Pour vivre au rythme de l'Eglise universelle.
FlashPress - Infocatho
19 et 20 mars 2005 (semaine 11)
 

-
2005-03-20 - Irak
UN PEU D'ESPOIR MALGRÉ TOUT.


"Deux ans après le début de la guerre, la vie de tous les jours n'a pas beaucoup changé mais les Irakiens commencent à regarder vers l'avenir avec espoir, un optimisme qui avance lentement".

Tel est le témoignage de Père Manuel Hernandez, un Père des Carmes espagnol qui, après une vie passée en République Démocratique du Congo, vit à Bagdad depuis 2004. Malgré les bombes et les violences – au moins 9 morts encore aujourd'hui, dont 4 policiers tués à un enterrement à Kirkourk – on note un "changement d'attitude, un potentiel dans la société civile qui veut s'exprimer, un courage qui n'existait pas auparavant" poursuit le religieux. "Sous la dictature de Saddam Hussein, les Irakiens étaient tenus comme des enfants, tout était déjà décidé et ils devaient simplement exécuter."

"À présent, il faut leur donner un espace pour qu'ils exercent leurs responsabilités: ce pays est un pays de personnes fortes, créatives, bien préparées sur le plan humain et professionnel". À la fin du mois de janvier, les Irakiens sont allés voter, pour un scrutin que beaucoup ont qualifié de mise en scène des forces d'occupation guidées par les États-Unis et non un vrai exercice de démocratie. "Les gens s'attendaient à un vote libre, par lequel exprimer ses idées sans crainte de tirs de mortier ou de bombes. Par dessus tout, les élections ont lancé une nouvelle perspective et une ouverture au dialogue qui n'existaient pas auparavant".

Même si, admet le missionnaire, "le pays reste fractionné et l'on ne voit pas encore cet esprit national nécessaire pour collaborer à la reconstruction de l'Irak. Par ailleurs, il y a une corruption diffusée, liée à la précédente dictature, qui empêche la stabilité politique et sociale". Dans la nuit du 20 mars 2003, les forces de la coalition voulue par l'administration américaine bombardèrent Bagdad. Le 9 avril, Saddam Hussein était renversé."

Aujourd'hui, il y a un gouvernement par intérim de fait privé de légitimité, tandis que les négociations politiques entre les partis kurdes, chiites et sunnites suite au vote de janvier évoluent au ralenti. "Ces trois composantes de la société irakienne ont des points en commun et pourraient trouver un accord, mais tous ne sont pas disponibles au dialogue et à la collaboration dans l'intérêt du pays" dit encore le P.Hernandez.

"Le cas des kurdes est emblématique: ils disent vouloir soutenir le gouvernement seulement en échange de la région riche en pétrole et en vue d'une possible indépendance: en ce moment, Bagdad ne peut accepter ces requêtes". Ou bien les sunnites, "qui ont boycotté le vote, sachant qu'ils sont une minorité et qu'ils ne l'auraient pas emporté". Entre temps, les Irakiens doivent cohabiter avec les attaques quotidiennes de la guérilla et des formations liées aux groupes terroristes. "Je n'ai pas de mots pour définir qui tue des hommes comme des animaux. Ils sont sans âmes et ils n'ont pas compris les souffrances de ce pays".

Et pourtant, dit-il encore, "il y a des lueurs d'espoir, au moins sur le plan de la société. Il faut du temps pour qu'elle puisse se relever" (source et information : Agence Misna)

Retour aux dépèches