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Du 8 au 11 septembre 2017 (semaine 36)
 


- 11 septembre 2017
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PRIS EN ETAU ENTRE LA TURQUIE ET LA SYRIE

À Mardin, entre réfugiés en fuite et djihadistes de passage, les syriaques attendent qu’Ankara leur restitue leurs antiques propriétés confisquées « J’ai presque envie de dire que nous vivions mieux sous l’Empire ottoman,»

" Le système des millets nous garantissait plus d’autonomie », dit le P. Gabriel, prêtre syro-orthodoxe, indiquant les terrains appartenant au monastère de Safran, merveilleux complexe de pierre dans la province Sud-Orientale turque de Mardin.

Fondé il y a plus d’un millénaire et demi, il fut longtemps le siège du Patriarcat des syro-orthodoxes qui se trouve maintenant à Damas. Il s’agit d’une des communautés chrétiennes les plus vieilles du monde, et le père Gabriel explique qu’elle traverse à nouveau une période difficile.

Les autorités turques ont fait depuis peu un petite marche arrière après avoir confisqué les propriétés syriaques, dont des monastères, des églises, des terrains et des cimetières. Mais elles n’ont pas encore décidé de les rendre.

« Nous avons présenté un recours, et au début, les choses semblaient bien se passer. Le Diyanet, le ministère turc des Affaires religieuses, a dû rendre les propriétés au ministère du Trésor. Actuellement, elles sont bloquées là, comme dans les limbes. Si elles ne nous seront pas rendues, ce serait un coup dur pour notre communauté ».

« Le problème de la communauté syriaque est qu’elle n’a pas été reconnue comme minorité religieuse par le Traité de Lausanne en 1923 »,

La communauté syriaque-orthodoxe de Turquie s’est redimensionnée au fil des ans, suite aux conflits plus ou moins graves avec les institutions. Les massacres des Jeunes-Turcs, qui firent 250.000 morts parmi les chrétiens syriaques durant les années du génocide des arméniens, décimèrent la communauté il y a environ un siècle. Plus récemment, l’émigration a réduit le nombre de fidèles à 25 000 personnes seulement, encore en diminution constante.

La guerre entre l’Etat turc et le PKK, le parti des travailleurs du Kurdistan, mouvement pour l’autonomie démocratique kurde considéré comme terroriste par Ankara, ensanglante la région et finit par compliquer aussi la vie des chrétiens, bien qu’ils soient extérieurs au conflit.

« L’affrontement entre deux nationalismes, turc et kurde, ne peut que provoquer des malheurs à une minorité », dit le P. Gabriel,

Aujourd’hui, ce sont des terres prises en étau entre la Syrie et la Turquie : entre les réfugiés qui fuient la guerre et les djihadistes étrangers qui vont combattre, entre les guérilleros kurdes et les soldats de l’armée turque, les syriaques sont livrés à eux-mêmes. Et ils poursuivent leur bataille légale avec les institutions. « Il en va de notre survie », dit le P. Gabriel.

« Aujourd’hui les principales communautés syro-orthodoxes se trouvent en Inde, aux États-Unis, en Allemagne et en Suède » raconte-t-il. Il est arrivé au monastère de Safran après les étapes monastiques à Jérusalem et à Damas, siège du patriarcat syriaque orthodoxe depuis 1959 (après un passage à Homs). Il y vit avec trente moines en essayant de naviguer au milieu des nombreux pièges de la politique locale et en priant en araméen – « la langue que parlait Jésus », tient-il à rappeler. «

" L ’affront de la confiscation des propriétés ne fait certainement aucun bien à notre relation avec le gouvernement ». (source
: .Oasis)

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