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du 12 au 15 juin 2016 (semaine 24)
 


- 15 juin 2016

L'ESCLAVAGE MODERNE SE VIT SURTOUT EN ASIE

Près de 60 % des 45,8 millions de victimes de l’esclavage moderne vivent en Asie. C’est le constat accablant du rapport sur l’esclavage, publié le 31 mai dernier par l’ONG "Walk Free" l’organisation de défense des droits de l’homme.

Lors de l’Angélus du 12 juin, le Pape a évoqué la Journée mondiale contre le travail des enfants,et a exhorté à poursuivre ensemble «l’effort pour éliminer les causes de cet esclavage moderne, qui prive des millions d’enfants de certains droits fondamentaux et les expose à de graves dangers». «Aujourd’hui, a déploré le Pape François, il y a dans le monde tant d’enfants esclaves !».

L'étude de Wal Free a été menée par 42.000 entretiens dans 167 pays,où cinq pays d’Asie arrivent en tête : l’Inde (18,35 millions), la Chine (3,39 millions), le Pakistan (2,13 millions), le Bangladesh (1,53 million) et l’Ouzbékistan (1,23 million).

Pour ce qui est de la plus forte proportion d’esclaves dans leur population, on trouve la Corée du Nord, suivi du Cambodge et de l’Inde.

Selon l’ONU, l’esclavage moderne se définit comme le fait d’exercer sur une personne les attributs du droit de propriété ou de maintenir une personne dans un état de sujétion continuelle en la contraignant à une prestation de travail ou sexuelle, à la mendicité ou à toute prestation non rémunérée. Les formes contemporaines d’esclavage – trafic de personnes, prostitution forcée, enfants soldats, travail forcé et utilisation des enfants dans le commerce international des stupéfiants – sévissent toujours aujourd’hui.

« Toutes les formes contemporaines de pratiques de l’esclavage ont été identifiées [en Asie], y compris le travail forcé dans les briqueteries, l’agriculture et l’industrie textile, les enfants soldats en Afghanistan, la mendicité forcée et le commerce d’exploitation sexuelle. »

Plusieurs de ces secteurs d’activités fournissent de la main d’œuvre bon marché à des industries qui produisent les biens de consommations pour l’Europe occidentale, l’Amérique du Nord, le Japon et l’Australie, souligne le rapport. En 2015-2016, des pratiques de travail forcé ont également été découvertes dans l’industrie électronique et des plantations d’huile de palme en Malaisie.

Ces formes de pratiques d’esclavage varient néanmoins en fonction des pays : employés domestiques exploités et en servitude dans les riches Etats d’Asie – Hongkong, Japon, Malaisie, Singapour et Taiwan – avec abus sexuels dans certains cas enregistrés en 2015 ; mariages forcés d’enfants au Bangladesh, en Inde, en Indonésie, au Népal et au Pakistan. Selon l’ONU, plus de 130 millions de fillettes d’Asie du Sud seront mariées entre 2010 et 2030.

Et encore, enfants soldats en Afghanistan, en Inde et en Thaïlande ; servitude pour dettes dans l’industrie textile au Bangladesh et au Vietnam ; exploitation abusive ou travail forcé dans le secteur de la pêche en Birmanie, au Cambodge, au Laos et en Thaïlande.

En mai 2015, à la frontière entre la Thaïlande et la Malaisie, la découverte dans des camps, révélait que les migrants, qui y vivaient dans des conditions inhumaines, y étaient vendus pour le trafic de la pêche ou l’esclavage sexuel, alors que d’autres, « plus chanceux », pouvaient espérer être libérés si une rançon était versée aux trafiquants. Entre avril et septembre 2015, plus de 2 000 hommes avaient ainsi été repêchés sur des navires thaïlandais, la plupart travaillant dans les eaux territoriales indonésiennes.

La Corée du Nord détient, quant à elle, le triste record de proportion d’esclaves au sein de sa population, avec 4,3 % de sa population sujette « aux sanctions de camps de travaux forcés pour les prisonniers politiques et les travailleurs nord-coréens envoyés comme ouvriers sous contrat à l’étranger », indique le rapport de Walk Free.

Le Bangladesh, qui se trouve en 4ème position mondiale, avec 1,53 million d’esclaves, a vu ce chiffre augmenter de près de 681 000 par rapport à l’étude précédente de 2014, soit un nombre d’esclaves qui a quasiment doublé en l’espace de deux ans. Ici aussi, mariages forcés, servitude pour dettes et prostitution forcée sont les secteurs les plus concernés par cette croissance fulgurante.

Pour le P. Theophil Nokrek, secrétaire de la Commission épiscopale ‘Justice et Paix’ au Bangladesh, « la faiblesse de notre système judiciaire contribue à alimenter l’esclavage, car la loi n’est pas appliquée ». De plus, « dans la plupart des restaurants, et même chez des défenseurs des droits de l’homme, vous trouverez des enfants employés comme domestique. C’est comme si chez les riches et les puissants, c’était une habitude de maintenir des personnes en esclavage », s’indigne-t-il.

Pour le Pape, ces trafics, qui affectent plus de 45 millions d’hommes de femmes et d’enfants dans le monde, « doivent être reconnus comme des crimes contre l’humanité par tous les leaders religieux, politiques et sociaux, et sanctionnés comme tels par les lois nationales et internationales ».

« L’adage » qui veut que des trafics comme la prostitution « existent depuis le début du monde » n’est plus acceptable, a-t-il affirmé avec vigueur devant une centaine de magistrats du monde entier, réunis au Vatican, le 3 juin. .(source
: Mepasie)

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