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FlashPress - Infocatho
13 au 15 janvier 2005 (semaine 02)
 

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2005-01-15 - RD Congo
L'ÉTAT, L'ÉGLISE, LES ENSEIGNANTS ET LES PARENTS.

Il y a quelques années, l’Église catholique avait accepté de cautionner la prise en charge des enseignants par les parents d’élèves pour les aider à continuer de donner leurs cours malgré le non payement de leurs salaires par le gouvernement qui ne pouvaient les assurer en raison de la situation du pays.

Mais les choses doivent revenir à un statut plus normal : c'est à l'État d'assumer l'enseignement. L'Abbé Fulgence Muteba, secrétaire général de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO), a confirmé la semaine dernière la décision des évêques de supprimer, à partir de janvier 2005, dans les écoles conventionnées, ce système de prise en charge des enseignants par les parents d'élèves.

En clair, à partir de cette date, aucun parent d’élève de "l'Enseignement primaire, secondaire et professionnel" du Congo, l’E.P.S.P. en général, et d'une école publique relevant des coordinations et sous coordinations catholiques en particulier, n’aura à payer les frais nommés : "frais de motivation des professeurs ou frais de prise en charge des enseignants par les parents d'élèves".

Pour les opérateurs du secteur scolaire, ceci est un simple rappel de la position des évêques catholiques qui, lors de cette mise en place de la prise en charge par les parents, n'ont cessé d'affirmer depuis le début de cette année scolaire 2004-2005 que ce système devait prendre fin au plus tard avec l'expiration de l'année 2004.

Le secrétaire général de la Conférence épiscopale a tenu à encourager le gouvernement dans la prise en charge de ses employés, particulièrement des enseignants. Il semble avoir été entendu puisqu'elle a effectivement été inscrite au budget 2005, mais reste alors à concrétiser dans le fait cette volonté affichée.

Pour l'Eglise catholique, le système de prise en charge des enseignants par les parents d'élèves a prouvé ses propres limites. Il favorise la privatisation rampante des écoles publiques dans tous les réseaux d'enseignement, c'est-à-dire conventionnés et non conventionnés.
L’Église catholique avait accepté ce système dans le seul but d'aider les enseignants qui continuaient à donner leurs cours d'être salariés, malgré le non payement de leurs salaires par le gouvernement.

Les parents à travers leur Association Nationale des parents d'élèves et étudiants du Congo (Anapeco) et les Evêques catholiques de la justesse du nouveau système qui venait d'être autorisé dans les écoles. Mais il
devait être limité dans le temps et visait seulement à permettre au gouvernement à reprendre souffle et à assurer la paie régulière des enseignants après une année, afin d’éviter la répétition d'une nouvelle année blanche aux élèves et à soutenir uniquement les enseignants qui continuaient à donner les cours malgré les difficultés de tout genre qu'ils rencontraient.

Enfin, dès le début ce système était conçu pour être solidaire, c'est-à-dire, les enfants issus des milieux pauvres ne devaient pas être chassés de l'école.

Actuellement, toutes ces précautions ne valent plus rien devant la cupidité de certains gestionnaires d'écoles qui ont profité de ce système pour l’utiliser comme une source d'enrichissement personnel. Cela au détriment même des élèves et des enseignants. La charité chrétienne - fer de lance de toute action de l'Eglise - a totalement disparu des préoccupations de ceux qui exploitent de manière égoïste ce système.

Loin de ramener la tranquilité parmi les enseignants, il est devenu le principal objet des disputes à l'école, favorisant même une concurrence déloyale entre écoles privées, qui paradoxalement ont eu à faire payer des taux plus bas que les écoles publiques. L'Etat doit donc réapprendre à s'acquitter de ses obligations comme il le fait dans d'autres domaines.

Les syndicats des enseignants de l'EPSP a apporté son soutien à cette position courageuse de la Conférence épiscopale, la Cenco, par la déclaration de M. Kompany Laka, porte parole de la plate forme des syndicats des enseignants et secrétaire général de Syndicat des Enseignants de Carrière. Les syndicats attendent ainsi des actions concrètes du gouvernement pour éviter des troubles dus à des grèves dans ce secteur vital pour l'éducation de la jeunesse. (source : Allafrica)

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