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8, 9 et 10 avril 2005 (semaine 14)
 

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2005-04-10 - Pakistan
CONTRE LA LOI ANTI-BLASPHÈME.


Une loi, adoptée en 1984, punit de mort le fait de diffamer Mahomet et de la prison à vie le fait de blasphémer contre le Coran. La majorité des responsables religieux et des milieux de défense des droits de l'homme la critiquent en raison des abus auxquels elle a donné lieu.

Aux appels des responsables religieux à abolir la loi, les représentants du gouvernement ont répondu le 22 mars que les conditions n'étaient pas réunies à ce jour pour envisager la suppression des articles du Code pénal portant sur la loi anti-blasphème. Ils ont mis en avant la nécessité de procéder étape par étape et ont précisé que l'objet de la rencontre était de « consulter les parties concernées à la lumière des incompréhensions et des réserves soulevées par les minorités ».

Ils ont également précisé qu'ils avaient pour mission de recueillir des suggestions en vue d'un éventuel amendement de la loi. Une seconde réunion suivra, ont-ils enfin annoncé, pour formaliser ces suggestions, avant de les transmettre au ministère chargé de la rédaction des projets de loi.

Pour le P. Bonnie Mendes, de la Commission 'Justice et paix' de l'épiscopat catholique du Pakistan, la réunion, par le seul fait d'avoir été organisée, représente "un développement positif" mais cela ne doit pas cacher, a-t-il déclaré, que c'est l'abrogation de la loi qui est nécessaire, non un simple amendement de sa formulation. Ayant lui aussi pris part à la réunion du 22 mars, Akram Gill, un catholique membre de l'Assemblée nationale, a ajouté que la loi "avait rendu la vie des minorités encore plus misérable qu'auparavant" et devait donc être abrogée.

Au titre des suggestions formulées par les responsables religieux, se trouve la proposition d'incriminer l'usage abusif qui est fait de la loi anti-blasphème.  Environ 5.000 affaires ont été portées devant la justice depuis 1984, au titre des articles 295-B et 295-C du Code pénal, les textes détaillant la loi anti-blasphème. Dans un pays où la population est à 97 % musulmane, 73 % de ces affaires ont concerné des musulmans, mais cette loi concerne toutes minorités religieuses. En 2004, 82 personnes ont été mises en examen au titre de la loi anti-blasphème ; parmi elles, on comptait 55 musulmans et deux chrétiens. Aujourd'hui, selon d'autres sources, une centaine de personnes seraient derrière les barreaux pour des affaires liées à cette loi.

En dépit des assurances données par le gouvernement, selon lesquelles les autorités pakistanaises souhaitent réviser la loi anti-blasphème pour en limiter l'usage abusif, Mgr John Saldanha, archevêque catholique de Lahore, a estimé, dans un entretien accordé le 17 mars à l'agence Ucanews, qu'il ne fallait pas s'attendre à une abolition de ce texte. « Le gouvernement estime qu'il ne peut pas l'abolir en ce moment, du fait de la pression exercée par les partis politiques islamiques, les extrémistes et les conservateurs", a-t-il déclaré (srouce et information : Eglises d'Asie-EDA).

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