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du 18 au 21 août 2016 (semaine 33)
 


- 21 août 2016
- Soudan
LE RETOUR DES POPULATIONS VERS LE NORD

Cinq ans après la fête du 9 juillet 2011 au jour de son indépendance chèrement conquise, le Soudan du Sud déchante et les Soudanais du Sud retournent par milliers à Khartoum, quittant un pays dévasté par une guerre fratricide.

Elle a éclaté en décembre 2013 opposant les partisans du président Salva Kiir et ceux de son ancien vice-président Riek Machar.

Pour beaucoup, la vie au Soudan du Sud est devenue impossible: faute de sécurité, de nourriture, de travail, d’écoles pour les enfants, d’accès aux soins, des milliers de Sudistes retournent au Nord… “C’est une contradiction, mais c’est la réalité: ils avaient quitté Khartoum avec enthousiasme lors de l’indépendance du Sud en 2011 et ils y retournent!”, lance Mgr Macram Max Gassis, évêque émérite d’El Obeid.

Dans les Monts Nouba, il reste l’infatigable lutteur qui se bat toujours pour la cause des populations de cette région montagneuse du Kordofan du Sud, où les peuplades noires résistent les armes à la main à l’arabisation et à l’islamisation que tente d’imposer le régime de Khartoum.

Il déplore également l’avidité des “élites du Sud ” qui se déchirent à Juba, la capitale du Soudan du Sud.

Selon l’ONU, près d’un million de Soudanais du Sud, essentiellement des femmes et des enfants, ont fui la guerre civile vers les pays voisins, où ils vivent dans des camps surpeuplés.

Riek Machar s’est enfui de Juba après de nouveaux heurts sanglants entre ses troupes et celles du président Salva Kiir. Ces combats ont fait au moins 300 morts dans la capitale sud-soudanaise du 8 au 11 juillet dernier.

Ce regain de violence met en péril l’accord de paix signé le 26 août 2015, censé mettre fin à une lutte pour le pouvoir entre Salva Kiir et Riek Machar, qui a fait déjà des dizaines de milliers de victimes et ruiné le pays.

Cette lutte pour le pouvoir, note Mgr Macram Max Gassis, s’est transformée en une guerre tribale, entre l’ethnie des Dinkas, de Salva Kiir, un catholique, et celle des Nouers, de Riek Machar, qui appartient à l’Eglise évangélique presbytérienne du Soudan du Sud.

L’évêque constate que pour beaucoup, qui voyaient le Soudan du Sud comme une “terre promise”, notamment en raison de ses ressources pétrolières et minérales, la désillusion est grande.

“Tant que subsistera le cancer du tribalisme et de la corruption, l’Afrique n’aura jamais la paix et ne pourra pas se développer!”, lâche-t-il amer, lors de son passage en Suisse du 11 au 16 août à l’invitation de l’Aide à l’Eglise en Détresse (AED).

Si au Soudan du Sud, des ministres, des secrétaires d’Etat, des directeurs, envoient leurs femmes aux Etats-Unis, en Europe ou en Australie et que leurs enfants étudient à l’étranger, tandis qu’il y a des villages vidés de leur population, l’évêque émérite d’El Obeid comme ses confrères entrevoit pourtant des signes d’espoir, comme la présence de l’Eglise dans les différentes ethnies, sans distinction.

Elle travaille à la réconciliation, notamment par le biais du Conseil interreligieux pour une Initiative de Paix (ICPI) et du Conseil des Eglises du Soudan du Sud (SSCC).

Mgr Macram Max Gassis tient également à dénoncer la politique “cynique” de l’Union européenne face aux migrants africains passant par le Soudan. Les médias allemands, notamment l’hebdomadaire ‘Der Spiegel’ et la télévision publique ARD, ont révélé ce printemps que le 23 mars dernier, des responsables européens se seraient entendus discrètement pour que l’Allemagne fournisse du matériel de sécurité aux garde-frontières soudanais, pour la mise en place de centres de rétention pour les migrants qui envisagent de gagner l'Europe.

Originaire de Khartoum, Mgr Macram Max Gassis, qui aura 78 ans le 21 septembre prochain, appartient à la congrégation des missionnaires comboniens du Cœur de Jésus (MCCI). Nommé administrateur apostolique du diocèse soudanais d’El Obeid en 1983, il est devenu, en 1988, évêque de cet immense diocèse comptant quelque 100’000 catholiques dispersés sur une superficie de 889’000 km2, soit vingt et une fois la Suisse. Avec près de 10 millions d’habitants, il est le plus grand du Soudan.

Plus de la moitié de ses habitants sont musulmans, le reste étant divisé entre catholiques, protestants et fidèles des religions africaines traditionnelles. (source :AED)

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