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29, 30 et 31 mai 2005 (semaine 22)
 

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2005-05-31 - Indonésie
VIOLENCE RELIGIEUSE OU COMMUNAUTAIRE ?

Tuant vingt personnes, le double attentat du samedi 21 mai matin est le plus violent qu’ait connu l’Indonésie depuis celui de Bali en 2002. Il a ravagé un marché dans la ville à majorité chrétienne de Tentena, sur l’île de Sulawesi (Célèbes).

La première bombe a explosé à 8 heures du matin, en pleine affluence. Un quart d’heure plus tard, la seconde fauchait ceux qui étaient venus porter secours aux victimes. Le total de 20 victimes et une soixantaine de blessés aurait même pu être plus lourd si la police n’avait réussi à désamorcer à temps une troisième bombe placée devant une église.

Une partie de l'opinion publique soupçonne une milice musulmane d’être derrière cet acte criminel. L’île de Sulawesi, dans le nord-est de l’archipel indonésien, est déchirée depuis cinq ans par de violents conflits entre communautés chrétiennes et musulmanes. Mais le mode opératoire et le professionnalisme de son exécution laissent à penser qu’il y a derrière une organisation plus puissante qu'un petit groupe de citoyens.

Tous les regards se tournent vers la Djamaah Islamiyah, réseau terroriste considéré comme étant lié à Al-Qaida et soupçonné d’avoir perpétré les plus violents des attentats de ces dernières années en Indonésie – notamment celui de Bali en 2002 et celui contre l’ambassade australienne à Djakarta en 2004.

Mais l’armée également est montrée du doigt. Celle-ci n’a pas hésité dans l’histoire récente du pays à inciter à la violence communautaire pour se rendre indispensable au maintien de l’ordre, et pour déstabiliser l’État central.

Lundi le climat est redevenu calme à Tentena. "On ne s'attendait pas du tout à cet attentat dans cette ville très tranquille, distante des grandes localités, et où les habitants ont cohabité en évitant les tensions interreligieuses" raconte Mgr Joseph Theodorus Sewatan, évêque de Manado, dont dépend la petite localité.

Tentena, explique l'évêque qui s'y rend souvent en visite pastorale, est habitée par une majorité de chrétiens, dont beaucoup sont protestants. La ville est en bordure du lac Poso et elle est connue pour ses nombreuses églises, mais une minorité musulmane d'habitants y est très bien intégrée.

Dix-neuf des victimes ont été identifiées comme chrétiennes. Leurs obsèques ont eu lieu dans une atmosphère de deuil, pas de vengeance, fait savoir l'évêque. "La population est convaincue que les responsables de cet attentat ne sont pas des lieux, peut-être pas même de Sulawesi. Mais après la paix de Malino, les gens n'acceptent pas facilement les provocations" ajoute-t-il.

"Il semble clair aux yeux de tous que l'attentat au marché est une provocation pour inciter une vengeance et un nouveau cycle de violences; mais cette fois-ci, l'expérience du passé sert d'enseignement. Les télévisions et les journaux font des hypothèses sur les commanditaires et leurs intérêts, mais pour l'instant, ce ne sont que des hypothèses".

En Indonésie, les conflits communautaires sont rarement totalement religieux. Les fractures entre communautés sont à la fois ethniques, culturelles, linguistiques, économiques et religieuses. Néanmoins la dimension religieuse prend rapidement une force particulière.
C’est sur ce nerf sensible que les groupes appuient pour déstabiliser le gouvernement – qu’il s’agisse de militaires, de radicaux religieux… ou d’autres. (source et information : Agence Misna)

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