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FlashPress - Infocatho
2, 3 et 4 mai 2005 (semaine 18)
 

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2005-05-04 -
ENTENDRE L'APPEL LÉGITIME DU SUD.

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Je dois avouer que j'ai été très déçu en apprenant que la papauté n'avait pas quitté l'Europe. Comme beaucoup de personnes rencontrées avant le conclave, je souhaitais que soit élu un cardinal du Sud pour succéder à Jean-Paul II."

Le P. Jean Claude Djereke, religieux à Abidjan, exprime ainsi l’opinion de beaucoup d’Africains. "Comme le cardinal Hummes, archevêque de Sao Paulo, je crois que Blancs, Noirs et Jaunes sont tous égaux devant Dieu dans la société comme dans l'Église, qu'il n'y a pas de complexe de supériorité ou d'infériorité à nourrir inutilement et que la papauté et l'Église ne sont pas la propriété privée du Nord. D'ailleurs, Jésus n'était pas de l'Ouest. Il n'était ni polonais, ni Allemand. Il n'avait vécu ni en Italie ni en France."

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Mes candidats étaient le franciscain Claudio Hummes (archevêque de Sao Paulo) et le salésien hondurien Rodriguez Maradiaga (archevêque de Tegucigalpa). Ces deux cardinaux, en plus d'être originaires de l'Amérique du Sud où se trouve la moitié des catholiques, m'avaient impressionné par leur simplicité, par leur ouverture d'esprit et par leur engagement auprès des pauvres. J'avais été surtout ému d'entendre ces mots prononcés par le cardinal brésilien au cours d'une messe télévisée : « Les privilèges, ça suffit ! Nous sommes tous égaux devant Dieu."

..."Je crois également qu'il est temps de mettre fin aux privilèges que certains Blancs s'octroient illégitimement et injustement dans une Église qui se dit pourtant catholique, c'est-à-dire universelle. Était-il en effet normal que, avant l'élection de Benoît XVI, toute l'Afrique (plus de 50 pays) ne comptât qu'un seul cardinal (le Nigérian Francis Arinze) au Vatican contre deux (Jean-Louis Tauran et Paul Poupard) pour la petite France? Que dire des prêtres africains moins rémunérés dans les paroisses européennes que leurs confrères français, belges, allemands ou italiens ?"

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Ces deux exemples, parmi tant d'autres, montrent bien qu'il ne fait pas bon être noir, même dans la sainte Église, que le virus du racisme a du mal à quitter le Corps du Christ comme le tribalisme a infecté certains diocèses en Afrique, que les belles déclarations sur la fraternité, la justice et l'égalité ne changent rien au fait que l'Église reste encore l'affaire du Nord, au fait qu'elle est dominée par les Occidentaux pour qui les gens du Sud n'ont droit qu'à des miettes."

..."Feu Bruno Chenu en était bien conscient car, en posant la question : L'Église sera-t-elle catholique ? , il reconnaissait implicitement qu'elle ne l'est pas encore."

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Une autre raison pour laquelle j'aurais voulu l'élection d'un homme du Sud est que celui qui a souffert de la pauvreté et celui qui ne l'a jamais connue ne peuvent pas en parler de la même manière. Hummes et Maradiaga savent ce que signifie vivre dans un pays qui n'est pas libre de décider de son avenir et dont les richesses sont pillées par des multinationales avec la complicité d'une minorité d'autochtones corrompus soutenus par l'étranger."

"Ils rencontrent chaque jour des enfants qui ignorent s'ils mangeront le lendemain, si leurs parents seront payés pour qu'ils puissent aller à l'école et à l'hôpital. Ils sont quotidiennement témoins de cas d'hommes et de femmes injustement arrêtés, emprisonnés ou assassinés. Je pense donc que la cause des pays du Sud aujourd'hui ne peut être mieux expliquée et défendue que par un pape issu de cette partie de la planète."

"On a vu comment Jean-Paul II s'est impliqué dans les affaires de son pays. On a vu le soutien qu'il apporta à Lech Walesa et à Solidarité. Il avait compris l'importance du combat de ses compatriotes parce que, comme prêtre et archevêque, il avait commencé avec eux ce combat pour la liberté et la dignité."

..."
Cela dit, je fais partie de ceux qui refusent que le nouveau pape soit enfermé dans certains clichés. Il faut garder espoir que le successeur de Pierre qu'il est devenu n'agira pas comme le préfet de la congrégation pour la doctrine de la foi qu'il fut entre 1981 et 2005. On trouvait le cardinal Angelo Giuseppe Roncalli (1881-1963) traditionnel et conservateur. On n'attendait pas grand-chose de lui quand il devint Jean XXIII. Or c'est lui qui permit la grande révolution que fut Vatican II. Benoît XVI pourrait se montrer différent de Joseph Ratzinger."

…"Faisons donc confiance à l'Esprit saint qui sans cesse fait des merveilles et nous surprend. Invoquons-le pour qu'il puisse inspirer notre cher Benoît XVI. Celui-ci pourra alors faire tous les changements nécessaires dans l'Église et au Vatican. Le nouveau pape a besoin de nos prières et de notre confiance pour engager les réformes dont notre Église a vraiment besoin pour mériter d'être appelée catholique." (source : Allafrica)

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