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10, 11 et 12 mars 2005 (semaine 10)
 

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- 2005-03-12 - Maroc
NE PAS CONFONDRE AMÉRIQUE ET PROTESTANTISME.

Le 9 mars, devant la manière dont sont parfois traités des chrétiens protestants dans la presse, le pasteur Jean-Luc Blanc, de l’Église évangélique du Maroc a fait paraître un article dans le journal marocain "Le Matin du Sahara".

... "Lorsque la presse (marocaine et étrangère) se donne la peine de parler d’une toute petite minorité dans un pays, il importe d’en analyser les raisons car celles-ci peuvent ne pas être tout à fait innocentes…  La manière dont il a été traité des chrétiens protestants dans la presse marocaine ou étrangère de ces derniers temps nous a interpellé, et nous a obligé à nous poser un certain nombre de questions sur le pourquoi de cet intérêt nouveau et soudain ainsi sur les enjeux actuels de la présence de l’Eglise Protestante au Maroc."

... "Ces derniers temps, tout, ou presque, à été dit des protestants.  On a parlé de centaines de missionnaires américains qui auraient débarqué au Maroc, on a annoncé des conversions en masse de musulmans à la foi chrétienne. Il a été écrit (Le Journal Hebdo) que l’Église Protestante aurait élaboré une stratégie « missionariste » visant la conquête religieuse du pays… Amalgames entre politique américaine et Eglise Protestante, amplification de phénomènes réels mais insignifiants, tous les ingrédients d’une stigmatisation y sont !"

..."Bien entendu, le rôle principal de l’Eglise est d’accueillir et d’accompagner dans leur quête spirituelle les Chrétiens Protestants vivant au Maroc et de leur offrir un lieu de prière. Actuellement, beaucoup d’entre eux sont des étudiants Africains venant poursuivre des études ici. La plupart bénéficient de bourses, fruits de la coopération entre le Maroc et les Etats d’Afrique Subsaharienne.

Ces étudiants constituent les forces vives et bien souvent l’élite de l’Afrique de demain… Souvent déstabilisés par un choc culturel auquel ils sont peu préparés, ils  trouvent dans l’Église, un lieu de réflexion, un lieu de rencontre avec d’autres étudiants plus anciens venant des mêmes pays et donc susceptibles de pouvoir leur apporter aide et soutien. Ils trouvent là un lieu de prière, mais aussi de formation spirituelle et humaine, complément indispensable de leurs études universitaires."

... "Depuis quelques années un défi nouveau est devant les Eglises. Il s’agit de l’afflux de migrants, avec ou sans papiers venus des zones les plus pauvres, des régions en guerre.  Ils affluent au Maroc en chemin vers un ailleurs et un lendemain des plus incertains. Beaucoup sont chrétiens et cherchent auprès des Eglises une oasis dans leur traversée du désert."

... "Un autre enjeu, de taille, est le dialogue avec les musulmans. Conséquence de la mondialisation, ici de même que dans la plupart des pays d’Europe et d’Afrique, les religions sont appelées à se côtoyer de plus en plus. Elles ont donc tout à gagner à mieux se connaître, à mieux se comprendre."

…"La présence réelle de «missionnaires» sur le sol marocain depuis quelques années peut laisser entendre que les Églises au Maroc qui se sont toujours interdit le prosélytisme ont changé d’attitude ces derniers temps.  On peut comprendre cette lecture des faits, conséquence de notre manque de lisibilité, de l’absence d’une parole officielle.

Mais, précisons une chose : aucun de ces missionnaires n’est là au titre de « l’Eglise Evangélique Au Maroc », ou de « l’Eglise Anglicane », les deux Eglises Protestantes historiques du pays. S’ils existent, ils sont envoyés par des organismes avec lesquels les Églises du Maroc n’entretiennent pas de relation et ne connaissent souvent même pas. Ce ne sont pas non plus les Églises qui leur délivrent des titres de séjour.

…"L’avantage de la polémique est souvent de poser de bonnes questions et les articles de presse de ces dernières semaines y auront contribué. Comment se vivent les relations entre les religions au Maroc ? Avons-nous dépassé le cadre de la simple tolérance où l’on s’ignore mutuellement, pour cheminer vers une ouverture à l’autre, un dialogue en profondeur, un enrichissement mutuel ?  Où en sommes nous sur le plan de la liberté religieuse ?  Est-il envisageable, un jour, que des marocains nés musulmans puissent choisir une autre religion que l’Islam aussi librement qu’un non musulman peut devenir musulman ?  Autant de questions auxquelles il ne nous appartient pas de donner des réponses, mais qui n’en demeurent pas moins de vraies questions."

Un récent article du quotidien "Le Monde" aborde également cette question importante de la conversion au christianisme de croyants musulmans. Nous en reparlerons dans une prochaine mise à jour. Nous tenons également à signaler tout l'intérêt que représente le GRIC, Groupe de recherches islamo-chrétien, dont le P. Vincent Feroldi est le secrétaire général. (source : Le Matin - information : GRIC)


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