux ordres des autorités.

« Il y a une trentaine d’années, nous n’avions même pas d’église, explique-t-il. Tout au long de son histoire, l’Eglise a connu des persécutions. Tout ce qu’il nous reste à faire, c’est de prier. » (source
:Mepasie)

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