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2005-02-25 - Suisse
LES URGENCES ET LES CELLULES DE CRISE.


Dans les cas d'urgence et de catastrophe où des gens plongés subitement dans la détresse, les cellules de crise s’appuient sur les services d'urgence (police, gendarmerie, ambulanciers, pompiers et hôpitaux), mais bien souvent on y attend également l’Église.

C’est ce qu’ont constaté trois pasteurs suisses "urgentistes", Pierre Bader dans l'Est vaudois, Alain Martin à Morges et Pierre-André Kuchen à Tavannes, qui viennent de présenter le bilan de plusieurs années d'expérience vécue et partagée. 

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Les unités de secours nous appellent souvent lors d'un suicide, d'un homicide ou d'une mort violente accidentelle, pour accompagner les proches d'une victime, mais aussi pour intervenir dans un conflit familial aigu qui met en danger des enfants, lorsqu'un particulier est pris d'une violente crise d'angoisse ou même pour accompagner un mourant", explique Pierre Bader.

Et cela ne s’improvise pas. L'équipe oecuménique que le pasteur de la paroisse de Corsier-Corseaux a constituée il y a trois ans dans l'Est vaudois, est formée de prêtres, de pasteurs, de diacres mais aussi de deux psychologues et d'un laïc, engagés dans l'Eglise. Elle est intervenue une cinquantaine de fois depuis ses débuts. De quoi se rendre compte que ce type d'aumônerie correspond à un besoin et que c'est sur ce terrain-là que la population attend de l'Eglise une présence et une grande disponibilité.

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Nous sommes confrontés à des histoires dramatiques, parfois compliquées, nous rencontrons les gens dans des moments de crise qui font peur. Nous offrons un soutien dans l'urgence, et une présence, sans faire aucun prosélytisme et en se gardant de tout jugement, comme le précise la charte de déontologie à laquelle nous avons souscrit. Nous sommes présents aux côtés des personnes plongées dans la détresse ou en pleine panique, nous cherchons à les aider, souvent de façon pratique, à émerger du traumatisme qu'elles viennent de subir et de ne pas se laisser submerger par leurs émotions, à "atterrir" doucement. Nous sommes souvent des témoins muets. Nous disons, sans mots, la présence de Dieu". Car le silence est toujours préférable à une conversation qui veut forcer trop rapidement les personnes qui se trouvent dans ces crises.

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Face à l'irruption de la souffrance, du doute, de l'horreur, témoigne Pierre-André Kuchen, responsable de l'équipe d'urgentistes du Jura bernois, la solidarité doit pouvoir trouver des chemins efficaces et empreints de compassion. En vivant ce genre d'expériences, j'ai découvert qu'à un moment donné, la souffrance traversée demande à chacun de donner le meilleur de lui-même pour trouver des pistes pour que la vie puisse continuer."

" Au-delà des compétences que les six responsables régionaux de l'aumônerie d'urgence ont acquises en même temps qu'une trentaine de membres de la police bernoise, il y a ce dénominateur commun à tout être humain qui le pousse à s'investir personnellement pour " être avec", en empathie avec la personne qui souffre, ce qui est à mes yeux tout simplement essentiel. "

"Au travers de nombreuses interventions, j'ai partagé des réalités douloureuses avec des hommes et des femmes, des policiers et des ambulanciers, car tous sont interpellés, dans la fonction même qui est la leur, par les dimensions du mal et de la souffrance. Ce type d'expérience invite chacun à réfléchir à ses propres valeurs intérieures, à redécouvrir au coeur de notre humanité le coeur de l'Evangile : "Aime ton prochain comme toi-même », afin d'aller véritablement à la rencontre de l'autre dans toute situation".

Alain Martin, aumônier pour les hôpitaux de Morges et d'Aubonne, a choisi, lui aussi, de se former à l'aumônerie d'urgence. Si chacun a des ressources insoupçonnées pour survivre et surmonter des épreuves, et cela à des degrés divers, comme le précise Alain Martin, il est important à un moment donné se sentir accompagné, compris et entouré de la part non seulement de ses proches mais de personnes compétentes, pour ne pas perdre pied en plein choc." (source : ProtestInfo)

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