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19, 20 et 21 janvier 2005 (semaine 03)
 

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2005-01-21 - Espagne
UNE DÉCLARATION AMBIGUË OUVRE UNE POLÉMIQUE.

En moins de 24 heures, une déclaration du secrétaire général de la Conférence épiscopale espagnole a remué l'Église catholique, locale et romaine, : le 18 janvier, le préservatif avait sa place "dans le contexte de la prévention intégrale et globale du sida" et le 19, le même annonçait qu’il n’était pas possible d’en conseiller l’usage.

En fait sa déclaration était peut-être maladroite et mal interprétée. Et de leur côté, les médias et certains milieux politiques ont été un peu rapides pour lui faire dire ce qu’il n’avait pas dit en quelques minutes, à l’improviste et dans des termes ambigües qui pouvaient certes conduire à des interprétations diverses. La Conférence épiscopale espagnole et le Conseil Pontifical pour la pastorale de la Santé ont remis les choses au point.

Le Père Martinez Camino, le secrétaire général à l'origine de tout cela, avait déclaré à l'issue de sa rencontre avec la ministre espagnole de la santé, Elena Salgado, que les préservatifs avaient leur rôle dans une prévention intégrale et globale du sida, pour lutter contre la pandémie du sida, tout en rappelant la position de l'Eglise, qui prône la chasteté et la fidélité.

Le Père avait en effet discuté avec la ministre de la Santé du programme de prévention appelé ABC, proposé par de prestigieux scientifiques et des spécialistes de rang international. Ces spécialistes affirment que les politiques de prévention de la transmission du sida par voie sexuelle, "pour être complètes et efficaces, doivent se baser sur la recommandation – dans l'ordre - de l'abstention, la fidélité et l'usage de préservatifs. L'Organisation Mondiale de la Santé dit la même chose".

"L'Eglise catholique espagnole soutient l'utilisation du préservatif", a rapidement titré la presse nationale et internationale. Devant le retentissement de ces déclarations, les évêques espagnols, plutôt conservateurs, se sont rapidement désolidarisés de leur secrétaire. Rome intervient alors.

Le Père Juan Antonio Martinez Camino rectifie ses propos sur l'usage du préservatif. Il précise que cet usage est "immoral". Dans une "Note de presse sur le sida et le préservatif" publiée mercredi, la Conférence des évêques espagnols affirme qu'"à la différence que ce qui a été affirmé par diverses instances", la doctrine de l'Eglise sur le préservatif n'a certainement pas changé : "l'unique défense admissible contre la maladie est la chasteté".

A Rome, Mgr Redrado Marchite, évêque espagnol et secrétaire du Conseil pontifical pour la santé, déclare : "Il y a 40 moyens offerts par les scientifiques pour combattre le sida. Le préservatif est l'un de ces moyens. J'estime que le porte-parole de la conférence épiscopale espagnole, le père Juan Antonio Martinez Camino, s'est borné à dire cela.Après, il y la conscience et la foi qui doivent intervenir. Un catholique devra les écouter pour être cohérent et rejeter le recours au préservatif, un moyen que la morale catholique condamne", ajoute-t-il.

Le jeudi 20 janvier, dans l'édition du quotidien italien "La Repubblica", le cardinal Lozano Barragan, président du Conseil pontifical pour la pastorale de la santé affirme que "L'Eglise ne change pas et ne changera jamais ses principes". Et de relever que la position des évêques espagnols est la même que celle de toute l'Eglise: "Elle n'accepte pas non plus l'usage des préservatifs comme solution au problème du sida".

S'exprimant par ailleurs sur "la doctrine du pape", le cardinal précise qu'elle est "globale et destinée à combattre le sida avec tous les moyens pour défendre la vie", ajoutant qu'il fallait vivre selon "la chasteté et ne pas forniquer, dans tous les cas, la vie naît du rapport sexuel et à l'intérieur du mariage".

C'est pourquoi, dit-il encore, "l'utilisation du préservatif pour empêcher la propagation du sida n'est pas acceptable"... "Ceci n'est pas une position négative, nous le faisons pour défendre la vie".

Le même cardinal est en effet nuancé de ses affirmations. A la question de savoir si une femme qui sait son mari malade du sida a le droit de lui demander d'utiliser le
préservatif, il avait répondu que "c'est son droit (…) Elle peut demander à son mari de mettre un préservatif".

Il y a un mois, Jean Paul II a offert 100.000 euros au "bon samaritain", une fondation du Vatican créée pour assister les victimes du Sida dans le monde.
En présentant cette initiative, le même cardinal Javier Lozano Barragan avait rappelé que le Sida a tué 22 millions de personnes dans le monde depuis son apparition et près de 38 millions de personnes sont actuellement malades.

Il avait alors
rejeté les critiques portées contre l'Eglise catholique parce qu'elle interdit le recours aux préservatifs comme moyen de prévention contre cette épidémie. "Je me fiche en ce moment du problème moral. Chacun a le droit d'avoir son point de vue à ce sujet. Mais pendant que l'on discute s'il faut dire oui ou non aux préservatifs, des milliers de personnes meurent"..."Cela me rappelle les théologiens qui discutaient sur combien de diables il pouvait y avoir sur une pointe d'épingle alors que Constantinople tombait..", a-t-il ajouté.

"Ce qui est important, avait-il conclu, c'est que des gens sont en train de mourir et que nous devons les secourir". (source et information : presse - Conférence des évêques espagnols - Service de presse du Vatican-VIS)

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