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17, 18 et 19 avril 2005 (semaine 16)
 

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2005-04-19 - Philippines
LE TRAFIC DES JEUNES FEMMES.

Le nombre des femmes philippines emmenées clandestinement travailler dans les night-clubs du Japon inquiète aussi bien l'Église catholique que le Service de l'immigration du Japon.

« Rona » et « Jenny » sont les noms d'emprunt sous lesquels deux jeunes femmes emmenées clandestinement au Japon racontent comment elles ont été obligées de se prostituer. Hors de danger aujourd'hui, elles n'en continuent pas moins de s'inquiéter parce qu'elles ont entendu dire que, derrière les recruteurs philippins, se tenaient des yakuzas, la mafia japonaise. Elles ont accepté de rencontrer les journalistes de l'agence Ucanews en mars dernier, à Manille, après avoir fui leurs employeurs japonais en décembre 2004 avec l'aide de Migrante , une ONG au service des travailleurs migrants philippins.

S
ur les 250 000 émigrés clandestins au Japon, 82 000 sont des Philippin(es) qui travaillent dans l'industrie du spectacle et les night-clubs. Chiffres confirmés par le ministère philippin de la Justice et par l'ambassade du Japon à Manille. Face à l'ampleur du phénomène, l'Église catholique des Philippines s'inquiète. En janvier dernier, Mgr Fernando Capalla, archevêque de Davao et président de la Conférence des évêques des Philippines, a rencontré des représentants du gouvernement japonais à ce sujet.

L'Eglise s'inuiète des dangers et des risques auxquels sont exposés les émigrés clandestins, proies faciles, exploitables à merci.

Les "graves violations des droits de l'homme" que constitue le trafic d'êtres humains a poussé le gouvernement japonais, en avril 2004, à former un organisme spécial, doté de pouvoirs étendus, pour combattre le fléau. Pour s'informer, ce nouveau service japonais a consulté les agences gouvernementales, les institutions privées et les ONG de Thaïlande et des Philippines, où, selon les autorités japonaises, "les plus actives des ONG en lutte contre le trafic des êtres humains dans le monde" ont leurs bases. Cet organisme officiel est opérationnel depuis le 15 mars.

Face au trafic d'êtres humains, le plan d'action du gouvernement japonais comprend une révision du Code pénal pour être en mesure d'agir plus efficacement contre les recruteurs, le renforcement du contrôle de l'immigration, la révision des permis de résidence et des visas dans les domaines de l'industrie du spectacle, et enfin un renforcement de la lutte contre les mariages blancs, le travail clandestin et la prostitution.

Des échanges d'informations et le financement pour l'identification et la protection des victimes sont également prévus. La sécurité des personnes, leur protection et une assistance socio-psychologique devraient être mieux assurées. Le plan aborde également le problème du rapatriement, de la coopération avec les institutions internationales, sans oublier l'éducation du public japonais sur le sujet.

De son côté, le gouvernement philippin s'inquiète de l'effet du plan d'action du gouvernement japonais, et estime qu'il pourrait aboutir à limiter le nombre des travailleurs philippins au Japon. Le Japon est, en effet, pour les Philippines, le premier pays d'Asie en ce qui concerne les transferts de fonds envoyés au pays par les Philippins émigrés.

En 2004, 4 % des 8,5 milliards de dollars (6,6 milliards d'euros) transférés par les Philippins expatriés venaient du Japon. Manille a donc cherché à obtenir un délai de deux ans avant la mise en ouvre du plan japonais, mais en vain. Présenté à la Conférence des évêques philippins en janvier dernier, le plan japonais a reçu « l'entier soutien » de l'Eglise.

Selon le P. Corros, il reste toutefois à déterminer les moyens concrets par lesquels l'Église des Philippines peut coopérer avec les autorités japonaises pour lutter contre le trafic d'êtres humains. (source et information : Eglises d'Asie-EDA)

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