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FlashPress - Infocatho
1, 2 et 3 mars 2005 (semaine 09)
 

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2005-03-03 -
POURQUOI SACRALISER LÉONARD DE VINCI.

L’utilisation du religieux dans la publicité est fréquente, parfois inacceptable. Mais quand peut-on dire que l’utilisation d’une œuvre d’art qui se rapporte à tel ou tel épisode religieux, évangélique ou blblique, devient un blasphème.

Léonard de Vinci est l'homme à la mode et les médias parlent de lui et l'utilisent. C'est ainsi qu'une publicité a transposé le tableau de la Cène, peint à Milan par Léonard de Vinci. Les apôtres et le Christ y sont pour la plupart des jeunes femmes, sans attitude provocante, mis à part le dos d’un des personnages.

Cette publicité détourne ainsi la Cène que voulait représenter Léonard de Vinci. Ces jeunes femmes sont habillées des vêtements de la marque de Marihé et François Gerbaud. L'une d'entre elles entoure de ses bras un jeune homme, torse et dos nus, habillé d'un jean "surbaissé".

Les évêques français ont intenté une action en référé afin d’interdire cette publicité hautement allégorique, intitulée "a tribute to women", créée par l'agence de conseil en publicité Air Paris et qui était lancée quelques jours avant les défilés du prêt à porter.

L'avocat de l'épiscopat, Maître Thierry Massis, dénonce "des comportements érotiques et blasphématoires à l'égard de ce qui constitue l'essentiel pour les chrétiens ... alors qu'on est en plein Carême."

Le tribunal n’a pas voulu entrer dans un jugement qui aurait porté sur cette transposition du tableau présentant un épisode évangélique en un repas publicitaire. N'écoutant que le code civil, il s'est déclaré incompétent, au moins en ce qui concernait les prévenus, car ceux à qui il aurait pu signifier l'interdiction n'étaient pas les représentants de Marithé et François Girbaud, ni l'agence de publicité, mais bien l'entreprise chargée de diffuser le dit objet du scandale. Or, l'agence en charge de la diffusion n'était pas citée.

Sans faire de grands remous dans l’opinion publique, ce fait a reçu quelques échos et quelques commentaires divergents.

Le site internet de la Fédération protestante de France se fait l'écho du point de vue de Jérôme Cottin, théologien, historien d'art, auteur de "Dieu et la pub". "L'on aurait tort de faire aujourd'hui de la Cène de Leonard de Vinci une œuvre religieuse, dit Jérôme Cottin. Elle le fut à l'origine ; elle ne n'est plus, ou plus majoritairement. Même si l’on peut regretter cela, pour les millions de visiteurs ou de spectateurs que la regardent, cette Cène est d'abord une grande œuvre artistique de la Renaissance italienne, un sommet de l'art occidental. Notre regard sur cette œuvre n'a du reste plus rien à voir avec la manière pieuse et priante dont les moines du réfectoire dans laquelle se trouve cette fresque la regardaient. C'est donc commettre un contresens esthétique que d'en faire une œuvre pieuse. Elle est d'abord une œuvre d'art."  

Et Jérôme Cottin ajoute : "Il faut, finalement, se réjouir de ce que ce motif – d'abord artistique, et secondairement religieux – continue d'inspirer et d'intéresser la création contemporaine, fut-elle publicitaire."

Mais où se situe la frontière entre le "seulement artistique" et "le message religieux" indirectement ou directement transmis par une œuvre d’art, fut-elle maintenant considérée ainsi par la méconnaissance religieuse de nos contemporains. (source et information : CEF - FPF)

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