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10, 11 et 12 mars 2005 (semaine 10)
 

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- 2005-03-12 - Philippines
LES ENFANTS DES TRAVAILLEURS MIGRANTS.

Le diocèse de Lipa, très concerné par la migration, veut aider les 110.000 enfants que les travailleurs philippins partis travailler à l'étranger confient généralement à leur parenté. Beaucoup de ces enfants séparés loin de leurs parents rencontrent d'importants problèmes psychologiques.

Selon Teodora Inabayan, coordinatrice laïque au service de la Commission diocésaine pour la migration et la mission du diocèse de Lipa, dans la province de Batangas, l'Overseas Filipino Workers, OFWs, "presque tous ces enfants vous diront qu'ils se sentent abandonnés malgré l'argent que leurs parents envoient". Dans une école catholique de Lipa où sont scolarisés 3 000 enfants d'OFWs, la tristesse de ces enfants est palpable surtout lors de moments tels que « la journée des familles « Les autres enfants viennent à l'école accompagnés par leurs parents. Pour les enfants des OFWs, ceux qui accompagnent sont soit une tante soit une nourrice.

Et les chiffres sont impressionnants. Sept millions de Philippins vivent ou travaillent à l'étranger, dans plus de 181 pays différents. Les versement des OFWs en 2004 ont atteint le chiffre de 8,5 milliards de dollars US. Les plus gros apports viennent de Hongkong, d'Italie, du Japon, d'Arabie Saoudite, des Emirats Arabes Unis, de Grande-Bretagne et des Etats-Unis.

La Commission épiscopale pour la pastorale des migrants et des gens du voyage (ECMI) et l'Administration philippine des placements à l'étranger placent la province de Batangas au quatrième rang des "provinces pourvoyeuses d'OFWs  avec 111 571 travailleurs migrant OFWs originaires de cette province". La Commission archidiocésaine de Lipa a organisé des services d'assistance pour les travailleurs migrants et pour leurs familles, proposant des cours de formation et un programme spécial pour les fils et les filles des OFWs. Un bureau d'assistance juridique est également à leur disposition.

Teodora Inabayan a fait ce constat que, de l'absence des parents, résulte pour les enfants un manque de discipline évident : "Ils n'ont plus personne pour les guider, plus personne pour les former  même s'ils vivent chez des proches, explique-t-elle. Elle cite le cas d'une jeune fille de 15 ans dont les parents travaillent en Arabie Saoudite depuis deux ans. Cette étudiante a rencontré un homme marié, chauffeur d'un triporteur, auprès duquel elle a pensé pouvoir trouver un peu de la chaleur paternelle qu'elle recherchait. Quand elle a appris qu'elle était enceinte, elle a tenté de se suicider. Des catholiques engagés ont pu convaincre une de ses tantes, consciente de la situation dramatique où elle se trouvait, de la prendre chez elle et de ne pas alerter les parents jusqu'à son accouchement."

Elle souligne aussi que la possibilité de communiquer à longue distance rassure, certes, mais est aussi trompeuse. Les enfants vont dans les cybercafés pour communiquer avec leurs parents par Internet, voir sur l'écran les photos qu'ils envoient et, bien souvent, ils croient qu'à l'étranger «leurs parents passent du bon temps". Les images ne montrent pas "ce que ressentent intérieurement les parents, ni les difficultés qui sont les leurs". Ainsi, les gens de la famille eux-mêmes oublient "le peu de valeur de cet argent durement gagné qui leur est envoyé, comme ils oublient les souffrances des leurs partis au loin".

Nombre de parents partis travailler à l'étranger ne comprennent pas toujours que ce n'est pas seulement l'argent qu'ils envoient qui est important, mais que les jeunes "ont besoin de leur présence". Les aumôniers responsables des migrants et de leurs familles devraient veiller à ce que l'ensemble des membres de la famille comprenne à leur juste valeur les sacrifices et les souffrances induits par la migration, tout comme les côtés positifs qu'elle apporte.

A l'issue de la messe qui clôturait la Journée des migrants, Mgr Ramon Arguelles, archevêque de Lipa, a averti que, si le gouvernement, l'Église et les autres secteurs de la société ne faisaient rien pour réduire les effets nocifs d'une migration économique forcée, les dommages infligés à la société seraient irréversibles. L'archevêque a demandé à l'Église de répondre "sans réserve et en vérité" aux besoins des travailleurs migrants et des familles laissées derrière eux.

L'actuel président de la Commission épiscopale philippine pour la pastorale des migrants et des gens du voyage (ECMI), Mgr Precioso Cantillas, évêque de Maasin, a exprimé quant à lui sa reconnaissance "pour l'immense contribution de nos travailleurs migrants, non seulement à l'économie nationale mais, plus important encore, à la promotion de la mission de l'Eglise." (source et information : Eglises d'Asie-EDA)

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