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14, 15 et 16 février 2005 (semaine 07)
 

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2005-02-16 - Inde
L'INCULTURATION D'UN PÈLERINAGE MARIAL.


Un pèlerinage marial du sud de l'Inde présente la particularité d'associer rites chrétiens et rites hindous et chaque année 100.000 pèlerins y viennent souvent la tête rasée et vêtus de jaune safran, dans la tradition hindoue.

Au Tamil Nadu, le village de Konakuppam est connu de la population locale pour le sanctuaire marial qu'il abrite. Chaque année, environ 100 000 pèlerins, chrétiens mais aussi hindous, s'y rendent pour prier la Vierge Marie. Certains pèlerins viennent prier la Vierge la tête rasée, parfumée de crème au santal ; ils sont vêtus de jaune safran, couleur de pénitence dans la tradition hindoue.

Dans des coins- cuisine improvisés, les pèlerins préparent le « pongal un mélange de riz et de sucre brun cuit dans de petites terrines. Prémices de la moisson, ces offrandes traditionnelles chez les hindous sont offertes à Marie qu'ils appellent « Periyanayagi Annai » (princesse de haut rang et mère, en tamoul), dont la statue a les traits d'une grande dame du sud indien, vêtue d'un sari de soie et parée de bijoux.

Le point culminant de la vie du sanctuaire a lieu à la mi-janvier, lorsque les pèlerins se font plus nombreux pour les dix jours que dure la fête de la moisson, et beaucoup adoptent « certaines traditions d'origine hindoue telle la préparation du pongal comme offrande. Cet ensemble n'est, ajoute-t-il, que la continuation d' « une remarquable tentative d'inculturation  inaugurée par le P. Constantine Joseph Beschi, un missionnaire du XVIIIe siècle.

Ce jésuite italien avait été envoyé en mission dans la région, aujourd'hui placée dans la juridiction de l'actuel archidiocèse de Pondichéry-Cuddalore. A Konakuppam, il avait bâti une église en 1714 et érigé une statue de la Vierge Marie de 3,50 m. de haut. Réalisée à Manille, aux Philippines, la statue avait été sculptée dans le style caractéristique du sud de l'Inde. C'est lui qui la baptisa du nom de « Periyanayagi Annai ».

Pour prêcher l'Evangile, le P. Beschi, localement connu sous le nom de « Veeramamunivar » ('le grand moine courageux'), avait étudié le tamoul, le telugu et le sanscrit sous la direction de sages hindous. Sa contribution importante à la littérature locale, ses travaux en langue tamoule, sur la poésie, la prose, la grammaire, la lexicographie et les traductions, ont été très tôt remarqués et sont restés appréciés de nos jours, y compris ses poèmes dédiés à la Vierge Marie. Le missionnaire avait également adopté l'habit couleur safran, de façon à être reconnu comme moine.

Les pèlerins d'aujourd'hui continuent la tradition. Les emprunts faits au rituel local hindou ont été pleinement intégrés à la piété chrétienne. Prendre un bain avant d'entrer dans le sanctuaire et revêtir la robe safran, par exemple. Des vases en terre cuite sont également peints en jaune et marqués de croix tracées à l'aide de « kunkun une poudre rouge utilisée dans certains rites hindous. Une guirlande de jasmin les entoure. Les pèlerins cuisent le riz dans ces vases et, en famille, ils les déposent à l'extérieur de l'église, accompagnés de bâtonnets d'encens. Ils vont ensuite prier au sanctuaire. Après quoi, ils se partagent le « pongal » sur des assiettes faites de feuilles d'arbres entrelacées.

Le festival se termine par une procession de la statue de la Vierge autour du village. En signe de respect, les gens répandent aux pieds de la statue un mélange de sel et de poivre, toujours selon une tradition hindoue. (source et information : Eglises d'Asie-EDA)

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