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2005-01-06 - Belgique
ÉCHOS DU CONGRÈS DES IMAMS.
Le premier "Congrès mondial des Imams et Rabbins pour la Paix" s'est terminé ce 6 janvier à Bruxelles. Une première démarche, timide et pleine de promesses, dans un dialogue difficile à s’exprimer, de la part des uns et des autres.
De nombreuses sensibilités étaient représentées à ce Congrès et la déclaration finale commune est plus un appel que l’amorce de décisions concrètes, si ce n’est la création d'un comité permanent qui est considérée par tous comme un premier pas dans une démarche de dialogue, de paix et de fraternité.
Au terme d'une rencontre de quatre jours, une déclaration finale a été signée par un comité de 8 membres choisis parmi les religieux et les experts assistant au congrès. "Nous, dirigeants religieux, imams et rabbins, représentants des communautés musulmanes et juives du monde entier, réunis pour le Premier Congrès Mondial des imams et rabbins pour la paix, déclarons notre engagement à œuvrer pour mettre fin aux effusions de sang et aux attaques à l'encontre d'êtres humains innocents, qui violent le droit à la vie et à la dignité donnés à tout être humain par le Tout Puissant."
Mais quel est le poids de ces « représentants » auprès des instances chiites, sunnites, juives, israéliennes.
Pour Alain Michel, le président de la fondation « Hommes de paroles » qui est à l'initiative de la rencontre, il est déjà très encourageant qu’il y ait eu "réelle condamnation de toute violence faite au nom de Dieu."... "Les 2 à 3 % d'extrémistes qui ne nous représentent pas ne monopoliseront plus 90% de la couverture médiatique".
Dans
cette déclaration commune, le congrès proclame cinq appels et engagements. "Nous faisons appel à tous pour combattre la haine, l'ignorance ainsi que leurs causes et à construire ensemble un monde de paix, riche de sa diversité, dans lequel toutes les fois et leurs pratiques seront respectées et protégées".
"Nous appelons les dirigeants politiques de tous les peuples à travailler à des solutions de paix justes et durables partout sur la planète, et, en particulier en Terre Sainte, pour le bien de tous les peuples et des communautés de foi qui y vivent et pour qui cette terre est chère".
"Nous nous engageons à poursuivre une quête commune en faveur des Droits de l'Homme, pour tous les hommes, les femmes et tous les peuples... Droits sans lesquels aucune paix n'est possible".
"Nous appelons tous les dirigeant religieux des congrégations juives et musulmanes du monde entier à adresser régulièrement à leurs communautés des sermons et des messages sur l'importance du respect interreligieux et respect de la vie humaine en toute circonstance".
La déclaration se termine donc en annonçant l'établissement de ce comité conjoint permanent dont le rôle serait "d'aider à la mise en place de l'ensemble de ces engagements et de proposer régulièrement un programme d'initiatives qui s'accordent avec l'ensemble des propositions présentées lors du congrès - et qui s'inscrivent dans son esprit - pour le bien-être de tous les peuples".
Ce début de dialogue est certes imparfait, déclare Cheikh Ahmed Aabaddi, directeur des affaires islamiques du gouvernement marocain, et membre du comité de cette déclaration finale : "Ce n'est qu'un début, et souvent, les début sont imparfaits".
En effet, beaucoup de rabbins et d'imams présents n'avaient jamais fait l’expérience d’un dialogue interreligieux. Mais la question reste entière pour le rabbin suisse Guedj : "Comment convaincre nos extrémistes de revenir à un Islam ou à un Judaïsme modéré, éclairé ? Pourquoi, nous ne disons rien, nous rabbins, quand des exactions sont commises sur des Palestiniens ? Pourquoi, nous ne disons rien, nous imams, quand des décapitations ont lieu au nom de Dieu ?".
En cela ils rejoignent une des préoccupations de l’Islam africain dont parle « Le Soleil » du 5 janvier, un quotidien de Dakar : "Les tendances radicales ont commis le " péché " de focaliser l'attention sur une variante non représentative de la pensée islamique dans sa totalité. A entendre certains discours " islamiques " produits çà et là, on a l'impression d'être en présence d'une religion à pensée unique, pis, dans laquelle, il ne serait même pas permis de penser."
… "Cette situation maintes fois décriée par des intellectuels incompris a plongé les Musulmans, depuis la malheureuse fermeture de la porte de l'ijtihâd (effort personnel de recherche et d'interprétation circonstanciée), dans une sorte de mimétisme social. Et, depuis, tout un système religieux est réduit à des bribes d'identités à sauver ou des apparences vestimentaires voire de pilosité. On en est arrivé à un point où certains musulmans considèrent d'autres comme " moins musulmans " ou " hétérodoxes ".
…"Il est un procédé des plus insidieux de l'obscurantisme contemporain et de l'islamophobie ambiante qui consiste à jouer sur le flou dans lequel sont volontairement enfermées les notions employées. L'attitude de ces nouveaux mouvements, combattant les confréries et le soufisme en opérant des greffes idéologiques, procédant par intimidation, voire excommunication, cache, peut-être, d'autres problèmes qui ne sont pas que religieux." (source et information : Allafrica - Hommes de parole)
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