Pour vivre au rythme de l'Eglise universelle.
FlashPress - Infocatho
19 et 20 mars 2005 (semaine 11)
 

-
2005-03-20 - Cambodge
L'ÉGLISE ET LA RÉALITÉ POLITIQUE.


Au sein d'une conjoncture politique agitée, caractérisée par la levée de l'immunité parlementaire de trois députés de l'Assemblée nationale, des responsables catholiques ont précisé la place que, selon eux, l'Église est appelée à tenir dans le débat national.

Selon Mgr Emile Destombes, vicaire apostolique de Phnom Penh, l'Église n'est pas engagée en tant que telle dans le débat politique, mais elle ne se désintéresse pas pour autant de la chose politique. "Si nous considérons le politique dans l'acception générale de ce terme, il est évident que l'Église ne peut y être étrangère. Chaque fois que l'Église parle de paix, de justice, de pardon et de solidarité, par exemple, on peut dire que l'on est au cour de la vie politique d'une société donnée.

Au cours des dix années passées, a précisé l'évêque de Phnom Penh, l'Église au Cambodge a travaillé à l'édification d'une société où les gens puissent vivre en paix et dont le socle soit la justice sociale, le pardon et la réconciliation. "Ces valeurs évangéliques ne sont pas éloignées de ce à quoi la plupart des Cambodgiens aspirent", a-t-il ajouté, citant l'enseignement de Jean-Paul II selon lequel "il ne peut y avoir de paix sans justice et de justice sans pardon".

Interrogé à propos de l'influence politique de l'Église du Cambodge sur la société contemporaine cambodgienne, Mgr Destombes répond que l'Église locale n'a jamais eu une quelconque influence et ne prétend pas en avoir, tout particulièrement en ce qui concerne le jeu politicien. Refusant de commenter les récents développements de la vie politique nationale, il se contente d'affirmer : "Ce sont là des particularités politiques qui ne sont pas de notre ressort."

Revenant sur le rôle des prêtres catholiques auprès des fidèles, le P. Ponchaud, directeur du Centre catholique culturel de Phnom Penh, explique que les prêtres "peuvent réfléchir avec les catholiques à propos de ce qui est bon et de ce qui est mauvais, de ce qui est juste et de ce qui est injuste".

... "De cette façon, nous pouvons contribuer à leur enrichissement spirituel en tant que chrétiens, mais il est clair qu'en tant que prêtres, nous n'avons le droit ni de contraindre ni de pousser les gens à adopter telle ou telle opinion ou affiliation politique." Combattre l'injustice sociale "n'est pas forcément un combat dirigé contre le gouvernement".

En 2003, à l'occasion d'une émission télévisée du "Jour du Seigneur" célébrée au petit séminaire de Phnom Penh, le prince Norodom Sihanouk Vardam déclarait : "Il est des raisons plus profondes encore pour expliquer l'harmonieuse cohabitation des Bouddhistes et des Chrétiens au sein de notre Nation. Une même aspiration à la spiritualité les anime, qui puisse donner un sens à la vie, dans un monde dominé par le matérialisme. Au-delà de rites qui peuvent différer, et dans leur vie quotidienne, ils se rejoignent dans de nombreuses valeurs qui leur sont communes. Je citerai entre autres le respect d'autrui, l'amour du prochain, le devoir de charité et de paix. Nos ancêtres ont su donner à ces valeurs sur les tours à visage d'Angkor, une représentation dans la pierre qui a traversé les siècles."

..."Puissent les téléspectateurs du "Jour du Seigneur" se reconnaître dans l'expression de leur méditation et partager la joie que nous éprouvons à accueillir au Cambodge, le temps de cette émission, des hommes et femmes de bonne volonté avec lesquels nous puissions communier dans la poursuite de ces idéaux".

Pour une population de douze millions d'habitants, le Cambodge, pays bouddhiste à 95 %, compte un peu moins de 30 000 catholiques. (source et information : Eglises d'Asie-EDA)

Retour aux dépèches