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23, 24 et 25 février (semaine 08)
 

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2005-02-25 - USA
LA POLARISATION DES CROYANTS.


Le 19 février, à l'occasion d'un congrès national réunissant une centaine de responsables diocésains pour l'action sociale, un universitaire a livré une analyse sévère de la polarisation de l'Église catholique mise en relief par l'élection de novembre 2004.

Cet universitaire, M. William A. Dinges, professeur à l’Université catholique de Washington, leur a fait remarquer que :  "La polarisation est profonde dans la communauté catholique, mais elle a atteint un sommet à l'occasion de cette élection. Le plus inquiétant aura été que des catholiques, en groupe peu nombreux ou individuellement, par l'escalade d'une rhétorique au vitriol, des conduites grossières faites de confrontations, d'intimidations et de harcèlements, aient tenté d'impliquer l'ensemble de la communauté catholique pour que cette élection soit décisive sur les seuls sujets de l'avortement et des recherches sur les cellules souches.

Les catholiques ne sont plus vraiment une communauté de foi et de dialogue : l'Église est en guerre avec elle-même et tire sur tout ce qui bouge !" Plus d'un an avant les élections, les évêques américains avaient présenté un document "La citoyenneté croyante", qui abordait la responsabilité politique et un grand nombre d'enjeux de l'avortement à la peine de mort, de la guerre à la politique économique internationale, ainsi que les questions sociales affectant les ouvriers, les familles, les enfants, les immigrants, les pauvres, les personnes âgées, etc...

"Mais, note Dinges, dans les mois qui ont précédé l'élection, quand des responsables catholiques d'action sociale ont essayé de parler de la responsabilité politique à travers la déclaration des évêques américains, ils ont été à de nombreuses reprises chahutés par des petits groupes particulièrement bruyants et acharnés. Ces personnes étaient idéologiquement très motivées et situées le plus souvent dans la tendance conservatrice du catholicisme."

Dinges observe que "depuis Vatican II, il y a 40 ans, l'Église a fait l'expérience de nombreuses tentatives de polarisation sur bien des sujets de la part de factions catholiques qui aspiraient à contrôler ou influencer ses orientations ou ses décisions." Il note encore que " depuis 40 ans l'Église fait preuve d'un sain pluralisme, a vu des laïcs plus responsables s'impliquer dans sa mission et ses objectifs sociaux.

Cependant notre Église, dit-il, voit son identité devenir plus diffuse et plus fragile alors que nous sommes au milieu d'une crise sérieuse de gouvernance et un problème non moins sérieux de polarisation. Si nous avons une communauté de foi, nous avons aussi un foi démocrate et une foi républicaine. L'Église reste une maison divisée dès lors que des groupes d'intérêt, des factions idéologiques et même des catholiques individuellement, s'emploient à prendre le contrôle de l'histoire de "Vatican II", d'agir comme s'ils étaient le magistère, d'exploiter les failles de direction de la hiérarchie et de définir le catholicisme d'après leurs seules convictions ou leur but politique réduit à un seul enjeu.

Il ne s'agit pas ici que des catholiques aient des opinions
différentes et veuillent peser dans un sens ou un autre. Ce qui est en cause est la manière autojustifiée, autoritaire, exclusive et ressemblant fâcheusement à du fondamentalisme avec laquelle ces groupes ou ces individus créent l'impression que si vous ne pensez pas et n'agissez pas comme eux vous n'êtes pas de "vrais catholiques".

Sur un site Web, un tel groupe le
dénonce ainsi : "Vous êtes un Judas qui ne faites que miner la doctrine et la spiritualité catholique" La polarisation parmi les catholiques est un reflet de celle du pays tout entier, avec son climat de rancoeur, d'incivilité, de grossièreté, de récriminations et d'injures qu'on rencontre dans beaucoup de débats politiques ou sociaux. (source : Protestinfo)

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