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19, 20 et 21 janvier 2005 (semaine 03)
 

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2005-01-21 - Espagne
AUTOUR DE LA DÉCLARATION ESPAGNOLE SUR LE SIDA.


Les remous qu’ont provoqués les diverses déclarations du porte-parole de la Conférence épiscopale espagnole puis le mise au point de cette même conférence, rappellent ce qui s’est passé en 1996, quand un document de l'épiscopat français – « Sida, la société en question » -- jugeait le préservatif "un moyen de prévention nécessaire".

Quelques jours en effet après la publication de ce document, le président de la commission sociale des évêques de France, Mgr Albert Rouet, avait jugé "abusif et erroné de présenter le travail de la commission sur le Sida comme une rupture avec l'enseignement de l'Eglise, voire une opposition". A l'époque, le Vatican n'avait pas pris officiellement position sur le document de l'épiscopat français. Mgr Fiorenzo Angelini, président du conseil pontifical pour la Santé, avait seulement accusé la presse internationale de vouloir "allumer un incendie sur ce thème".

Neuf ans plus tard, le Vatican se refuse également à toute déclaration officielle sur les déclarations du secrétaire général de la conférence épiscopale espagnole, tandis que le secrétaire du Conseil pontifical pour la santé, l'évêque espagnol José Luis Redrado Marchite, dans une déclaration à la presse, déclare douter que l'Eglise de son pays ait décidé de rompre avec la ligne officielle du Vatican qui interdit le recours aux préservatifs comme moyen de prévention contre cette épidémie et recommande l'abstinence.

"Il y a 40 moyens offerts par les scientifiques pour combattre le sida. Le préservatif est l'un de ces moyens. J'estime que le porte-parole de la conférence épiscopale espagnole, le Père Juan Antonio Martinez Camino, s'est borné à dire cela", affirme-t-il.


De son côté l
’Agence française AFP a interrogé plusieurs conférences épiscopales.

Certaines ont refusé de répondre. D'autres ont exigé "une "demande formelle écrite adressée au président de la Conférence épiscopale".

Parmi les réponses, il est intéressant de noter les nuances de langage. "Nous sommes sur la même ligne que Rome", ont ainsi assuré les évêques suisses. La conférence des évêques croates affirme que les évêques sont "contre l'utilisation du préservatif".

"Ce sujet n'a jamais été abordé par la conférence épiscopale autrichienne", répond son porte-parole Erich Leitenberger, et de leurs côtés, la Conférence épiscopale allemande et celle des Pays-Bas disent ne pas encore connaître exactement la teneur des propos du secrétaire général de la Conférence épiscopale espagnole. "On nous a dit qu'une déclaration détaillée devait être faite aujourd'hui et nous ne voulons pas commenter à ce stade", a expliqué le porte-parole du secrétariat de la conférence épiscopale aux Pays-Bas, Jan Willem Wits.

Le porte-parole des évêques de Belgique a une position plus nuancée encore. "Nous défendons l'idéal d'une vie affective et sexuelle stable dans le cadre du mariage. Mais ceux qui n'ont pas les capacités de vivre cet idéal, ceux qui ont une vie sexuelle autre, papillonnante, doivent prendre leurs responsabilités, et doivent prendre les moyens nécessaires pour ne pas propager le Sida".

Dans un entretien publié le vendredi 21 par le quotidien catalan "La Vanguardia". le porte-parole du Saint-Siège, Joaquin Navarro Valls, s'est déclaré "peu intéressé" par le préservatif, qu'il appelle un "ustensile" qui ne traite pas à son origine la question de la dissémination du sida.
"Je ne blâme pas, dit-il dans "La Vanguardia", la discussion qui s'est ouverte ces derniers jours en Espagne, mais le thème de fond tourne autour de l'anthropologie, du sens de la sexualité."

"Voir dans cet ustensile la solution unique, revient à ne pas traiter le problème à son origine", et à oublier le "sens de la sexualité" humaine liée à l'amour entre l'homme et la femme et la procréation, ajoute-t-il. "Si vous me dites que vous avez mal à la tête, je ne vais pas me contenter de vous donner un analgésique. Je chercherai l'origine de ce mal de tête."

Et le pape ? Pour ainsi dire, c'est le plus silencieux. Le même vendredi 21 janvier en s'adressant à l'assemblée plénière du Conseil pontifical chargé des problèmes concernant la santé, il a demandé à l'Eglise d'aider les victimes du Sida, surtout dans les régions les plus frappées, mais il n'a fait aucune allusion aux polémiques sur le recours au préservatif. "L'Eglise doit assurer une attention particulière à ces zones du monde où les malades de Sida n'ont pas d'assistance", a-t-il déclaré.

Il a rappelé alors que le Saint-Siège a créé la Fondation "Le bon samaritain" chargée "de contribuer à aider les populations les plus menacées par le Sida avec le soutien nécessaire de moyens thérapeutiques". Il a ensuite salué "la contribution précieuse du Conseil dans la formation des consciences" afin "d'orienter les sociétés civiles vers les buts exigeants de la civilisation de l'amour". (source et information : presse - Service de presse du Vatican-VIS)

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