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du 20 au 23 octobre 2016 (semaine 42)
 


- 23 octobre 2016
- Chine
LES TENSIONS ENTRE LES DEUX "EGLISES" asiea


A l’orée de nouvelles négociations entre Rome et Pékin, des tensions se font jour au sein de l’Eglise en Chine, venant de la partie « clandestine » de l’Eglise et que surgissent des « évêques » qui n’ont pas été nommés par le pape.

De l’Eglise catholique en Chine, chacun sait qu’elle est divisée en une partie « officielle », s’accommodant peu ou prou de la tutelle de l’Association patriotique des catholiques chinois, et d’une partie « clandestine » qui refuse d’avoir affaire avec cette structure conçue par le pouvoir communiste chinois pour contrôler l’Eglise de Chine.

Toutes les tentatives issues ces dernières temps des rangs des catholiques chinois pour parvenir à une unité dépassant cette division « officiel » / « clandestin » se heurtent systématiquement aux manœuvres du pouvoir en place, comme en témoignent les difficultés faites au diocèse de Wenzhou ces dernières semaines.

L’apparition publique d’un « évêque » de la partie « clandestine » de l’Eglise non reconnu par Rome vient compliquer la présentation schématique de l’Eglise de Chine comme étant une communauté divisée sur une ligne de fracture « officiels » / « clandestins ». Depuis le 10 octobre, l’Internet catholique chinois bruisse en effet des conséquences du surgissement public de « Mgr Paul Dong Guanhua » comme « évêque » de Zhengding, un diocèse numériquement important de la province du Hebei.

Dans l’esprit d’une partie des catholiques « clandestins », il est très difficile d’imaginer que le Pape réintègre dans la communion de l’Eglise des évêques « officiels » sans faire de même pour les évêques « clandestins » qui ont été ordonnés sans mandat pontifical. En

filigrane se lit la frustration de certains milieux « clandestins » à l’endroit de Rome qui ne comprennent pas les négociations menées actuellement par le Saint-Siège avec Pékin. Ils ressentent notamment que, tout au long de ces dernières années, Rome n’a pas nommé d’évêques « clandestins » mais seulement des administrateurs apostoliques pour s’occuper de leurs communautés, et ils craignent que Rome accepte de conclure un accord avec Pékin qui ne suffise pas à garantir le degré de liberté religieuse auquel ils aspirent pour l’Eglise en Chine.

Il est a noter un événement qest passé relativement inaperçu ces derniers jours et c’est peut-être lui qui a suscité les tensions auxquelles on assiste actuellement. Le 5 octobre dernier, à l’issue de la traditionnelle audience du Saint-Père place Saint-Pierre, le Pape a posé pour une photo devant un groupe de pèlerins chinois emmené par Mgr Joseph Xu Honggen.

Or Mgr Xu, évêque de Suzhou, dans la province du Jiangsu, est un évêque « officiel », reconnu tant par Rome que par Pékin. Si ce n’est pas la première fois qu’un évêque chinois voit le pape, de telles rencontres, ces dernières années, ont été menées dans la plus grande discrétion, qu’il s’agisse d’évêques « officiels » ou « clandestins ».

Cette fois-ci, le caractère public de la rencontre a été très mal vécu par les milieux « clandestins », qui y ont vu comme une affirmation du pouvoir de l’Association patriotique des catholiques chinois, car Mgr Xu, selon eux, n’a pu rencontrer le Pape qu’avec l’autorisation de l’Association.

Au même moment, dans le diocèse de Wenzhou, Mgr Shao Zhumin était empêché par la police chinoise d’exercer son ministère d’évêque alors même que Rome souhaite le voir prendre la tête de l’ensemble de la communauté catholique locale, « clandestine » et « officielle ».

Pour certains observateurs proches des milieux ecclésiaux chinois, en l’absence d’informations précises sur la forme que pourrait prendre un éventuel accord entre la Chine et le Saint-Siège, il existe risque très réel de voir un schisme se produire au sein de l’Eglise en Chine.

Un risque souligné depuis plusieurs années par le cardinal Zen Ze-kiun, ancien évêque de Hongkong, qui a régulièrement alerté sur le sentiment d’isolement que les catholiques « clandestins » pouvaient ressentir face à la perspective de devoir un jour être intégrés à une Eglise « officielle » incapable de se défaire du contrôle étroit que le gouvernement en place exerce sur toutes les religions présentes en Chine. (source
: Mepasie)

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