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16, 17 et 18 mars 2005 (semaine 11)
 

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2005-03-18 -
LES ÉGLISES PRÉCHALCÉDONIENNES ET L'ORTHODOXIE.

Du 10 au 13 mars à Chambésy (Suisse), s'est déroulée une réunion de travail entre des représentants des Églises orthodoxes sur les perspectives du dialogue théologique avec les Églises préchalcédoniennes.

Sous la présidence du métropolite Emmanuel (patriarcat de Constantinople en France) ont participé à cette rencontre : le métropolite d’Axoum (patriarcat d’Alexandrie), Mgr Pierre-Albert Laham (patriarcat d’Antioche), le père Nicolas Nekula (patriarcat de Roumanie), Mgr Basil, de l’Église de Chypre, les professeurs Jean Fondoulis et Georges Martzos (Église de Grèce), l’archimandrite Barsanuphe (Dorochkevitch) de l’Église de Pologne, le professeur Vlassios Phidas, de Chambésy (Patriarcat oecuménique), le père Valentin Asmous et S.N. Govoroun, collaborateurs du département des relations extérieures du patriarcat de Moscou.

Pendant la rencontre, il a été analysé le programme des actions à venir de la commission théologique mixte du dialogue entre l’Église orthodoxe et les Églises préchalcédoniennes à la lumière des critiques émises par la majorité des Églises orthodoxes. Ces critiques ont fait suite aux déclarations théologiques communes signées à Aba Bishoï en 1989 et à Chambésy en 1990. Il a été souligné la nécessité de continuer la recherche approfondie de certains points controversés ainsi que de certaines formulations ambiguës. Il a également été décidé de poursuivre l’étude des questions de caractère liturgique et pastoral dans le cadre des sous-commissions formées à cette fin.

Après les conciles d’Éphèse (431) et de Chalcédoine (451), en effet deux écoles théologiques développant une christologie différente ont donné naissance aux Églises dites pré-chalcédoniennes, réparties en deux familles :

1. Les Églises autrefois appelées "monophysites" (les Coptes en Égypte, les Éthiopiens, les Arméniens, les Syriaques) sont héritières de l’école d’Alexandrie et d’une anthropologie orientale et très biblique selon laquelle l’unité de la personne de Jésus est si parfaite qu’on ne peut plus parler en Lui, après l’incarnation, d’une nature humaine et d’une nature divine mais d’une seule nature (en grec : monè physis) divino-humaine. Un peu comme en chacun de nous, il est impossible de distinguer nature spirituelle et nature corporelle. Cette perception de l’unité profonde du Christ a souvent été mal comprise, comme si elle mettait en péril l’humanité du Christ, en l’absorbant totalement dans sa divinité. Il n’en est rien : il suffit de lire les textes de la liturgie copte ou de la liturgie syriaque pour s’en convaincre. L’humanité de Jésus y est tendrement méditée.

2. L’Église dite "nestorienne" (car elle est fidèle à la mémoire de Nestorius, patriarche de Constantinople condamné à Éphèse) ou, mieux, "assyrienne", Église des chrétiens d’Irak et d’Iran, est tributaire de l’école d’Antioche, très attentive à affirmer l’humanité et la divinité de Jésus, sans confondre les deux, sans non plus, quoi qu’on en ait dit, les dissocier. Le titre de Theotokos, "mère de Dieu", attribué à Marie, lui semblait ouvrir la porte à une sorte d’anéantissement de l’humanité de Jésus. Ne valait-il pas mieux appeler Marie "mère du Christ", sachant que celui-ci était le Verbe de Dieu fait homme ?  Mais le "nestorianisme" ne consiste pas à diviser en Jésus l’homme et Dieu, comme on le prétend encore trop souvent. La liturgie de l’Église assyrienne est, sur ce point, elle aussi très claire.

Ces vieilles querelles ne sont plus d’actualité. Pré-chalcédoniens et chalcédoniens ont la même foi dans le même Christ, mais longtemps, ils ne l’ont pas su. En fait, leurs christologies respectives perpétuent des sensibilités complémentaires et également légitimes.

Il serait toutefois réducteur de ramener l’originalité des Églises proche-orientales à ces seules questions christologiques. Toutes ont développé, au long des siècles, des attitudes et des langages spécifiques, qui, à bien des égards, nous donnent à réfléchir sur l’universalité de l’Église, éloignée du modèle marqué par l’évolution byzantine tout autant que du modèle marqué par la centralisation romaine latine. (source : orthodoxie)

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