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- 30 juin 2016
- France
L'ÉGLISE, LES PAROISSES ET LA PÉRIPHÉRIE

La Conférence des évêques de France (CEF) a rendu public le lundi 27 juin un rapport inédit sur la présence de l’Église de France aux « périphéries ». Et c’est une bonne surprise pour l’Église de France.

Tout en étant très attachés à la laïcité, les Français attendent encore beaucoup de l'Église. L’Église est bien un acteur social aux périphéries, selon les résultats du sondage « OpinionWay pour l’Église catholique », l’Église a pour les Français un rôle important à jouer aux « périphéries », autrement dit auprès des exclus (61 %), dans les milieux populaires (54 %), auprès des personnes non croyantes et éloignées d’elle (51 %) et dans les campagnes (41 %).

Qu’il s’agisse d’un regret personnel ou de l’image qu’ils s’en font dans différents secteurs (le sondage ne permet de le préciser), ils sont en tout cas une majorité à estimer qu’en tant qu’acteur social, l’Église n’est pas suffisamment présente aux périphéries et qu’elle devrait davantage s’y investir.

Cela étant, l’attente est moins forte dans les plus jeunes générations, qui ont sans doute moins croisé l’Église dans leur existence. Seulement 40 % considèrent que les activités en rapport avec la foi et le culte de l’Église sont importantes.

Ces chiffres manifestent-ils en creux que l’Église aurait déserté les milieux populaires ? Non, à lire l’enquête de terrain publiée par la CEF en complément de ce sondage, qui illustre la grande créativité des catholiques.

Et de citer des religieuses installées dans les quartiers populaires de Valenciennes ; des co-locations entre jeunes professionnels et sans-abri qui essaiment partout en France ; des logements offerts par les paroisses pour des réfugiés irakiens ; des personnes en situation de handicap mental accueillies à l’Arche.

Selon les résultats d’un questionnaire envoyé aux diocèses et mouvements dans toute la France, l’Église compte des bons Samaritains un peu partout, dans les villes (30 % des lieux d’action recensés) et en cités (28 %), mais aussi encore dans les zones rurales (17 %).

« On se doutait que les catholiques étaient engagés auprès des plus fragiles mais on n’imaginait pas ce fourmillement », relève Marie Herrault, coordinatrice du projet « Église en périphérie » lancé il y a deux ans.

Alors que le pape François a invité les croyants à renforcer leur présence dans les « périphéries existentielles et géographiques », plus de 50 % des activités de l'Église en France, auprès des plus fragiles se déroulent, de fait, en dehors des paroisses : hôpitaux, prisons, lieux publics, etc.

Première population concernée par l’action sociale de l’Église, les migrants (32 %), devant les personnes seules ou isolées (26 %), les chômeurs (14,4 %)

« Une grande majorité des structures mènent des actions dans plusieurs domaines complémentaires (lutte contre l’exclusion, écoute spirituelle…) dans un souci d’accompagnement global des personnes. Les acteurs sociaux nous disent combien les personnes en galère attendent aussi de la fraternité et de la spiritualité », souligne Marie Herrault.

Autre surprise, l’âge des bénévoles engagés dans les périphéries, pour la majorité encore actifs : 57 % ont entre 51 et 65 ans, 20 % plus de 66 ans et 16 % entre 31 et 50 ans.

Si cette enquête témoigne de la volonté de l’Église de France de rendre « plus visible et plus lisible » son action de terrain, elle reflète bien la réalité des choses, remarque le sociologue Philippe Portier, directeur d’études à l’École pratique des hautes études.

« Le diagnostic selon lequel l’Église serait moribonde dans une société sécularisée, trop affaiblie pour susciter encore un engagement, n’est pas juste. L’Église a encore une grande capacité d’irrigation de la société française, dans une période de crise de l’État, marquée par une déshérence militante des organisations laïques. » Pour le sociologue, cette enquête semble montrer que « les liens entre les Français et l’Église demeurent plus forts qu’on ne le croit ».

Toutefois pour le P. Pierre-Yves Pecqueux, secrétaire général adjoint de la CEF en charge de la démarche « Église en périphérie » cette enquête montre que l’action sociale de l’Église se situe encore en priorité dans les locaux des paroisses…

" Cela nous rappelle dit encore le P. Pecqueux, que nous n’avons pas fini d’aller aux périphéries, comme nous y invite le pape François. Il nous faut encore sortir de nos cadres pour rejoindre les gens là où ils sont, leur offrir un accompagnement large, sans nous cantonner à la distribution de services.

Et développer surtout la transversalité entre les acteurs de terrain, faire connaître ce qui existe pour créer un effet boule de neige. » (source
: CEF)

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