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Du 10 au 17 mars 2017 (semaine 11)
 


- 17 mars 2017
-Philippines
LA PEINE DE MORT ET ET LE PRESIDENT DUTERTRE

L’Église catholique aux Philippines se dit « en deuil » après que la Chambre des représentants a approuvé, mardi 7 mars, la réintroduction de la peine capitale pour des délits liés à la drogue.

Voulu par Rodrigo Duterte pendant sa campagne présidentielle, le projet de loi a été promu par la coalition qui soutient le président philippin. Ce projet de loi doit maintenant être examiné par le Sénat, une assemblée de 24 membres au sein de laquelle le parti du président Duterte détient la majorité des voix;

Ce vote consterne Mgr Socrates Villegas, archevêque de Lingayen-Dagupan et président de la Conférence épiscopale des Philippines (CBCP). Il a déploré que la Chambre « ait donné à l’État l’autorisation de tuer ».

Selon Mgr Villegas, les évêques « ne se sentent pas pour autant vaincus, pas plus, disent-ils, qu’ils ne pourront être réduits au silence ».

« En cette période de Carême, nous nous préparons à célébrer le triomphe de la vie sur la mort », rappellent les évêques dans une déclaration officielle de la CBCP. « Et alors que nous sommes attristés par le fait que la Chambre a voté en faveur de la mort, notre foi nous assure que la vie triomphera. »

Dans ce même communiqué, l’épiscopat philippin invite les fidèles à « se mobiliser et à manifester l’esprit d’opposition » à la peine de mort. Il demande aux avocats, aux juges et aux juristes catholiques « de permettre à la douceur de l’Évangile d’illuminer leur action et l’application de la loi », en « apportant la vie dans leur service de la société ».

Un moratoire a été respecté pendant plus de vingt ans Prévue au sein de l’ordonnancement juridique (Constitution, Lois, règlements administratifs) de la République des Philippines née en 1946, la peine capitale demeura également en vigueur sous la dictature de Ferdinando Marcos (1965-1986). Elle fut suspendue en 1987 sous la présidence de Corazon Aquino, avant d’être réintroduite par le gouvernement de Fidel Ramos (1992-1998) pour les « crimes atroces »

À l’époque, l’Union européenne était intervenue à plusieurs reprises auprès des autorités philippines, en vue du maintien de ce moratoire. En juin 2006, la veille de son voyage au Vatican, la présidente Gloria Macapagal Arroyo (2001-2010), avait signé une loi abolissant la peine de mort. La peine capitale avait été remplacée par une peine de 40 ans, ou à perpétuité avec possibilité d’une grâce présidentielle.

Le 18 février 2017, lors d’une « Marche pour la vie », entre 10 000 et 20 000 Philippins avaient manifesté, à l’appel de l’Église catholique – en présence du cardinal Luis Antonio Tagle, archevêque de Manille – contre les meurtres extrajudiciaires et la perspective du prochain rétablissement de la peine de mort.

Auparavant, la Conférence épiscopale avait vigoureusement dénoncé le « règne de la terreur » qui était imposé aux communautés pauvres par la campagne massive d’exécutions extrajudiciaires déclenchée par Rodrigo Duterte.

Le président philippin a répondu avec virulence, en stigmatisant « l’hypocrisie » de l’Église catholique. Elle l’accuse de s’opposer à la campagne présidentielle destinée à « délivrer des générations de Philippins de la menace de la drogue. (source : Mepasie)

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