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FlashPress - Infocatho
4, 5 et 6 mars 2005 (semaine 09)
 

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2005-03-06 - Darfour
L'INSÉCURITÉ GRANDISSANTE.

"Le mouvement de la population à l'intérieur des États du Darfour ne s'est jamais réellement arrêté. Après les grosses vagues des premiers mois, des flux de personnes, de familles ont continué à se déplacer."

Ces dernières semaines, par exemple, " explique le P. Ssemakula, religieux comboniens qui vit au Darfour, l'insécurité grandissante dans de nombreuses zones rurales du Sud Darfour a poussé des milliers de personnes à se transférer dans les 4 ou 5 camps installés près de Nyala, où la sécurité est un peu meilleure". Certains des camps qui se trouvaient à quelques dizaines de kilomètres de Nyala ont été détruits, attaqués ou se sont tout simplement restés isolés, ce qui a poussé leurs hôtes à chercher des sites moins exposés.

"Les camps de Nyala sont très chargés, et malgré l'aide des organisations internationales, on a parfois l'impression de se trouver devant une tâche démesurée. En tant que missionnaires et qu'Église, nous œuvrons pour soutenir ces personnes. Nous achetons de la nourriture, de l'eau, des biens de première nécessité, et avec certaines donations qui nous sont récemment arrivées."

"Nous avons commencé à travailler à des projets de reconstruction d'écoles, où assurer une éducation minimale aux nombreux enfants qui vivent désormais depuis deux ans dans des conditions précaires" poursuit-il. "Nous avons peut-être trop cru que la crise allait se résoudre rapidement, mais à présent nous craignons que, comme cela a été le cas du Sud Soudan (théâtre de 20 ans de guerre, qui a commencé à se résoudre quand a éclaté la crise au Darfour, NDLR), ces enfants ne doivent grandir dans des camps" a conclu le missionnaire.

L'Union Africaine tente ces jours-ci de faire asseoir ensemble les rebelles et le gouvernement, pour des pourparlers lancés il y a quelques mois à Abuja et suspendus en décembre, après des accusations réciproques de violation du cessez-le-feu.

Khartoum a été pratiquement contrainte par la communauté internationale à trouver un accord avec les rebelles du SPLA et du Sud Soudan à cause du pétrole présent dans les zones convoitées et pour lequel travaillent depuis des années des compagnies américaines, indonésiennes, chinoises et d'autres nationalités.

Les accords signés prévoient que six ans après la signature de la paix définitive le Sud organise un référendum sur l'indépendance. Le gouvernement soudanais risque ainsi de perdre le contrôle direct d'une vaste portion de territoire, mais surtout, il crée un précédent face aux autres populations noires de l'ouest et de l'est du pays. Les intérêts du pétrole ont permis aux rebelles du sud de faire un saut de qualité en obtenant des fonds, des armes et des appuis logistiques et politiques, mais rien n'empêche l'instrumentalisation du mécontentement des non Arabes du reste du Soudan pour entrer en lutte contre Khartoum.

Alors que la paix arrivait au Sud, un nouveau foyer de violence s'ouvrait à l'ouest. Au fond, ce n'est pas surprenant. Il existe une partie de l'establishment soudanais qui ne voit pas d'un mauvais œil le fait que les milices arabes (accusées d'être soutenues par le gouvernement central) pillent les villages et chasses leurs habitants, rétablissant ainsi une certaine prédominance sur la population non arabe, souligne une source diplomatique occidentale. Arabisation ou pas, d'importants intérêts internationaux semblent prêts à entrer en jeu. (source et information : Agence Misna

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