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14, 15, 16 et 17 mai 2005 (semaine 20)
 

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2005-05-17 - Inde
L'ANGLAIS LITURGIQUE EST UNE LANGUE ÉTRANGÈRE.

Un conflit linguistique ancien a resurgi, une fois de plus, dans l'archidiocèse de Bangalore, à l'occasion d'une ordination, le 3 mai dernier, à la cathédrale St François Xavier. La liturgie devait se dérouler en anglais, en tamoul ou en kannada.

En effet, ce jour-là, l'archevêque Mgr Bernard Moras a utilisé le kannada (kannara) comme langue principale au cours des cérémonies d'ordination de quatre prêtres. Trois d'entre eux étaient tamouls ainsi que la majorité de l'assistance, formée de parents et d'amis des ordinands. Plusieurs prêtres de langue tamoule du diocèse ne sont pas venus participer à cet événement. A la fin de l'ordination, un groupe de 299 laïcs de langue tamoule sont venus entourer l'archevêque à la sacristie et lui ont reproché d'avoir ignoré le modus vivendi linguistique en usage dans le diocèse.

Dans l'État de Karnataka où se trouve le diocèse de Bangalore, le kannada est la langue officielle. Selon les statistiques officielles du diocèse, les catholiques « kannadiga », dont la langue maternelle est le kannada, sont au nombre de 330 000, soit 20 % du nombre total des fidèles. Ils insistent pour que leur langue soit prioritaire dans la liturgie. 70 % des autres catholiques sont des descendants d'immigrants originaires du Tamil Nadu voisin où le tamoul est la langue officielle.

Ce conflit linguistique a engendré des violences à plusieurs reprises, à tel point que Mgr Alphonsus Mathias, l'ancien archevêque, avait été obligé de créer une commission d'experts pour essayer de pacifier les esprits et instaurer un modus vivendi linguistique acceptable par tous. La commission avait recommandé l'usage de trois langues au cours des cérémonies liturgiques importantes. L'anglais devait être la langue principale, tandis que le kannada et le tamoul devaient être utilisés pour les lectures et pour les chants. Mais, pour beaucoup, l'anglais est une langue étrangère

L'irritation de la communauté tamoule s'était déjà donné libre cours pendant la dernière semaine sainte. L'archevêque avait utilisé le kannada comme première langue lors des cérémonies de la messe chrismale, se contentant de faire proclamer les lectures en tamoul. Quelque quarante prêtres de langue tamoule avaient rencontré leur archevêque, après la messe, pour protester et lui annoncer qu'ils ne coopéreraient plus avec lui dans le cas où il continuerait de favoriser le kannada.

Si le prélat a choisi le kannada, c'est parce que, pour tous, c'était la langue la plus compréhensible. Les Tamouls, établis à Bangalore il y a des siècles, la comprennent également. Par ailleurs, l'archevêque a nié que le boycott de la cérémonie par les prêtres tamouls ait eu pour cause l'usage de la langue kannada. Il veut affronter ce problème de langue d'une manière pragmatique et sans idée préconçue. Il estime faudra encore beaucoup de temps pour régler une « très vieille querelle »  (source et information : Eglises d'Asie-EDA)

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