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du 9 au 11 septembre 2016 (semaine 36)
 


- 11 septembre 2016
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LE FRERE ROGER ET LA SPIRITUALITÉ ASIATIQUE

Un colloque avait été organisé du 31 août au 5 septembre 2015, à Taizé. Les actes de ce colloque viennent de paraître aux Presses de Taizé, signé par Mgr Thomas Menamparampil, une figure majeure de l’Eglise catholique en Inde.

Mgr Thomas Menamparampil est un bâtisseur de ponts, engagé de longue date dans la résolution des conflits, nombreux dans le Nord-Est de l’Inde. Familier de la spiritualité de frère Roger et de la communauté de Taizé, il a rédigé cet essai, sous le titre : « L’apport de frère Roger à la pensée théologique en Asie»e c

Frère Roger s’est rendu plusieurs fois en Asie. Il est allé en Inde, au Bangladesh, en Thaïlande, à Hongkong et aux Philippines. Bien que ces séjours aient été courts, il semble avoir perçu la profondeur des peuples asiatiques d’un point de vue religieux.

C’est en effet ce continent oriental qui a donné naissance à la plupart des religions du monde : non seulement le christianisme, le judaïsme et l’islam, mais également l’hindouisme, le bouddhisme, le jaïnisme, la religion parsi, le confucianisme, le taoïsme et le shinto, auxquelles sont encore fidèles des milliards de gens.

Qu’il en ait eu conscience ou qu’il ait été sensible aux vibrations religieuses de l’Asie, frère Roger semblait désireux de construire un lien particulier avec ce continent, en envoyant des frères de la communauté, vivre en petites fraternités au Bangladesh et en Corée, en participant à des rencontres de jeunes et à des célébrations à Chennai (Madras) et à Manille, en confiant à des frères un ministère itinérant dans beaucoup de pays d’Asie, y compris la Chine.

Alors qu’à l’époque actuelle, souligne Mgr Thomas Menamparampil, il est extrêmement difficile de créer un sens du sacré au cours de rassemblements religieux, d’aider les gens à entrer dans la perception du Mystère, frère Roger y est parvenu avec un succès surprenant.

" ... Je ne prétendrai pas qu’il a développé le style de prière de Taizé et la capacité de créer une telle atmosphère, en observant simplement les religions asiatiques. Mais il me semble que tous ceux qui cherchent à entraîner les personnes vers une réflexion au plus profond d’eux-mêmes, arrivent à trouver des points de rencontre.

" Beaucoup de croyants des religions orientales seraient à l’aise dans une célébration sans voix ni personnalités dominantes, où la concentration sur l’invisible et l’exploration des profondeurs seraient accentuées."

" Le sens du sacré apparaît comme un don d’en-haut, mais il est aussi invoqué, communiqué et partagé. Le non-dit joue un grand rôle dans l’accès à cette ressource spirituelle. Les chants sacrés y contribuent aussi. L’usage d’un symbolisme puissant, des lumières, des lampes, des gestes et des mouvements (inclinaisons et prostrations), le fait même de s’asseoir par terre pour s’adresser au Divin (que l’on soit d’un milieu aisé ou non), nous invite à chercher au-delà du visible.

" Comme les religions orientales, les Eglises orientales ne sont pas très enclines à s’interroger sur des vérités informulables, mais préfèrent reconnaître leur profondeur et se tenir devant elles avec une admiration craintive et une fervente adoration. Frère Roger semble avoir compris ces dimensions cachées des traditions orientales de manière assez intuitive, y compris à travers l’usage des icônes.

" Ce n’est pas à la portée de tous de reconnaître que le silence peut être éloquent. Frère Roger fait parti de ceux qui ont senti les forces qui s’y cachent. Le silence n’est pas seulement absence de communication. Au contraire, il est communication intense. Il peut atteindre et transformer le monde intérieur des personnes, l’inconscient collectif des communautés.

" Les efforts de frère Roger ont surtout porté sur la construction de passerelles entre les Eglises en froid. Il était particulièrement attentif à ne pas rouvrir des blessures par des commentaires rapides sur des traditions, des pratiques ou des symboles d’une autre Eglise, ou sur des événements historiques les concernant.

..." L’effort œcuménique de frère Roger était conduit par son engagement pour la paix dans le monde. Guérir des blessures historiques n’est pas facile. Le Mahatma Gandhi a reconnu qu’il y avait échoué. Des leaders de la stature de Jean-Paul II ou de Mère Teresa ont essayé d’apporter leur contribution à cette mission. Aujourd’hui, cela doit devenir un objectif central dans notre mission évangélisatrice." poursuit Mgr Thomas Menamparampi.

" Frère Roger n’a peut-être pas développé une théologie de concepts, de définitions et d’argumentations à l’adresse de la famille des intellectuels, mais il a développé une pédagogie de la communication du message évangélique par des images, des symboles, des chants, des silences, des expériences spirituelles, le choix de textes bibliques et des styles de relation qui touchent l’inconscient collectif de la communauté chrétienne et, j’ose le dire, de l’humanité.

" Une telle pédagogie invite les gens à entrer dans leurs profondeurs. Elle communique, guérit, partage, célèbre, révèle, et elle les introduit dans les mystères indicibles et insondables du Christ. La communication théologique de l’avenir aura peut-être à emprunter massivement à cette pédagogie, si elle veut construire des ponts vers un monde qui se cherche et hésite. (source
: cath.ch)

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