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28 et 29 mars 2005 (semaine 13)
 

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2005-03-29 - Russie
EST-CE UN SI DANGEREUX PRÉCÉDENT ?


L'exposition d'art moderne intitulée : "Attention à la religion!" n'a pas eu l'heur de plaire à certains fidèles orthodoxes de Moscou qui ont barbouillé de rouge ses tableaux.

Un procès même a eu lieu qui avait débuté en juin 2004 au tribunal Taganski de Moscou et les organisateurs viennent d'y être condamnés à une amende de 2.770 euros pour "incitation à la haine nationale et religieuse". Parmi les éléments les plus contestés de cette exposition ouverte en janvier 2003 figurent sur une icône représentant le Christ une bouteille de Coca-Cola portant l'inscription "Ceci est mon sang" et des bouteilles de vodka vides formant une cathédrale, alors que les "barbouilleurs" des tableaux étaient acquittés.

Cette condamnation en justice du directeur du Musée Sakharov, Iouri Samodourov, et son assistante Ludmila Vassilovskaïa marque un "dangereux précédent" pour la liberté d'expression et de conscience dans une Russie où l'Etat entretient des liens toujours plus étroits avec l'Eglise orthodoxe, selon le journal Vremia Novosti. "Il s'agit d'un précédent dans l'histoire contemporaine de la Russie: l'Etat (...) est intervenu dans une querelle entre croyants et athées en prenant le parti de l'Eglise".

"Human Rights Watch" a pour sa part estimé que cette décision créait un "dangereux précédent pour la censure d'Etat sur l'art et la discussion publique" et témoignait "d'un climat grandissant d'intolérance envers la liberté d'expression". Le procès a déclenché un débat sur le rapprochement entre l'Eglise orthodoxe et l'Etat, qui inquiète de nombreux Russes. "Ceux qui croyaient que la Russie était un Etat laïc commencent à en douter", écrit encore ce quotidien.

"Cette décision, qui menace la liberté d'expression et de conscience, est le résultat des liens étroits qui se sont tissés entre l'Etat et l'Eglise depuis l'arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine" en 2000, a déclaré à l'AFP Anatoli Krassikov, spécialiste des affaires religieuses.

"Si à l'époque soviétique, observe-t-il, les artistes risquaient la prison s'ils s'en prenaient à l'idéologie marxiste et au Parti communiste, ils peuvent aujourd'hui avoir de très graves problèmes s'ils critiquent la religion et le pouvoir", observe Vladimir Abakoumov, directeur d'un musée d'art à Moscou.

A l'inverse, Alexandre Tchouev, député et membre de la Commission parlementaire chargée des organisations religieuses, s'est félicité de cette condamnation, estimant que le tribunal avait "mis un point final à l'époque de l'athéisme" qui prévalait sous le régime soviétique. Le
porte-parole du Patriarcat, le P. Vsevolod Tchaplin, a souligné que l'Eglise souhaitait une "condamnation symbolique" pour que de "telles expositions ne soient plus organisées". (source : Apic - information : Ria-Novosti)

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