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FlashPress - Infocatho
12 et 13 février 2005 (semaine 06)
 


2005-02-13 - Irak
LA CHARIA ET L'ISLAMISATION QUI EST EN VUE.

Ce sont les chrétiens et les autres minorités non musulmanes qui vont souffrir le plus si la loi islamique - la charia - est imposée en Irak, estiment la plupart des responsables religieux.

Les résultats des élections annoncés dimanche ont consacré la victoire des chiites qui, avec plus de 48% des voix, soit 140 sièges sur 275, dépassent la majorité absolue au parlement.
La liste chiite parrainée par le grand ayatollah Ali Sistani est suivie de celle de l'alliance des partis kurdes (25,7% des voix, 75 sièges) et de celle du Premier ministre, Iyad Allaoui (13,8%, 40 sièges). Ces résultats constituent un revers politique pour les sunnites (20% des 27 millions d'Irakiens) et signent l'arrivée au pouvoir des chiites (60% de la population),

Or les partis musulmans chiites ont l'intention d'imposer la charia comme source unique de la législation. "Il a toujours été clair que depuis l'invasion (américaine) en 2003, l'Irak deviendra une nation islamique, quelles qu'en soient les conséquences pour les minorités," estime le Père Justo Lacunza Balda, directeur de l'Institut Pontifical d'Etudes Arabes et Islamiques (PISAI) à Rome.

Durant son mandat de 11 mois, cette Assemblée sera chargée de rédiger un projet de Constitution permanente. Le Grand Ayatollah Mohammad al-Fayad n'a pas fait mystère des intentions des religieux: les membres du clergé et "la majorité du peuple irakien veulent que l'Assemblée nationale fasse de l'islam la seule source de la législation dans la Constitution permanente."

La charia, qui en plus d'être un système de justice criminelle est aussi un code religieux pour la vie quotidienne, "sera discriminatoire envers les minorités, comme les juifs, les chrétiens ou les zoroastriens," estime le P. Balda. Selon CNS, un autre responsable religieux pense que si la charia devenait la loi de la nation, "cela pourrait causer de sérieuses difficultés" car on l'imposerait alors aux non-musulmans, violant ainsi leur liberté religieuse.

A ses yeux, le Grand Ayatollah Ali al-Sistani, la figure religieuse la plus populaire du pays, "est le plus libéral" des leaders chiites irakiens. Al-Sistani "a exclu que la nouvelle Constitution irakienne ressemble à celle qui existe en Iran".

Cependant l'islam sera une source de la législation, spécialement en ce qui concerne le code de la famille et même si la future assemblée nationale nomme un Premier ministre laïc pour conduire les destinées du pays, "ce sera le clergé qui appliquera la loi de la charia. Et c'est cette législation islamique qui aura le dernier mot", affirme-t-il.

Plus nuancé, le Père Philip Najim, qui représente à Rome le Patriarche chaldéen catholique de Bagdad, est d'avis que la majorité chiite ne sera pas à même d'imposer une Constitution islamique sans une approbation large au sein de la population. C'est l'assemblée transitoire qui devra décider, et pas seulement la seule coalition chiite soutenue par al-Sistani. Mais il relève qu'il restera toujours un immense fossé entre le principe constitutionnel de la liberté religieuse et la réalité sur le terrain.

"Le coeur du problème est de savoir si les gens seront autorisés
à pratiquer leur religion. Les minorités souffrent de discrimination dans la pratique, pas en principe". Et de souligner qu'en offrant une protection aux minorités, "c'est comme si nous acceptions qu'elles soient des espèces en danger". (source : apic - information : Agence CNS)

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