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Du 8 au 11 septembre 2017 (semaine 36)
 


- 11 septembre 2017
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L'AUTOFINANCEMENT DE L'AFRIQUE, SOUCI DE L'EGLISE CATHOLIQUE

Librairies, fermes et même pharmacies et moulins… Face à l’augmentation du nombre de fidèles et à la baisse des financements internationaux, les catholiques multiplient les initiatives pour financer leurs activités.

La Conférence épiscopale du Togo, à Lomé, élève le centre d’accueil de la Caritas Togo, qui abritera des réceptions, des séminaires et autres manifestations, qui permettront de générer des revenus pour financer… le fonctionnement de la Caritas.

Pour cela, le P. Benoît Hodanou, secrétaire général de la Caritas et l’Église ont créé, une semaine destinée à lever des fonds au cours de quêtes organisées dans les paroisses.

« Depuis dix ans, les fonds distribués par les bailleurs internationaux sont en chute libre », constate le P. Hodanou. Depuis quelques années, le CCFD françaiset et la Deutsche Caritasverband – la Caritas allemande – ont d’ailleurs retiré une partie de leurs financements, préférant subventionner les investissements plutôt que les dépenses de fonctionnement.

À l’instar de cette organisation catholique togolaise, les paroisses, mouvements et diocèses africains, confrontés à une croissance exponentielle du nombre de fidèles conjuguée à la baisse des aides internationales, sont de plus en plus nombreux à développer leur propre modèle de financement.

Ce phénomène, regroupé sous l’expression un peu floue d’« auto-prise en charge », se développe sur tout le continent, tentant ainsi de remédier à la dépendance financière à l’égard des donateurs internationaux.

Les évêques togolais prennent très au sérieux cette dimension, comme ceux du Burkina Faso et du Niger, qui ont même établi en 2008 une « stratégie nationale d’auto-prise en charge ».

« Les ressources manquent pour la vie et la pastorale », notait, en 2012, le P. Joanny Kouama, chargé par les évêques burkinabés de mener une étude sur l’auto-prise en charge. « Les fidèles répondent de plus en plus aux sollicitations financières, s’acquittent de plus en plus de leur denier du culte, même si souvent les multiples quêtes risquent de les essouffler… », poursuit-il.

À Katiola, dans le nord de la Côte d’Ivoire, le diocèse s'est lancé dans l’exploitation d’initiatives d'auto-financement.

Dès 1975, les évêques de Haute-Volta (l’actuel Burkina Faso) alertaient ainsi sur le devoir pour les fidèles de « s’habituer à prendre totalement en charge leurs églises, leurs institutions, leurs prêtres ». « Depuis, qu’avons-nous fait en ce sens ?, interrogent les évêques burkinabés dans un récent rapport. Il y a un effort réel, mais de la part de quelques-uns seulement. »

En 1995, dans l’exhortation "Ecclesia in Africa", Jean-Paul II insistait : « Il est nécessaire que toute communauté chrétienne soit en mesure de pourvoir par elle-même, autant que possible, à ses propres besoins. » Avant d’ajouter : « Il est donc urgent que les Églises particulières d’Afrique se fixent pour objectif d’arriver au plus tôt à pourvoir elles-mêmes à leurs besoins et à assurer leur autofinancement. »

Au Bénin, où l’agriculture est l’un des fondements de l’économie, la Conférence épiscopale entretient une ferme gérée par un prêtre », explique le P. Éric Okpeitcha, le porte-parole de la Conférence. « Chez nous, l’Église croît à toute vitesse, ainsi que ses besoins. Nous n’avons que 150 ans !

" Et, en même temps, les apports de l’extérieur, qu’ils viennent de Rome ou des diocèses français, qui jadis nous aidaient beaucoup, diminuent grandement », poursuit-il . « Notre Église, c’est notre affaire, résume-t-il. Le Seigneur nous a donné des terres et deux saisons des pluies. À nous d’en tirer parti. »

Pour beaucoup, les débats autour de l’autofinancement vont bien au-delà des questions économiques. « C’est une prise de conscience que l’Église est une famille à laquelle chacun appartient, estime le P. Éric Okpeitcha. Il faut que les gens prennent conscience de cela." (source : Fides)

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