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8, 9 et 10 avril 2005 (semaine 14)
 

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2005-04-10 -
NUANCES ET RÉTICENCES VIS-À-VIS DE JEAN PAUL II.


Le décès de Jean Paul II a suscité des commentaires les plus divers, la presque totalité admiratifs et reconnaissants, quelques-uns incisifs comme la déclaration du théologien suisse Hans Küng, ou en demi-teinte dans la presse francophone ou américaine.

En France, le quotidien "Libération"évoque les "ombres et les lumières" du pape, du " Pope star" comme l’indique une affiche qui couvre la une de ce quotidien le vendredi matin 8 avril. "Le pape courage", titre le quotidien français "Le Figaro".

En Belgique, les journalistes flamands se sont montrés nettement plus virulents
et critiques que leurs homologues francophones.

Selon un sondage publié ce week-end dans le National Post, 60% des 13 millions de catholiques canadiens -dont près de la moitié sont au Québec- qualifient le pape de "conservateur" et seulement 21% jugent ses positions "appropriées".

Dans un pays qui a souffert de l'énorme scandale des prêtres pédophiles en Amérique du nord et qui est en train de légaliser le mariage entre conjoints de même sexe, les préceptes du souverain pontife sur les questions d'ordre moral ne trouvent pas beaucoup d'adhérents. "Jean Paul II a essuyé nombre de critiques dans plusieurs pays développés concernant les enjeux reliés au statut de la femme, à la conduite de l'Église, au sida et à l'orientation sexuelle", note Michael Marrus, professeur à l'université de Toronto et spécialiste de l'histoire moderne de la papauté.

Les grands journaux américains ont brossé un bilan contrasté de l'action de Jean Paul II, soulignant sa popularité et sa force de conviction, mais aussi la baisse de fréquentation des églises et la rigidité doctrinale qui ont marqué son pontificat. Le "Los Angeles Times", le "Washington Post" et le "New York Times" rendent hommage au souverain pontife pour son combat contre l'antisémitisme et pour les droits de l'homme, son dialogue avec les autres religions et son infatigable oeuvre d'évangélisation.

Soulignant qu'il avait des positions conservatrices en matière de doctrine catholique, il "pouvait également être qualifié d'homme libéral -- et même radical -- dans des domaines tels que les droits des travailleurs, le désarmement, la liberté et le message d'espoir qu'il a littéralement délivré partout dans le monde", écrit le "Washington Post".

Les non-catholiques ont vu "le globe-trotter au service de Dieu arpentant le monde encore et encore, parlant de la dignité de la vie dans tellement de langues étrangères", affirme le "New York Times" qui ajoute que, pour les catholiques, "il était une figure plus compliquée, qui a résisté à toutes les tentatives visant à faire évoluer les enseignements de l'Eglise en matière de contraception, d'avortement, d'homosexualité, du mariage des prêtres, du divorce et de l'ordination des prêtres"., poursuit le quotidien new-yorkais.

A nos yeux, "la Libre Belgique" reflète et résume l’opinion occidentale par les multiples facettes de Jean Paul II qu’y souligne Jean-Paul Duchâteau dans : "Un pape de combat et de débat". "Le risque est grand, dit-il en effet, d'entendre nombre de commentateurs limiter le pape à la controverse sur les questions morales, et plus particulièrement de morale sexuelle". Mais il ajoute que l’on peut reprocher au pape décédé, de ne pas avoir pris davantage "la mesure d'une évolution qui a progressivement gagné nos sociétés européennes, celle d'une sensibilité croissante - y compris chez les chrétiens - à l'autonomie individuelle pour tout ce qui touche à l'intime".

Quoi qu’il en soit conclut-il, le bilan est largement positif car le message de Jean Paul II dépasse ces simples affirmations, et l'Histoire devra se souvenir de son courage face à la maladie, sa capacité d'empathie tant à l'égard des plus pauvres de la planète que des jeunes, et son humilité. "En effet, note le journaliste, "il n'a pas craint (...), en dépit de la tiédeur d'une partie de son entourage, à solliciter le pardon pour les erreurs et les fautes que l'Église avait
pu commettre".

Plus catégorique, le théologien catholique suisse Hans Küng affirme que Jean Paul II "a échoué" et, du fait des erreurs et des "contradictions" de son pontificat, il laissera à sa mort une Église catholique en proie à une profonde "crise de l'espérance".

Jean Paul II "n'est pas le plus grand pape du XXème siècle, mais le plus contradictoire" écrit le théologien contestataire dans une longue tribune intitulée "Wojtyla le pape qui a échoué" et publiée samedi par le "Corriere della Sera". Pour Hans Küng, Jean Paul II est "un pape doué de grandes capacités, mais qui a pris de nombreuses décisions erronées".

Le théologien brésilien, Leonardo Boff, estime que Jean Paul "n'a jamais compris" la Théologie de la libération. Ses origines polonaises l'empêchèrent de voir qu'en Amérique latine "l'ennemi" n'était ni le communisme, ni le nazisme mais "les élites dépourvues de sensibilité sociale".

"Le pape voyait ce mouvement avec l'optique d'un Polonais ayant combattu le nazisme, le stalinisme : il voulait maintenir une Église fortement unie, traditionnelle, devant être une force s'opposant à ce type de régimes", a-t-il déclaré dans un débat retransmis par la chaîne "Globo News". Pour lui, Jean Paul II
lisait l'Amérique latine de manière schématique

Dans la presse écrite, radiophonique et télévisuelle occidentale, européenne et américaine, durant les dizaines d’heures de radio et de télévision, dont le total horaire peut être estimé à plusieurs centaines qui ont été consacrées au bilan de Jean Paul II, de multiples aspects de sa personnalité et de son activité politique, sociale, religieuse, spirituelle, ont été évoquées par les images, par les commentateurs et par les personnalités interrogées durant toutes ces journées.

Un événement médiatique sans doute dont la répercussion est difficile à mesurer, car il est impossible d’évaluer quel en fut l’impact profond, immédiat et pour les années à venir, sur les millions d’européens, de latino-américains, d’africains,  d’asiatiques qui ont été ainsi « touchés ».  (source : presse et Agence Apic)

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